Opale : les énergies renouvelables en circuit court
Doubs. Créée en 2008, la société Opale développe des projets éoliens, biogaz et photovoltaïques valorisant les territoires sur lesquels ils sont implantés au travers de solutions innovantes basées notamment sur l’autoconsommation collective.

Le 20 février, le groupe Banque Populaire Caisse d’Épargne (BPCE) signait un contrat d’achat d’électricité avec Opale, une PME régionale pionnière dans le développement de projets d’énergies vertes. Cet accord, qui prendra effet le 1er janvier 2026, a été conclu pour une durée de 20 ans. Il permettra au groupe BPCE de s’approvisionner en électricité produite par les six éoliennes du parc des Trois Cantons situé dans le pays de Montbéliard. Les 43 GWh produits par an permettront de couvrir environ 11 % de la consommation annuelle du groupe, en alimentant ses data centers, ses immeubles de bureaux et ses agences bancaires. En achetant l’intégralité de la production du parc éolien, le groupe BPCE augmente le recours aux énergies renouvelables pour son approvisionnement et soutient également Opale qui œuvre localement depuis 2008 en faveur de la transition énergétique. Ce contrat de long terme offre à Opale la stabilité économique nécessaire pour assurer l’exploitation de son parc éolien construit sur des terrains exclusivement communaux, tout en permettant au groupe BPCE de se prémunir contre la volatilité des prix. Ce type d’opération est la marque de fabrique de la société Opale, basée à Fontain, dans le Doubs, qui figure parmi les premiers développeurs d’éolien en France. « Notre objectif face aux défis énergétiques d’aujourd’hui et de demain est de développer des projets d’énergies renouvelables valorisant les territoires sur lesquels ils sont implantés. Nous travaillons donc étroitement avec les collectivités et les acteurs locaux pour que nos installations permettent d’alimenter en circuit court les territoires, eux-mêmes acteurs de l’énergie produite et donc des bénéfices qu’elle génère », explique Jean-Pierre Laurent, co-fondateur et président d’Opale. L’homme qui a participé à la construction de la première centrale éolienne française sur l’île de la Désirade, une dépendance de la Guadeloupe, est persuadé, en ayant grandi aux côtés d’un grand-père qui travaillait dans l’hydroélectricité, qu’il est incontournable d’oeuvrer collectivement pour produire et consommer mieux. Fort de cette conviction, il décide de créer, en 2008, sa propre entreprise avec deux associés, Sébastien Jeangirard et Arnaud Grand, partageant les mêmes visions.

« Au début, on a travaillé exclusivement pour le compte de tiers, notamment pour un énergéticien allemand. Puis, petit à petit, on a gagné en indépendance pour finalement, en 2016, développer nos propres projets éoliens. Parallèlement à ça, on a démarré une activité biogaz dès 2010, avec la spécificité de ne faire que des projets agricoles collectifs. Autant dire qu’à l’époque on nous a regardés avec de gros yeux, alors qu’aujourd’hui c’est devenu le principal segment de développement de cette filière. Enfin, en 2017, on a rajouté la brique photovoltaïque ». Sur ces trois types d’énergie renouvelable, le positionnement d’Opale reste le même : « Notre volonté est de ne pas suivre le troupeau, de partir sur des projets de petite taille, au plus près des territoires avec cette idée de partage de la valeur, de création de communautés énergétiques connectées aux réalités du territoire et de ses besoins. Notre vision de l’énergie est solidaire, innovante, citoyenne et finalement pleine de bon sens : l’énergie en circuit court et l’autoconsommation qui permet de produire une énergie verte bénéficiant directement aux populations locales ». « L’autoconsommation collective vous permet de bénéficier d’une électricité à tarif sécurisé.
En effet, le producteur, à travers la personne morale organisatrice, est en mesure de vous garantir dans le temps un prix de l’énergie sur lequel vous aurez une visibilité. C’est là tout l’intérêt de pouvoir s’engager sur un contrat de long terme avec le producteur local », explique Florence Morin, directrice des activités Biogaz et photovoltaïque chez Opale.
Une Levée De Fonds Pour Changer De Palier

Aujourd’hui, Opale compte 70 collaborateurs : ingénieurs, juristes, urbanistes, conducteurs de travaux, agronomes ou encore chefs de projets, présents dans quatre agences en plus du siège social à Fontain : Avignon, Strasbourg, Chambery et Reims (ouverte fin mars). Sur la production de biogaz, Opale est certifié Qualimétha depuis mars 2021 et développe ses projets avec, notamment pour prérequis : « pas de culture dédiée », affirme Jean-Pierre Laurent. « Les unités de méthanisation sont de véritables outils d’aménagement intelligent du territoire en s’appuyant sur trois leviers. Tout d’abord, elles apportent une indépendance énergétique à l’échelle des fermes et des territoires en offrant une alternative aux engrais chimiques (entre 30 et 40 % en moins de recours à ce type d’intrants constaté) par l’épandage d’un amendement organique avec des pratiques agricoles plus vertueuses. Ensuite, elles assurent une autonomie des territoires en générant une source de revenus complémentaires par l’injection d’un gaz vert dans les réseaux français, dont la capacité d’accueil est sans limite. Enfin, elles ancrent le monde agricole et les producteurs de déchets sur les territoires en étant acteurs d’une économie circulaire et d’une mobilité locale plus responsable, défend Florence Morin. Aujourd’hui, nous travaillons sur des projets mixtes mêlant valorisation de la chaleur et injection dans le réseau, en mariant également des céréaliers et des éleveurs et en partenariat avec des collectivités qui prennent le lead. Ces dernières vont s’inscrire sur des projets de territoire, dans lesquels on va retrouver le monde agricole, mais aussi des déchets de la collectivité, d’hôtels, de restaurants ou de cantines... ».
Innovante, la société Opale a également développé sa propre plateforme de gestion digitale, baptisée Oyo, pour organiser la distribution en autoconsommation de l’énergie aux différents consommateurs en cohérence avec leur profil de consommation et en organiser la facturation : « de fait, aujourd’hui, Opale, en plus d’être un producteur d’énergie et un accompagnateur de projet avec son propre bureau d’études est également un fournisseur d’énergie », appuie Florence Morin. Pour accompagner sa croissance et ce changement de palier, Opale (entre 5 à 7 M€ de chiffre d’affaires par an et 50 M€ d’investissements prévus dans les trois à quatre ans), prépare une levée de fonds de plusieurs dizaines de millions d’euros associant Bpifrance, OCCTE (capital investissement durable et responsable basé en Occitanie) et Enerfip, plateforme française de financement participatif dédiée aux installations d’énergie renouvelable.
