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Reine de Dijon couronne une nouvelle directrice générale

Côte-d’Or. Après 28 ans à la tête du site de Fleurey-sur-Ouche, Luc Vandermaesen cède son fauteuil à Marika Zimmermann, entrée elle dans l’entreprise en 2002. L’usine affiche 90 M€ de chiffre d’affaires et produit 40.000 tonnes par an de sauces froides et moutardes, dont 45 % pour cette dernière.

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Parmi les objectifs fixés à la nouvelle directrice générale, le doublement du chiffre d’affaires de la marque Reine de Dijon, de 5 à 10 M€.(Crédit : JDP.)

Le 1er avril prochain, après 28 ans de service, Luc Vandermaesen, directeur général de Reine de Dijon, laissera officiellement sa place à Marika Zimmermann à la tête de l’usine de production de sauces froides et moutardes sous marque propre ou en marque blanche, destinées à la restauration, à l’industrie et au marché de consommation. « Je suis intimement persuadé d’avoir fait le bon choix, confie Luc Vandermaesen. Dans ce processus “faire prendre la mayonnaise” n’est jamais simple. Mais Marika, nous la connaissons, on connaît ses forces et les points à travailler, les salariés la connaissent et c’est essentiel pour que cela fonctionne ». De son côté, si elle avoue sa « surprise », Marika Zimmermann qui n’a jamais eu de plan de carrière, est ravie de cette « marque de confiance » et confortée par le fait que l’annonce officielle de sa nomination n’a recueilli que de l’approbation de la part des équipes.

De L’opérationnel À La Direction Générale

Ingénieure de formation en génie chimique et alimentaire (diplômée de l’Insa Toulouse), Marika Zimmermann est entrée dans l’entreprise en 2002, d’abord comme responsable qualité, puis à la direction de la production ; elle était directrice industrielle lorsque la proposition de Luc Vandermaesen lui est parvenue. Un profil plutôt opérationnel, qu’elle a depuis complété par une formation à l’École de management de Lyon où elle a décroché, après neuf mois intenses, un certificat (équivalent executive MBA) pour une montée en compétences sur le leadership, le marketing, la prise de décision en liaison avec les informations financières, la stratégie...

De 2 M€ À 90 M€

Elle hérite d’un site qui sous la direction de Luc Vandermaesen, (arrivé à Fleurey-sur-Ouche en 1997), est passé d’un chiffre d’affaires de 2 à 90 M€ et emploie aujourd’hui 185 salariés - il y en avait alors 23. L’outil de production, vieillissant, a dû se moderniser pour tenir bon face à ses concurrents français et étrangers - de profil commercial, Luc Vandermaesen a en effet considérablement musclé l’export, qui représente aujourd’hui 45% de l’activité, à destination de « 50 à 60 pays », dont les États-Unis, l’Amérique du Sud et plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ; le site de Fleurey-sur-Ouche possède d’ailleurs sa propre équipe export.

Initialement dédié à 100% à la production de moutarde, l’activité sauces s’est ajoutée au début des années 2000 ; la moutarde représente aujourd’hui environ 45% des 40.000 tonnes de produits qui sortent de l’usine chaque année. Un des emblèmes de la région - dont l’appellation n’est hélas pas protégée et donne lieu à tous les excès et les bizarreries culinaires à travers le monde -, offrait en 2024 un débouché à 600 producteurs de graines de moutarde BFC (pour 10.000 hectares plantés). L’usine s’approvisionne par ailleurs pour moitié à l’étranger (Canada principalement) afin de garantir ses volumes en cas d’aléas climatiques ou d’attaques de ravageurs. Les 50% de graines françaises sont, pour le moment, toutes produites localement, mais l’avenir pourrait voir des tonnages venir d’autres départements. Les produits Reine de Dijon représentent à ce jour 5 M€ de chiffre d’affaires, mais les actionnaires allemands auxquels le site appartient souhaiteraient voir ce chiffre doubler - c’est l’objectif qui a été assigné à la nouvelle directrice générale, alors que le secteur agroalimentaire est dans l’attente, comme bien d’autres, des décisions que prendra l’administration Trump quant aux importations de produits européens. « Nos principaux concurrents sont canadiens et seront taxés comme nous », philosophe Luc Vandermaesen. « Mais il faut reconnaître que nous sommes suspendus aux décisions américaines », complète Marika Zimmermann qui envisage, parmi ses axes stratégiques de développement, la diversification des marchés, tant géographiques que dans la nature des productions. Une sauce César, lancée il y a deux ans, a d’ailleurs montré une piste. Cette année, Reine de Dijon fête ses 185e bougies. À cette occasion, il est aussi question d’une édition limitée dans le packaging.