Un petit creux et un grand cœur
Restauration. Ouvert en octobre, le P’tit creux à Is-sur-Tille accueille le client « comme à la maison ». Un argument plus familial que commercial mais surtout, pour Nadia Raeth, le choix d’une autre vie loin de Paris.
Dans la nébuleuse appellation de la cuisine « fait maison », argument commercial de certains restaurants sans véritable obligation législative, Nadia Raeth ferait un peu figure d’exception. Dans son restaurant Le p’tit creux à Is-sur-Tille, cette jeune mariée a voulu accueillir les clients « comme à la maison » et ce n’est pas seulement un argument marketing. D’origine algérienne, de Grande Kabylie, Nadia Raeth n’a jamais été cuisinière. Il y a quelques mois encore, elle était à Paris comme gestionnaire de devis au sein d’un grand groupe de maintenance d’ascenseurs, et ce depuis 25 ans.
Rien à voir donc avec la restauration. Il aura fallu le décès de son père, de sa grand-mère qui l’avait élevée et une ambiance délétère au travail pour qu’elle décide de changer de vie. Et c’est sur les terres de son compagnon et désormais mari Jean-Christophe, originaire de Til-Châtel, qui l’a rendue « amoureuse de la région », qu’ils ont fait le choix de construire cette nouvelle vie. Alors pourquoi la cuisine ? « Pour mon mariage en septembre, j’ai dû préparer un couscous pour 150 personnes et des repas pour une vingtaine pendant plus d’une semaine. Ça a été une révélation. J’ai découvert que j’y prenais un vrai plaisir ».
Le bon goût de la filiation
Il ne manquait donc plus à Nadia qu’un coup de pouce. La mise en vente du local qu’elle avait déjà plusieurs fois repéré et une prime de départ de 30.000 € entièrement réinvestie dans son projet. Depuis deux mois désormais, plats maison, cornes de gazelle, et surtout des produits locaux et de saison sont à l’honneur de sa carte. Une carte personnelle où le couscous est aussi de la partie trois fois par semaine, une tradition familiale : « Ma mère m’a appris à préparer le couscous mais aussi la cuisine en général. À travers ce restaurant, c’est aussi une façon de transmettre un savoir-faire ».
Et ce savoir-faire a un nom, Tassadit, la maman de Nadia qui fut l’autre argument du projet de Nadia : « Depuis 25 ans, ma maman souffre d’Alzheimer. Alors, ce restaurant, c’est aussi un moyen pour elle et moi d’être ensemble et de profiter du temps, de m’occuper d’elle ». Dans quelques mois, la famille P’tit creux s’agrandira. Jean-Christophe quittera lui aussi son métier de gestionnaire de propriété dans le XVe arrondissement de Paris pour rejoindre l’entreprise tout aussi familiale que la cuisine.