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Un bâtiment référence de « l’écologie intégrale »

Saône-et-Loire. À Paray-le-Monial, le groupement d’achat Le Cèdre vient d’inaugurer un bâtiment qui incarne une vision pionnière : celle de l’écologie intégrale. Plus qu’une simple extension de bureaux, cette construction de 1.200 m² pour 60 collaborateurs est un modèle de performance environnementale, de bien-être humain et de viabilité économique.

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« La dimension spirituelle se loge aussi dans le beau. D’ici nous voyons la basilique de Paray-le-Monial, c’est du clunisien. Cluny était le phare de l’Europe au Moyen-Âge. Donc nous avons voulu une unité qui n’est pas seulement une unité architecturale, mais aussi une unité historique spirituelle, assure Gilles Chevallier. Donc on retrouve ces dimensions. Et ce qui est assez beau, c’est que, pendant le chantier, nous avons eu deux fois des passants qui nous ont dit : “ Mais ce bâtiment, c’est une construction ou c’est une rénovation ? ” ». (Crédit : Julie Hergott architecte / DR.)

Les journées étouffantes comme on les connaît en ce début d’été sont le meilleur argument du groupement d’achats Le Cèdre en faveur des choix architecturaux qui ont présidé à la construction de son extension, inaugurée le 12 juin dernier, à Paray-le-Monial. Les 1.200 m² de bureaux offrent en effet une agréable fraîcheur par rapport à la touffeur extérieure. « Nous avons la quintessence de ce que l’on peut souhaiter en termes de qualité architecturale et d’études thermiques, car nous voulions que ce bâtiment soit très performant sur ce plan, confirme Gilles Chevallier, membre du directoire du groupe Le Cèdre. Notamment le confort d’été. L’hiver, c’est assez facile de monter le radiateur, mais le confort d’été est crucial. Nous sommes en train de nous apercevoir que les plans deviennent réalité parce que nous n’avons pas de climatisation, or aujourd’hui, il fait 35 degrés, et nous sommes très bien ».

Tout n’avait pourtant pas bien commencé : quand en 2019 Le Cèdre, qui réfléchit à cette extension de bureaux pour ses collaborateurs et les futurs recrues, explique à l’architecte et au bureau d’études sa vision d’un bâtiment respectueux d’une écologie intégrale (voir ci-dessus), le dialogue tourne court. C’est la rencontre de l’architecte Julie Hergott, de Terraenergie (bureau d’études thermiques et des fluides), puis la qualité du dialogue avec l’architecte des Bâtiments de France - le projet se trouve à portée de la basilique clunysienne, édifiée au XIIe siècle - et avec les collectivités locales qui ont permis d’aboutir en 2022 à un permis de construire pour ce bâtiment répondant aux impératifs du « cradle-to-cradle » (du berceau au berceau), ne générant pas de déchets ultimes.

Du berceau du berceau

Concrètement, le bâtiment n’intègre pas de béton mais quatre essences de bois pour son ossature et ses aménagements intérieurs (acoustique notamment), mais pas seulement... « Nous décidons avec le bureau d’études Terrannergie de supprimer les trois chaudières à gaz du site et de les remplacer par une chaudière à granulés, raconte Gilles Chevallier. Nous sommes là sur une énergie renouvelable, et l’usine se trouve extrêmement près d’ici, à 25 km. Nous avons une ossature bois avec un mélange de chaux qui assure l’isolation et qui a un temps de déphasage long, ce qui fait que la chaleur pénètre doucement dans le bâtiment. Nous avons là-dessus un bâtiment vertueux. »

(Crédit : Julie Hergott architecte / DR.)

Un bureau d’études spécialisé, Bobi Réemploi, est mandaté pour sourcer des matériaux issus de la déconstruction, avec un objectif de 50 % de réemploi sur tous les lots de second oeuvre, jusqu’à 80 % sur le mobilier ; enfin, les salariés ont été associés aux aménagements intérieurs, évitant ainsi l’écueil d’une potentielle frustration entre ceux qui allaient investir l’extension – 60 collaborateurs sur les 155 – et les autres. Ils sont aussi intervenus dans le choix des mobiliers neufs, ce qui a, par exemple, abouti à l’achat de bureaux assis-debout pour éviter les TMS. Le garage à vélo est en passe d’être terminé, les extérieurs n’ont pas nécessité d’imperméabilisation et des essences locales ont été plantées dans les parkings pour assurer, lorsque les végétaux auront achevé leur croissance, une fraîcheur bienvenue...

Une écologie soutenable

Précision qu’apprécieront tous les maîtres d’ouvrage : entre les appels d’offres et la fin du chantier, point de ces « aléas » qui viennent alourdir la facture. Les 3 M€ prévisionnés ont été scrupuleusement respectés par les artisans qui ont notamment joué le jeu du réemploi.

La dimension innovante de ce bâtiment démonstrateur a séduit les financeurs publics (communauté de communes, Ademe, région BFC et des fonds Feder européens) qui ont subventionné l’ouvrage. « Donc là, nous avons une écologie qui à la fois prend en compte la dimension environnementale, la dimension humaine et qui est économiquement performante parce qu’à moins de 2.000 € du m² avec les subventions ou même à 2.500 € du m2 sans les subventions pour la qualité du bâtiment, c’est remarquable », se félicite Gilles Chevallier.

Dernière dimension et non des moindres : l’attractivité. Offrir des conditions de travail confortables et un environnement sain est devenu un critère incontournable pour attirer et fidéliser les talents, ce que confirme Gilles Chevallier : « En termes de recrutement, un bâtiment comme celui-là est un atout supplémentaire. C’est ce qu’on appelle typiquement un attribut de la marque employeur ».

  • Salle de réunion (Crédit : Julie Hergott architecte / DR.)
  • (Crédit : Julie Hergott architecte / DR.)
  • Extérieur de l’Arboretum (Crédit : DR.)
  • Bureau dans l’Arboretum (Crédit : Julie Hergott architecte / DR.)
  • Bureau dans l’arboretum (Crédit : Julie Hergott architecte / DR.)
  • Coté du bâtiment (Crédit : DR.)
  • Salle de Réunion de Arboretum (Crédit : Julie Hergott architecte / DR.)