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Valerius, un site industriel sauvé de la friche

Saône-et-Loire. Pari tenu pour la SemCib partenaire immobilier des industriels du territoire de la Communauté urbaine Creusot Montceau : l’ancien site Konecranes de Saint-Vallier ne s’est pas transformé en friche industrielle. La société d’économie mixte a réussi à réindustrialiser en moins de quatre ans l’intégralité de ce site de près de 14 hectares, qui comprend 28.000 m2 de bâtiments. Dans le même temps, un vaste programme de requalification de plus de 6 M€ est engagé, jusqu’en 2027, sur cette zone d’activité rebaptisée Valerius.

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Au premier plan : Frédéric Dbleds, directeur général de la SemCib, Yves Seguy, prefet de Saône-et-Loire, David Marti, président de la CuCM et Jean-Claude Lagrange, président de la SemCib. (Crédit : SemCib.)

Il n’avait pas réussi à être lauréat du dispositif « sites clés en main France 2030 », lancé par le gouvernement après la crise de la Covid. Malgré cela, la prise en main volontaire de la Communauté urbaine Creusot Montceau (CuCM) a permis à l’ancien site Konecranes, fournisseur mondial d’équipements de levage à des fins industrielles, d’éviter de passer par la case friche après l’arrêt de sa production fin 2020. « Le désengagement industriel du site de Saint-Vallier, en activité depuis 1967, a marqué les esprits avec ses 130 licenciements et une zone de près de 14 hectares laissée à l’abandon, affirme Jean-Claude Lagrange, président de la Société d’économie mixte pour la Coopération industrielle en Bourgogne (SemCib), partenaire immobilier des industriels de la CuCM. Mais l’investissement immédiat des collectivités locales, CuCM et région Bourgogne Franche-Comté en tête, fait qu’aujourd’hui nous sommes face à un bel exemple de réindustrialisation réussie, avec un nombre d’emplois à date (actuellement 177 salariés, Ndlr) plus important que celui des licenciements opérés au moment de la fermeture ».

Rachat échelonné et réhabilitation

Pour mener à bien cette opération, la CuCM va s’appuyer sur la SemCib, structure créée en 2015 pour réaliser les programmes d’investissements d’avenir Mecateam Platform et Campus Mecateam, devenue depuis un outil d’investissement pour des infrastructures et projets immobiliers à vocation industrielle, doté d’un capital social de 8 M€. La SemCib se rapproche alors de l’Établissement public foncier Doubs Bourgogne Franche-Comté (EPF DBFC). Cet organisme dédié au portage foncier pour les collectivités va ainsi acquérir, en juillet 2021, pour près de 3 M€ l’ensemble des 28.000 m2 du site. Entre 2021 et 2025, la SemCib rachètera ensuite à l’EPF DBFC le site par tranches au fur et à mesure de l’identification et de l’implantation de nouveaux repreneurs. L’acquisition de la dernière partie des 28.000 m2 de bâtiments sera effectuée d’ici à la fin de l’année. « Ce montage a permis à la SemCib de minimiser les coûts au démarrage de l’opération, de faire rentrer immédiatement des occupants, de prendre le temps de travailler avec eux les baux et de favoriser une nécessaire recapitalisation en vue des investissements liés à la réhabilitation du site », explique Frédéric Debleds, directeur général de la SemCib.

Rebaptisé Valerius, le parc industriel héberge aujourd’hui trois entreprises spécialisées dans l’activité électrique (voir encadré). Elles occupent l’intégralité des locaux disponibles. Il s’agit de Metalliance et de ses activités Corail SM et Corail Tunnelier, de Novium, constructeur de machines de travaux ferroviaires électriques, et de Navya Mobility, concepteur de navettes électriques autonomes.

Le programme de requalification du site a été retenu dans le cadre du dispositif « Territoires en Action 2022 – 2028 » signé entre la région Bourgogne Franche-Comté et la CuCM. Une subvention d’environ 1,6 M€ est mobilisable sur le volet métropolitain « innovation économique et mobilisation sur les leviers de la compétitivité régionale », soit 30 à 40 % des investissements, en contrepartie de critères environnementaux (limitation de l’imperméabilisation des sols, gestion des eaux pluviales et des déchets de chantier, aménagement paysager pour protéger les écosystèmes, sobriété énergétique des bâtiments, limitation de l’empreinte foncière et intégration des mobilités douces).

6 M€ d’investissements d’ici à 2027

« En 2025, la première phase de travaux, d’un montant de 750.000 €, a consisté à adapter le site aux nouvelles activités et à accompagner l’implantation des entreprises. Pour cela, les travaux se sont essentiellement articulés sur le dévoiement des réseaux gaz et électricité, le désamiantage, la démolition et le traitement des pollutions restantes, ainsi que sur la mise en sécurité et la gestion des flux des personnels et des visiteurs », précise Frédéric Debleds. La phase 2, budgétisée à 2,7 M€, qui doit s’étendre jusqu’en 2027, fait l’objet d’un appel d’offres en cours. Elle vise à pérenniser la réindustrialisation du site et à valoriser le patrimoine industriel avec la création et le réaménagement des bureaux et des locaux sociaux existants, la végétalisation des espaces, la création de cheminements piétons, de stationnements et l’installation de bornes de recharge, la gestion des eaux pluviales, l’amélioration du confort thermique des bâtiments (toiture, éclairage, chauffage, façades…).

« Au total, entre 2022 et 2027, plus de 6 M€ d’acquisitions et d’investissements auront été mobilisés par la SemCib pour reconvertir le parc industriel, accompagner l’installation de nouvelles sociétés et éviter son abandon », affirme David, président de la CuCM et maire du Creusot. « Une vraie réussite qui valorise le partenariat public-privé comme un outil indéniable pour la réindustrialisation des territoires et l’accompagnement au développement d’une industrie dans l’ère du temps », appuie Yves Seguy, préfet de Saône-et-Loire. « Cette reprise et ce réaménagement permettent d’éviter également la création de nouvelles zones industrielles et ainsi l’artificialisation de nouveaux espaces », complète Jean-Claude Lagrange.