Mobilité : le futur sera électrique... et chinois ?
Mobilité. Troisième édition des e-days sur le circuit de Dijon-Prenois : un point d’étape sur les mobilités électriques avec les représentants de la filière : énergéticiens (EDF, Enedis), constructeurs, concessionnaires, lobby et des acteurs publics : conseil régional et DREAL.
La mutation du parc automobile mondial vers l’électrique n’est plus qu’une question de temps ... et d’argent : telle est la conclusion des experts venus présenter les conclusions de cette troisième édition des e-days, journée consacrée aux mobilités électriques, sur le circuit de Dijon-Prenois. Démonstration en cinq thèmes.
Décarbonation : « Les deux énergies majoritaires dans nos ventes sont le B100 (biocarburant, ndlr) et l’électrique avec un énorme focus qui est mis sur l’électrique tout simplement parce que c’est l’énergie qui va nous permettra d’atteindre le plus vite possible nos objectifs. La norme de l’Europe à court terme (-15% des émissions de CO2 pour 2025), c’est un vrai challenge. On est à -11 chez Renault Trucks France aujourd’hui, on y arrivera principalement par l’électrique qui engendre -95% de décarbonation. » (Baptiste Sohier, Renault Trucks).
Égalité des territoires : « La clé du développement du véhicule électrique est de pouvoir aligner à la fois des véhicules disponibles, fonctionnels, avec des prix en baisse, des infrastructures de recharge disponibles et de pouvoir répondre à l’ensemble des besoins des usagers, professionnels ou particuliers. L’État et les collectivités ont un rôle important à jouer. C’est un des sujets de la feuille de route État-région lancée le 13 décembre dernier par le ministre de la transition écologique Christophe Béchu et la présidente du conseil régionale dans laquelle les sujets de la logistique et des modes de mobilités, notamment électrique, en sont une part importante. La question du développement du réseau de bornes, en milieu très rural où la borne ne trouvera pas son modèle économique est très présente dans notre région. » (Olivier David, Dreal)
« La façon d’aborder le débat doit être très décentralisée, département par département. Il y a une crainte des territoires à deux vitesses ; c’est comme pour le Très haut débit. Les pouvoirs publics vont finir par financer, car l’équilibre ne se fera pas par le marché. » (Michel Neugnot, vice-président régional en charge des mobilités).
Prix : « Il faut se rappeler que le marché est fait à 50% de particuliers. Or on ne peut pas passer sous silence que la voiture électrique est chère. Les efforts des constructeurs et le léger tassement des coûts pèsent sur les prix… mais il y a les voitures chinoises : c’est déjà 2% du marché à Dijon, c’est énorme. Cela va forcément faire baisser les prix. Avec des conséquences qui peuvent se jouer aussi sur la relation internationale avec la Chine. Est-ce que nous concessionnaires, on doit plutôt favoriser la voiture chinoise ou pas ? Pour l’instant c’est une question de prix, même dans une location. Le facteur variant aujourd’hui, c’est quand même l’aide de l’État. Le leasing social, ça a fait vendre 50.000 voitures en un mois sauf que le ministre du Budget a dit stop ! Or en Allemagne, où on a cessé d’aider l’achat de la voiture électrique, le marché a plongé en deux mois. » (Francis Bartholomé, Mobilians, syndicat des concessionnaires).
« Bien malin qui pourra prédire le marché, d’autant que beaucoup de modèles vont sortir dans les deux années à venir. Je pense qu’un effet prix vertueux va se produire, grâce aux voitures chinoises, mais pas seulement. » (Pierre de Firmas, directeur mobilité électrique Enedis France)
« La facilitation des raccordements à l’habitat collectif consomme aujourd’hui la majorité des fonds publics du programme Adevenir d’aide à l’électrification. Ce qu’on demande, c’est que l’État continue à aider la mobilité électrique et ne nous fasse pas un coup oui un coup non. Ce serait dramatique que l’on passe par un creux. » (Bernard Guillarme, vice-président Avere France, association pour la promotion de la mobillité électrique)
Une taxe sur la recharge ? « Tant que la TICPE (taxe sur les produits pétroliers, ndlr) ne sera pas compensée, je vois mal comment cela ne sera pas le cas. » (Michel Neugnot).
Transports routiers : « La question de la transition écologique ne se pose plus. On doit y aller. À quel rythme, c’est toute la question, avec celles du coût et des avancées technologiques. Il faut que l’encadrement réglementaire et législatif soit au rendez-vous, il nous faut être accompagnés, pas par des aides, on ne demande pas d’être sous perfusion, mais que la loi s’adapte à ces nouveaux véhicules en même temps que la production et en même temps que les utilisateurs. On ne va pas passer du gasoil au tout-électrique, cela dépendra des flux, des sites, des besoins et des capacités de chaque constructeur. Je pense que nous aurons une période de transition qui s’appuiera sur des biocarburants, sur le biogaz, et l’électricité. » (Sylvain Baudry, président de la fédération régionale des transports routiers).