Silmach annonce une innovation de rupture pour la contraception féminine
Doubs. Les essais cliniques humains sont prévus pour fin 2026, la commercialisation potentielle vers 2032. La solution pourrait avoir des applications plus larges en micro-régulation de fluides dans le domaine médical.
La PME bisontine qui s’illustre mondialement par sa maîtrise du micromoteur se fait désormais un nom dans le domaine de la contraception féminine. Sa technologie a été retenue par la start-up néerlandaise Choice pour sa solution sans hormones qui bloque mécaniquement la possibilité d’une fécondation tout en restant facilement réversible.
Le principe est simple, explique Pierre-François Louvigné, directeur général de Silmach : la solution consiste en un micro-implant « de la taille d’un grain de riz, inséré dans la trompe de Fallope par les voies naturelles, sans nécessiter d’opération chirurgicale, ce qui en fait une intervention bénigne ». L’implant fonctionne comme un « tube » contenant une vanne qui peut être ouverte ou fermée pour obturer ou autoriser le passage des spermatozoïdes. « L’idée est qu’il y reste pendant toute la durée du contrôle de fertilité, potentiellement des années. Lorsque la femme le souhaite, la réversibilité nécessite un rendez-vous, une procédure pouvant durer environ une heure, pour actionner la valve à distance », précise encore Pierre-François Louvigné.
Le dispositif est commandé et rechargé à distance via des ondes acoustiques (une méthode douce) émises par un appareil externe posé sur l’abdomen ; l’énergie accumulée dans la micro-batterie est utilisée uniquement pour actionner le moteur et changer la position de la valve, et non pour maintenir la position.
Contrôle par les femmes et souveraineté
Le dispositif cumule plusieurs avantages en répondant aux inconvénients de solutions plus invasives (pilules ou implants sous-cutané hormonaux) ; ou moins fiables et susceptibles de rejets (stérilets). La microbatterie, elle-même de l’ordre du millimètre, n’utilise pas de terres rares ni de matériaux dangereux (comme le lithium-ion), et ne présente donc pas les mêmes dangers que les technologies actuelles, une nécessité pour un tel dispositif intracorporel.
Ce type de contraception peut être envisagé pour les jeunes femmes qui n’ont pas encore eu d’enfant, contrairement à certaines restrictions potentielles pour d’autres méthodes. Les essais cliniques sur une cohorte de femmes devraient débuter fin 2026, pour envisager une commercialisation vers 2032. Soutenu dans un premier temps sur fonds propres par Choice qui avait réalisé une levée de fonds pour démarrer son projet, Silmach a ensuite mobilisé un financement européen (Eurostars innovation), « avec un budget de 450.000 € et mis en oeuvre entre 2022 et 2025 », précise Pierre-François Louvigné.
Outre que cela représente un progrès quant au contrôle de leur fertilité par les femmes, cette innovation possède une dimension de souveraineté, le dirigeant bisontin rappelant qu’une grande partie des contraceptifs sont fabriqués par des laboratoires qui ne sont pas nécessairement européens.
Elle ouvre également des perspectives de diversification pour Silmach : les compétences acquises dans le développement de ces micromoteurs et mécanismes de régulation de fluides pourraient être utilisées dans d’autres domaines des implants, notamment pour le traitement de l’incontinence, du glaucome. On songe aussi à des applications dans le domaine de la chirurgie cérébrale, ou encore à des dispositifs externes comme les diffuseurs d’insuline.