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Porter de façon encore plus efficace la voix des entreprises

Entreprises. Lundi 29 novembre 2021, naissait officiellement la nouvelle entité « CCI Saône-Doubs », fusion des Chambres de commerce et d’industrie (CCI) du Doubs et de Haute-Saône. Interview de son président, Jean-Luc Quivogne et de sa directrice générale, Caroline Astier.

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Siège de la CCI Saône-Doubs. DR

Pourquoi avoir choisi de fusionner les anciennes CCI du Doubs et de Haute-Saône ?

Jean-Luc Quivogne. S’il est naturel d’évoquer la question de plus en plus prégnante des baisses de dotations de l’État, qui atteindront à l’horizon 2023, -72 %, c’est avant tout une histoire commune qui motive notre rapprochement. Tout d’abord, nos deux départements présentent bien des similitudes avec un tissu économique basé sur les secteurs de l’agroalimentaire, de la métallurgie, du bois... Par ailleurs, ce sont 230 chefs d’entreprises qui possèdent une double implantation dans le Doubs et la Haute-Saône. Au niveau des chambres consulaires, cela fait plus de 20 ans que nos deux entités travaillent de concert sur un bon nombre de dossiers : les formalités douanières notamment et la communication depuis quelques années, avec à chaque fois, déjà, la constitution d’équipes communes.

Une fusion toute naturelle en somme ?

Jean-Luc Quivogne, président de la CCI Saône-Doubs et président de l’UIMM Bourgogne-Franche-Comté. DR

Jean-Luc Quivogne. Oui, tout s’est fait facilement. Nous avons travaillé en amont et lors de nos nombreuses réunions, il n’y a jamais eu le moindre mot plus haut que l’autre, nous étions tous d’accord et nous avons su mettre les égos de côté... C’est ainsi une fusion réfléchie qui vise à réaliser des économies en cherchant à mieux s’organiser pour éviter les doublons, même si de ce côté beaucoup avait été fait. Il ne nous restait donc peu de grain à moudre. Nos forces, ce sont nos différentes expertises spécifiques complémentaires, nos synergies transversales... Autant d’atouts qui permettront d’offrir une nouvelle dynamique d’actions au service des entreprises, véritable fondement de l’ambition de cette mandature.

Caroline Astier. Concrètement la CCI de Haute-Saône possédait des experts en cybersécurité reconnus par CCI France, que la chambre du Doubs n’avait pas. À l’inverse la CCI du Doubs avait une forte compétence tourisme. Il n’y avait pas de pôles qui s’opposaient, mais plus de la complémentarité : c’est la raison du succès de cette fusion notamment au niveau des équipes, qui ont manifesté un véritablement engouement pour le projet.

Jean-Luc Quivogne. Je n’ai qu’un seul regret : ne pas avoir pu emmener dans cette belle aventure les CCI du Jura et du Territoire de Belfort, pour constituer une CCI franc-comtoise, car plus on est “gros” plus on peut se doter de compétences. La CCI Métropole de Bourgogne qui rassemble les anciennes CCI de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire représente 41 % du poids économique régional, nous 26 %. Nous aurions gagné à fédérer plus largement, pour se faire davantage remarquer, être plus visible à l’extérieur.

Caroline Astier. Il est important de dire que notre fusion ne s’est pas faite en opposition avec la Bourgogne. Nous avons eu ensemble des réunions de préparation tout au long de l’année, le tout dans un état d’esprit positif, ouvert... Nous avons par exemple accepté d’entrer comme actionnaire à l’École supérieure appliquée au design et au digital (Esadd), lancée en 2019 par la CCI Côte-d’Or Dijon Métropole. Nous travaillons également avec les petites CCI dans l’intérêt du bon fonctionnement globale du réseau des CCI de Bourgogne Franche-Comté.

Avec cette fusion, y-a-t-il eu maintien des différents sites historiques ? Y-a-t-il eu des changements ?

Jean-Luc Quivogne. Oui, si certains locaux ont été reconfigurés, dans une volonté de rationalisation, nous avons conservés nos six sites pour garantir une proximité d’action avec, un siège social à Besançon et des antennes à Gray, Lure, Montbéliard, Pontarlier et Vesoul. Notre nouvelle organisation s’appuie sur 80 collaborateurs et un budget de 8,8 millions d’euros, financé en partie par des recettes de vente de prestations qui seront amenées à augmenter au fil des années, mais aussi par les espaces locatifs gérés par la CCI Saône-Doubs : la Maison de l’Économie à Besançon, la Place des Entrepreneurs à Montbéliard et à Pontarlier et le ParcExpo70 à Vesoul…. À la fois source de revenus et lieux de vie et de partage. La CCI Saône-Doubs tire également sa légitimité et sa représentativité de nos 59 élus représentant les 31.000 établissements du Doubs et de la Haute-Saône. Parmi ces entrepreneurs, commerçants, industriels et prestataires de services deux tiers d’entre eux sont des nouveaux élus. Ils apporteront ainsi une vision et une énergie nouvelle à la CCI Saône-Doubs, tout en s’appuyant sur les connaissances des 20 anciens membres issus des CCI du Doubs et de Haute-Saône.

Caroline Astier. Plus qu’une fusion, c’est véritablement la création d’une nouvelle chambre. C’est la chance de pouvoir tout remettre à plat, de faire des ajustements, d’être au final bien meilleur, plus visible, de booster notre communication. L’ambition de la nouvelle CCI Saône-Doubs est naturellement locale, départementale mais aussi régionale et nationale. La CCI Saône-Doubs étant limitrophe avec la Suisse, les relations économiques et la coopération sont à privilégier.

Monsieur Quivogne, à titre personnel, pourquoi vous êtes-vous présenté à la présidence de cette nouvelle CCI Saône-Doubs ?

Jean-Luc Quivogne. Je me suis engagé dans ce projet depuis sa réflexion jusqu’à son aboutissement. Il n’est pas dans mes habitudes de faire porter à d’autres les conséquences de mes décisions. J’ai contribué à sa naissance, je souhaite maintenant la mettre en œuvre avec les élus et les équipes. De plus, je suis moi-même à la tête d’une entreprise familiale, ainsi l’engagement en faveur du développement économique est une de mes raisons d’être. C’est, pour moi, un devoir envers ce pays qui m’a permis de m’épanouir dans ma vie professionnelle, il me paraît ainsi normal de contribuer à l’effort général et de m’investir en retour pour l’intérêt général de notre territoire Saône-Doubs.

À ce titre quelle seront les priorités de votre mandature ?

Caroline Astier, directrice générale de la CCI Saône-Doubs. DR

Jean-Luc Quivogne. Il s’agit avant tout d’œuvrer pour nos entreprises, de soutenir et d’activer l’entrepreneuriat (création-transmission-reprise) sur tous les territoires. D’accentuer les relations avec l’État, la région, les départements, les EPCI, la Métropole, les agglomérations... par le biais notamment de conventionnements basés sur une relation gagnant-gagnant, qui reconnaissent pleinement nos expertises. Il est impératif de dynamiser le commerce, de réfléchir et d’agir afin de retrouver des centres villes attractifs et commerçants. Il faudra également développer davantage le tourisme car nos deux départements ont de réels atouts à même d’augmenter l’attractivité de ce nouveau territoire. D’autres chantiers concernent la performance des industries locales notamment par l’innovation et l’internationalisation, les transformations numériques et environnementales, la formation des jeunes ou encore la nécessaire modernisation de la vie institutionnelle de la CCI Saône-Doubs par une véritable communication interactive, percutante et ciblée. Nous sommes, par exemple, en train de mettre en place des fiches succinctes sur nos différentes actions pour mieux communiquer au plus près de nos différents publics...

Caroline Astier. Aujourd’hui nous souffrons d’un étrange paradoxe : nous sommes pleinement reconnus et recommandés par ceux qui ont déjà bénéficié de nos services, mais encore bien trop méconnus du grand public.

Jean-Luc Quivogne. Mon objectif est de construire une organisation solide capable de répondre avec efficacité et réactivité à nos trois publics que sont les entreprises, les territoires représentés par les collectivités et les particuliers via l’Iméa, notre école par alternance des métiers du commerce et de la vente, présente sur quatre campus à Besançon, Montbéliard, Vesoul et Pontarlier. Nous devons tirer toujours plus haut nos expertises, tout en gagnant en fibre commerciale, être dans la recherche de résultats concrets et visibles à court et moyen terme... Autre exemple, nos élus sont présents dans plus d’une centaine d’instances extérieures à la CCI pour défendre nos entreprises. C’est une chose primordiale, mais là encore, cette présence doit faire sens, porter ses fruits et cela ne peut être fait que dans les instances où nous sommes actionnaires, où notre voix compte. Là où notre présence n’est que consultative, nous n’avons rien à y faire !