Tekna puissance 4
Saône-et-Loire. Arrivée discrètement à la Cité de l’entreprise de Mâcon, la société canadienne spécialiste de la métallurgie des poudres est en plein développement pour répondre à la volonté de ses clients de relocaliser la production.
« Il y a 10 ans, on n’était rien. Aujourd’hui, on est soit leader mondial soit deuxième dans nos secteurs d’activités ». Le directeur général du site mâconnais de Tekna Plasma, Rémy Pontone, mesure le chemin parcouru depuis l’arrivée de l’entreprise québécoise - dont le siège se trouve à Sherbrooke - à Mâcon en 2012 avec seulement trois employés. Sept ans plus tard, en 2019, Tekna a commencé à produire sur place.
L’activité de la métallurgie des poudres et de la fabrication additive consiste à produire des poudres métalliques (aluminium, titane, tungstène, tantale) à des fins de production de pièces en impression 3D pour répondre aux besoins de l’aéronautique, du spatial, de la Défense et du médical.
À titre d’exemple, les dirigeants exposent fièrement dans leurs bureaux mâconnais un bloc de commande hydraulique pour avion de chasse ou un lanceur pour l’aérospatial. « Dans ces domaines, on demande de créer des pièces légères pour économiser du poids », signale le directeur. Légères mais solides. L’objectif est de produire une poudre composée de petites billes très denses, « sans porosité pour assurer une solidité à minima identique à un produit forgé ». Autre exemple d’application, pour le monde médical cette fois : la réalisation d’implants réalisés sur mesure individuellement pour chaque patient.
L’un des avantages de cette technologie de l’impression 3D est de réduire singulièrement les délais de fabrication qui peuvent aller de 9 à 12 mois pour la fabrication traditionnelle à trois semaines pour la fabrication additive
Tours d’atomisation
Au coeur de l’usine, l’outil principal à la fabrication de poudre est la tour d’atomisation. Les métaux arrivent sous forme de barres ou de fils et sont passés à très haute température dans un plasma pour ensuite être atomisés en fines gouttelettes avant d’être refroidis et figés. Le procédé de fabrication ne génère aucun rejet. La poudre est ensuite conservée sous gaz inerte pour éviter toute détérioration possible (humidification, oxydation…) et garder toutes ses propriétés.
Tekna produit à Mâcon 70 tonnes de poudre par an, stockées sur place et commercialisées mondialement. Les clients, français notamment, ont clairement demandé à l’entreprise canadienne de relocaliser la production pour sécuriser leurs approvisionnements dans un objectif de souveraineté et afin de réduire l’empreinte carbone résultante du transport.
Si Tekna, (41 M CAD de chiffres d’affaires dont 18 à Mâcon) a choisi la France, « c’est parce que l’électricité, seul consommable utilisé par l’entreprise est ici quasiment toute décarbonée et que cela répond à la philosophie de notre société », précise Rémy Pontone.
L’entreprise a pour projet d’investir prochainement 15 M€, avec l’appui de la BPI, pour porter à quatre son nombre de tours d’atomisation. Les effectifs vont passer de 20 à 80 puis à une centaine. « Nous recruterons notamment des opérateurs que nous formerons nous-mêmes car toutes nos machines sont fabriquées par nos soins, elles sont uniques et brevetées. »
À terme, pour continuer sa croissance ultérieure, la société canadienne va donc quitter la cité de l’entreprise mais demeurera sur le territoire de l’agglomération mâconnaise où elle construira son propre édifice sur une surface quadruplée (8.000 m² contre 2.000 m² aujourd’hui).