Entreprises

Vireaux mise sur le solaire pour réinventer son ancien poumon industriel

Energie. C’est sur un site chargé d’histoire que s’ouvre une nouvelle page pour la commune de Vireaux (Yonne). Là où, depuis le XVIᵉ siècle, s’exploitaient minerai de fer, ciment et pierre, s’étend désormais une centrale solaire de 4,5 hectares.

Lecture 4 min
Photo de José Ponsard, Jean-Charles Lavigne Delville, Vincent Gaffard, Sébastien Hennon
José Ponsard, maire de Vireaux entouré de Jean-Charles Lavigne Delville, PDG d’Altergies, Vincent Gaffard, Directeur régional de TotalEnergies en Bourgogne-Franche-Comté, Sébastien Hennon, sous préfet d’Avallon. (Crédit : Enzo Beaudet)

L’ancienne carrière de la cimenterie Lafarge, fermée en 2012, était restée en friche, symbole d’un passé industriel à la fois glorieux et douloureux pour les habitants. « Pratiquement toutes les familles ont eu un parent qui a travaillé ici », a rappelé le maire José Ponsard. Confrontée à l’urgence d’une reconversion, la municipalité a choisi en 2022 d’acquérir l’ensemble du site pour lui donner une nouvelle vie. Objectif : concilier mémoire ouvrière, dynamisme économique et transition énergétique.

Le projet, porté par Altergies et TotalEnergies, va bien au-delà de l’installation d’une centrale photovoltaïque. « Chaque projet est une aventure humaine, mais ici il y a une véritable unicité », souligne Jean-Charles Lavigne Delville, PDG d’Altergies. L’entreprise a travaillé de concert avec la municipalité afin de co-construire un aménagement global du site : intégration paysagère, maintien d’activités de loisirs, prise en compte de la biodiversité.

Le chantier n’a toutefois pas été exempt de difficultés. Le raccordement au réseau électrique, complexe et long, a obligé les porteurs à scinder le projet en deux phases, la seconde n’étant pas attendue avant 2027 ou 2028. Une contrainte qui alourdit les coûts et freine la mise en service. « Si ces projets exemplaires pouvaient être mieux priorisés, cela aiderait tout le monde », a plaidé le dirigeant d’Altergies. Pour TotalEnergies, partenaire du projet, l’enjeu dépasse le seul photovoltaïque. « Nous vivons une très belle période, avec plusieurs inaugurations récentes en Bourgogne-Franche-Comté. Autour de ces projets naissent de véritables dynamiques de territoire », a expliqué Vincent Gaffard, Directeur régional de TotalEnergies en Bourgogne-Franche-Comté.

Un site appelé à devenir un parc écologique

La centrale solaire n’est que la première étape d’un projet plus large de « parc écologique ». Le conseil municipal prévoit l’aménagement d’un théâtre de verdure, de parcours sportifs, d’hébergements insolites et d’événements culturels. Des activités sportives s’y déploient déjà : courses de VTT, cyclo-cross, cinéma de plein air en préparation. Les anciens bâtiments en pierre ont été vendus à des porteurs privés pour y développer un grand gîte et une salle événementielle. « C’est pour l’avenir de notre territoire que nous avons souhaité racheter la carrière », affirme José Ponsard. Les retombées financières de la centrale, conjuguées aux projets de loisirs, doivent contribuer à renforcer l’attractivité de la commune et de tout le bassin de vie.

Au-delà de la question énergétique, l’État entend accompagner la commune dans la recherche de financements et dans l’ingénierie nécessaire à la reconversion du site. « Ce genre de projet contribue à l’attractivité d’un territoire. C’est la première pierre d’un projet plus global, porteur d’émulation locale », Sébastien Hennon, sous préfet d’Avallon.

Entre mémoire industrielle et transition écologique, Vireaux réussit la mutation d’un site longtemps laissé en suspens. Symbole d’un territoire qui se réinvente, le projet illustre à la fois la complexité et le potentiel des partenariats entre collectivités, entreprises énergétiques et État. La centrale solaire, premier jalon de cette reconversion, doit produire de l’électricité pour plusieurs milliers de foyers. Mais pour les élus comme pour les habitants, l’enjeu est plus large : redonner une utilité collective à un lieu qui fut jadis le cœur économique du village. Une manière de prouver que, dans l’Yonne aussi, l’énergie du futur peut naître des traces du passé.