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Purple Alternative Surface monte en puissance industrielle

Haute-Saône. Alors que le secteur industriel français connaît un besoin crucial de relocalisation et de décarbonation, Purple conjugue souveraineté industrielle, innovation écologique et création d’emplois locaux. L’inauguration le jeudi 5 juin à Luxeuil-le-Bains de sa ligne de broyage de plastique non recyclable confirme la volonté de la start-up d’être un levier pour la réindustrialisation verte.

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La nouvelle unité de broyage de Purple a été inaugurée le 5 juin sur le site de Symetri à Luxeuil-les-Bains en présence de Joël Brice, président du Sytevom et Pierre Quinonero, co-fondateur de Purple Alternative Surface, Jacques Deshayes, président de la communauté de communes du Pays de Luxeuil, Romain Royet, préfet de la Haute-Saône et Michel Calloch, 1er adjoint au maire de Luxeuil-les-Bains. (Crédit : JDP.)

Purple Alternative Surface est l’un des symboles de la nouvelle dynamique industrielle portée par la French Tech. Lauréate du programme French Tech BFC20 pour la deuxième année consécutive, récemment récompensée par le Grand prix impact du World Impact Summit et citée dans le mapping des start-up à impact, dans la catégorie « Villes durables », l’entreprise s’inscrit dans la trajectoire des 3.200 start-up industrielles recensées par Bpifrance fin 2024, dont 50 % sont classées Greentech. Jeudi 5 juin, à Luxeuil-les-Bains, sur le site de valorisation Symetri du Sytevom (syndicat de transfert, d’élimination et de valorisation des déchets ménagers couvrant la Haute-Saône et le Doubs), la start-up qui a levé 10 M€ en septembre 2024, et vu Suez intégrer son capital, a inauguré une nouvelle ligne de déchiquetage. Cette installation qui a nécessité un investissement de 6 M€, complétée par l’ouverture prochaine d’une usine pilote à Héricourt (pour plus de 4 M€), va permettre à Purple de viser le recyclage de 6.000 tonnes de plastiques par an à l’horizon 2026 et de renforcer son autonomie pour répondre à la demande croissante en France comme à l’international.

Des mini-factories au plus près des déchets

Purple est née à Belfort en 2020 sous l’impulsion de Pierre Quinonero et de Sébastien Molas, ingénieur en voirie et réseau divers. Ensemble, ils ont l’idée de dalles de revêtement perméables capables de faire de la rétention surfacique, pour éviter les inondations, conçues à partir de déchets plastiques multi-composants, peu ou pas valorisés jusqu’à présent. « Chaque année, environ trois millions de tonnes de plastiques ne sont pas recyclées en France. Cela représente l’équivalent de quatre stades de France sur trois mètres de haut. Une grande partie finit incinérée ou enfouie, faute de solutions adaptées. Ces déchets représentent une perte de ressources, un impact carbone majeur et un gâchis environnemental et économique », argue Pierre Quinonero.

Pour mener à bien sa mission, Purple construit une première usine de 600 m2 à Héricourt et se rapproche du Sytevom (35 déchetteries, 644 communes) pour installer une benne de tri spécifique pour les plastiques rigides au sein de la plateforme de tri Symetri de Luxeuil-les-Bains, réhabilitation exemplaire d’une friche industrielle de 8.000 m², qui traite environ 10.000 tonnes de déchets par an.

(Crédit : JDP.)

Ensuite, la société a investi près de 200.000 € dans une première ligne de production, à Morvillars, chez Synaltis, entreprise adaptée, chargée de déchiqueter et de broyer les déchets pour les transformer en paillettes. « Aujourd’hui, c’est une seconde ligne que nous inaugurons chez Symetri. Conçue avec trois partenaires et fournisseurs français (MTB, Isivac et Videbag), elle permettra de transformer environ 1.000 tonnes de plastiques par an ». Ceux-ci alimenterons notamment le site de Confwell, une usine d’injection plastique située à Conflans-sur-Lanterne, à 10 km du centre de tri, qui façonne les dalles de Purple.

« Ici, nous sommes sur un modèle de technologie industrielle à impact, à la fois reproductible et immédiatement opérationnelle sur le terrain. Ce n’est pas une giga-factory à 40 M€, mais une mini-factory locale et adaptable, modeste mais redoutablement efficace, capable de répondre aux enjeux de circularité à l’échelle des territoires, affirme Pierre Quinonero. L’inauguration de cette ligne marque une étape importante dans notre développement industriel. Elle concrétise notre volonté de maîtriser toute la chaîne de transformation (jusqu’ici les dalles sont fabriquées par Confwell et par Plaxer, à Rumersheim-le-Haut dans le Haut-Rhin. Ndlr). La prochaine étape, c’est notre nouvelle usine à Héricourt en cours d’installation, qui portera notre capacité de production à un niveau supérieur, avec la présence de machines unique en Europe. Notre objectif est de monter à plus de 3.000 tonnes de déchets recyclés pour réaliser près de 200.000 m² de dalles par an (20 fois le volume actuel), sachant qu’une dalle, c’est 25 kilos de plastique requalifiés au mètre carré et 11.000 tonnes de CO₂ évitées ».

(Crédit : JDP.)

Côté emploi, la société envisage de passer d’une vingtaine à une centaine de salariés d’ici à cinq ans. Les dalles de Purple Alternative ont déjà été utilisées sur des parkings, des revêtements de route à vitesse limitée à 30 km/h, pour la circulation piétonne ou pour des accès pompiers. Ce procédé innovant qui transforme des déchets plastiques complexes en dalles durables a déjà séduit de grands donneurs d’ordre comme la SNCF, Colas, Suez, Roger Martin ou Orange et fait l’objet de projets de R&D avec l’Ademe pour recycler des pales d’éoliennes. Soutenue par Bpifrance, France relance et France 2030, l’entreprise ambitionne désormais d’essaimer son modèle avec l’ambition de produire des dalles au plus près des déchets partout dans le monde.