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Toupargel disparaît après 75 ans de règne

Economie. Roi du surgelé depuis plus de 75 ans, Toupargel, rebaptisé Place du marché en 2021 ne sillonnera plus les routes de France. La liquidation a été prononcée le vendredi 13 janvier.

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Place du marché
« Le leader de la vente de surgelés à domicile cesse son activité après 75 ans de règne » (Crédit : Place du marché)

C’est la disparition d’un poids-lourd historique de la distribution de produits frais et surgelés qui a été actée le vendredi 13 janvier par le tribunal de commerce de Lyon. Place du marché / Toupargel société fondée en 1947 et reprise en janvier 2020 par la holding Agihold des frères Léo et Patrick Bahadourian, cofondateurs et actionnaires de l’enseigne Grand Frais, va définitivement mettre la clef sous la porte. Un coup de massue pour les 1.600 salariés qui, après une première vague de licenciement en 2019 puis la mise en redressement judiciaire fin 2022 espéraient encore une offre de reprise. Le seul candidat, Tazita, enseigne de la région Rhône-Alpes, s’est, en effet, retiré.

Et si le juge s’est octroyé un délai de 48 heures mercredi 11 janvier, pour Wafaa Kohily, secrétaire du Comité social et économique (CSE) : « Il n’y a aucun espoir de reprise ; 1.600 familles vont rester sur le carreau. Nous sommes en plein désarroi ». Les salariés dénoncent « un immense gâchis » et une décision prise dans la précipitation et réclament une indemnité complémentaire de 100.000 euros par salarié : « Les salariés veulent être respectés dans leur travail ».

Une erreur de stratégie

Si la direction pointe du doigt les nouveaux secteurs, notamment la vente par internet, la CGT, elle dénonce clairement une erreur de stratégie de l’entreprise. En 2021, Brieuc Fruchon, président de Place du marché expliquait le choix d’un changement de stratégie : « Toupargel n’aurait pas pu incarner à elle seule ce changement en profondeur, c’est pourquoi nous l’associons à d’autres spécialistes incarnant parfaitement les valeurs et la diversité des métiers de bouche. Place du Marché veut ainsi casser les codes de la livraison à domicile en devenant l’alternative parfaite ». La nouvelle stratégie ?


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Une diversification vers les produits frais et l’épicerie, la fin de la commande par téléphone - une centaine de plate-forme d’appel et trois plateforme de livraison pour rediriger sa clientèle vers la commande en ligne : « Nos clients ont une moyenne d’âge de 70 ans et ne sont pas tous des utilisateurs d’internet. Le changement de nom, qui existait depuis 70 ans, les a aussi déconcertés ». Le site de Saint-Marcel en Saône-et-Loire, qui compte 151 salariés avait pourtant alerté la direction sur la baisse importante des ventes : « Les gens venaient chez nous pour le surgelés. Vouloir diversifier a été une grave erreur ».

De son côté, Françoise Charentus, déléguée syndicale FO est plus directe : « La société ne nous a jamais entendus quand nous avons alerté sur la stratégie commerciale. Tout ça n’est que le résultat d’une mauvaise gestion. Mais qui en pâtit ? Les salariés. Au bout d’un moment, c’est dégueulasse ! ».

Un choix de casser les codes qui aura finalement cassé la dynamique du roi du surgelé jusqu’à sa liquidation et qui entraîne dans a chute les 300 salariés des sociétés soeurs Eismann et Touparlog mais également le site de Chevigny-Saint-Sauveur. Avec la liquidation de Camaïeu en septembre dernier (2.100 salariés) et les 1.200 emplois supprimés (sur 2.300) annoncés fin décembre chez Scopelec, groupe spécialisé dans les technologies de communication, il s’agit du plus grand plan social de ces derniers mois.