Papelar, le media étudiant qui s’écrit dans les marges

Lancé en février 2024 par les étudiants du master de journalisme de l’Université de Bourgogne (niveau M1 et M2), « Papelar, media tout terrain » propose sous forme digitale des reportages, podcasts, vidéos et port-folios, réalisés dans le cadre des études de ces futurs professionnels de l’information. Le contenu de Papelar est organisé autour de quatre axes, synthétisés dans un manifeste : priorité au terrain, fort penchant pour les sujets délaissés par les grands medias, focus assumé sur la jeunesse et transparence dans la relation entre les journalistes et leur lectorat.

Ultra léché dans sa présentation - les étudiants ont bénéficié de l’accompagnement de Pierre-Olivier Bobo, le fondateur du magazine Sparse et du studio Upian, spécialiste national de la création digitale, explique Jérôme Berthaut, docteur en sociologie et responsable du Master journalisme -, Papelar s’inscrit dans la tradition du journalisme au long cours, privilégiant les grands formats et le temps long propice à la nuance et l’engagement des interviewés.

Ainsi ce nouveau media fait la part belle à la ruralité (en immersion dans une chasse aux sangliers en Haute-Marne, avec des néo-paysans dans l’Auxois, autour d’un projet solidaire de production agricole à Mâlain...), s’intéresse à la petite entreprise bien huilée d’un « Uber dealer » bisontin ou fait des pas de côté en s’intéressant au football côté formation... mais versant post-Covid. « Nous allons dans des mondes sous-représentés alors qu’ils ont des choses à dire. Le fait d’être marginaux, car nous ne sommes pas envoyés par des rédactions, nous permet d’avoir accès à des sujets marginaux », confirme Arthur Fafin, l’un des auteurs. Papelar remet enfin à l’honneur d’anciens reportages parus dans la Revue R45, le mooc des anciennes promotions du master qui paraissait sous format papier une fois par an.

Acte de résistance

Au-delà de sa qualité et de son intérêt journalistique, Papelar est aussi un outil de formation pour les futurs journalistes qui apprennent ainsi sur le tas à appréhender le réel et le difficile art de l’apprivoisement des témoins, la discussion pour choisir et définir l’angle et les limites d’un sujet... C’est enfin un projet destiné à s’inscrire sur le long terme de promotion en promotion, qui offrira au fil du temps une « légitimité, une carte de visite pour les travaux qui sortent du lot et qui a de plus une sorte de polyvalence du fait de la pluralité des medium », se réjouit Arthur Fafin.

Un atout indéniable pour ces apprentis professionnels de la presse dans un secteur devenu ultra-concurrentiel et une vraie clé de différentiation à l’heure de la surconsommation expresse de contenus, dont il conviendra de se poser la question à très court terme de leur origine du fait de l’irruption des IA génératives. Prendre le temps d’apprécier le travail de ces futurs confrères qui eux-mêmes, ont pris le temps de l’élaborer, est déjà à n’en pas douter, un salutaire acte de résistance.