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Les PME, acteurs du nouveau rapport au travail

Emploi. Semaine de quatre jours, compte-épargne, augmentation des salaires, une enquête de la CPME révèle un certain volontarisme des PME.

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Photo d'une discussion entre 3 personnes d'une entreprise
(Crédit : Pixabay)

Alors que, pour faire face à l’inflation, le gouvernement - mais aussi le FMI - appellent à une augmentation des salaires, et que la crise du COVID a profondément bouleversé le rapport au travail, une récente enquête de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) menée auprès de 1.528 dirigeants de PME révèle qu’elles n’ont pas attendu.

Selon l’enquête, les deux tiers des chefs d’entreprise ayant au moins un salarié (soit 66%) ont procédé au premier trimestre 2023 à une augmentation des salaires, que ce soit de manière collective ou individuelle. Parmi les entreprises concernées, pour 60% d’entre elles, l’augmentation moyenne de rémunération se situe entre 3% et 6%.

En outre, près de 20% des entreprises ont accordé des augmentations salariales de plus de 6%. Une augmentation abondée également par la prime de partage de la valeur (ex Prime Macron) qui devrait faire son entrée en 2023 au sein de 43% des TPE.

D’un montant de 3.000 euros - 6.000 euros sous certaines conditions - la PVV permet à l’employeur de verser une prime non imposable et exemptée de cotisations.

Une pénurie qui pénalise la production de richesse

Malgré cela, le secteur est encore à la traîne. Selon Damien-Marie Giraud, secrétaire général de la CPME : « 87% des dirigeants, qui cherchent actuellement à recruter, éprouvent des difficultés dans le processus. La première raison évoquée est l’inadéquation du profil des candidats à 49%. Parmi ces entreprises rencontrant des difficultés de recrutement, 37% n’ont reçu aucune candidature alors que 32% ont une ou plusieurs offres d’emploi non pourvues depuis plus d’un an ».

Une pénurie de candidat qui n’est pas sans conséquence puisque 64% des interrogés sont ainsi contraints à renoncer à des marchés ou à réduire leur activité : « Par ailleurs, remarque le secrétaire général, la crise du logement commence à impacter les recrutements puisque un candidat sur dix rencontre des difficultés pour se loger. Et cela ne fera que s’accentuer si rien n’est fait pour inverser la tendance. »

Des discussions en perspective

La présidente de la CPME71, Clarisse Maillet souligne de son côté que : « Seulement 19% des dirigeants interrogés estiment que le décalage de l’âge minimal de départ à la retraite les incitera à embaucher des seniors ».

Un chiffre inquiétant pour les seniors mais qui pousse la CPME à justifier la mise en place de mesures incitatives à l’embauche des seniors, une mesure d’abord envisagée dans le cadre de la réforme des retraites mais recalée par le Conseil constitutionnel.

Et si l’on parle beaucoup de la semaine de quatre jours comme modèle de conditions de vie au travail - un autre projet du gouvernement - de ce côté-là, 78% des chefs d’entreprise ne se disent pas prêts à l’instaurer dans leur propre structure.

Un résultat qui se heurte avec une autre enquête menée par Walters People en mars qui révélait que 95% des salariés souhaiteraient passer à la semaine de quatre jours et 75% conserver le même nombre d’heures réparties sur quatre jours. Du côté des chefs d’entreprise, même opposition de 66% de dirigeants à l’encontre de la possible mise en place d’un compte épargne-temps universel.

Des résultats qui annoncent encore quelques débats houleux alors que le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé l’ouverture d’une négociation pour la mise en place d’une nouvelle « Loi Travail », dans le cadre d’un « pacte de la vie au travail ».