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Métallurgie : Derrière les murs débute la réinsertion professionnelle

Métallurgie. Après avoir organisé une journée de découverte des formations et des métiers de l’industrie à la maison d’arrêt d’Auxerre, le 5 octobre dernier, le Medef de l’Yonne et le Pôle formation 58-89 ont dupliqué, le 2 mars, l’initiative auprès des détenus du centre pénitentiaire de Joux-la-Ville.

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Le partenariat noué entre le Medef de l’Yonne et la direction interrégionale des services pénitentiaires de Dijon pourrait bientôt se décliner à une plus large échelle, tant les enjeux dépassent la seule problématique du recrutement dans les filières industrielles. Le 19 octobre dernier, leurs initiateurs étaient d’ailleurs conviés pour présenter ce projet lors de la première Journée nationale des cadres « référents travail » organisée par le ministère de la Justice et l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle (Atigip). « La réinsertion professionnelle des détenus fait partie des priorités de l’administration pénitentiaire en ce qu’elle constitue l’une des clés de la lutte contre la récidive », souligne Julien Luquin, responsable de la section du travail pénitentiaire, qui a participé à l’élaboration de ce projet.

Ce mercredi, ils étaient deux groupes de 13 détenus, hommes et femmes, à participer à cette journée de sensibilisation aux métiers de l’industrie, à laquelle sont aussi associés l’UIMM de l’Yonne, Pôle emploi et le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip). Les métiers du soudage et de la chaudronnerie manquent cruellement de personnes qualifiées. En poussant la porte du Pôle formation 58-89, les apprenants peuvent valider une certification en seulement sept mois.

Une initiative saluée par Alexandre Lefaivre, premier surveillant au centre pénitentiaire de Joux-la-Ville et responsable du travail et de la formation professionnelle. « C’est une opération positive pour les détenus en position d’avoir un aménagement de peine. Beaucoup d’entre eux sont à la recherche d’un emploi et ignorent qu’ils peuvent s’engager vers une reconversion en suivant une formation, sans condition d’âge et de diplôme. Acquérir une qualification leur permet d’apprendre à respecter des horaires, de travailler en équipe, d’apprendre beaucoup de choses qu’ils avaient oublié à l’extérieur. »

Un simulateur de soudage

Afin de découvrir les gestes du soudeur, le Pôle formation 58-89 s’est doté d’un poste à souder virtuel sur lesquels les détenus peuvent s’exercer et se faire une idée des compétences requises. « La plupart des personnes intéressées ont une méconnaissance des métiers de la métallurgie et ont une idée stéréotypée, alors que le soudage revêt de nombreux aspects qui permettent parfois de donner libre cours à la créativité », précise Frédéric Da Rocha, formateur et expert dans le domaine. « Avec une certification, ils peuvent prétendre immédiatement à un emploi avec une rémunération de l’ordre de 2.000 euros avec les différentes primes. C’est un argument qui les interpelle et leur permet de se projeter dans l’avenir. »

Attentif, Dylan (le prénom a été modifié pour conserver son anonymat) a suivi tout le parcours d’information et se verrait bien emprunter cette nouvelle voie, après avoir occupé plusieurs postes dans le bâtiment et les travaux publics. L’approche originale a, semble-t-il, séduit ce père de famille. « L’opportunité d’avoir un emploi, un salaire intéressant et des possibilités d’évolution sont très importantes. Découvrir un nouvel univers ne me fait pas peur. » Lors de la première journée de sensibilisation aux métiers de l’industrie, une vingtaine de détenus de la maison d’arrêt d’Auxerre s’étaient montrés intéressés. Deux d’entre eux se sont d’ores et déjà inscrits dans la formation de soudage.