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Whill France, une autre idée du fauteuil roulant

Autonomie. Née au Japon, la société de conception et de vente de fauteuils roulants au design innovant s’implante à Dijon. Guillaume Legendre, son directeur, créé ainsi une dizaine d’emplois.

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Photo du fauteuil roulant Whill France
« Pour beaucoup de gens, affirme Guillaume Legendre, directeur de Whill France, ce design permet d’accepter le passage au fauteuil roulant. » (Crédit : DR)

Whill : phonétiquement, cela peut traduire aussi bien la volonté (« will ») que les roues (« wheel »). Et justement, la société est née en 2012 au Japon d’une ambition bien particulière de son créateur : changer le regard sur le handicap en faisant évoluer le fauteuil roulant.

« L’ADN de la marque est le design, confirme Guillaume Legendre, directeur de Whill France. Le créateur japonais a inventé pour un ami atteint d’une maladie évolutive qui se renfermait chez lui un fauteuil roulant agréable à l’œil, même si cela peut sembler paradoxal de parler d’un fauteuil qui est beau. » Flancs personnalisable, interface digitale, joystick discret, l’appareil se veut loin du mastodonte aux roues surdimensionnées.

Pesant 50 kilogrammes, doté d’un bloc moteur de 20 kilogrammes équipé de deux batteries de 150 watts rechargeable en cinq heures et affichant 18 kilomètres d’autonomie, ce fauteuil existe en deux versions : une pliable que l’on peut mettre facilement dans une voiture en un morceau et un modèle premium qui se démonte en trois parties.

« Pas besoin d’un véhicule spécifique équipé de rampe ! », garantit Guillaume Legendre. Les roues omni directionnelle à l’avant, composées de plusieurs rouleaux indépendants permettent au fauteuil de pivoter dans un rayon limité et le constructeur garantit cinq centimètres de franchissement, y compris sur herbe ou gravier.

Prix en baisse

Jusqu’ici distribué via un importateur, Whill se développe donc désormais en nom propre sous la marque Whill France. « Le produit commence à être connu, mais il n’y avait pas vraiment de travail sur l’image de Whill, l’importateur noyait nos produits dans sa gamme et ne communiquait pas du tout sur notre marque, confesse Guillaume Legendre. L’idée est d’enlever cet intermédiaire. »

Whill France, pour l’instant dépendante de la maison-mère européenne située à Amsterdam (la société devrait évoluer vers une SAS) est entièrement basé à Dijon. Le service après-vente, le stockage (une cinquantaine de fauteuils transitent par mois), les bureaux… sont centralisés dans un bâtiment de 600 mètres carrés rue du docteur Stein (derrière Ikea) et le site travaille avec les magasins de matériel médical partout en France grâce à son équipe commerciale.

Supprimer un intermédiaire a permis aux produits d’être plus compétitifs : « On sera la seule entreprise cette année à avoir baissé nos tarifs, assure le directeur de Whill France. Sur le petit fauteuil pliant, nous avions un dépassement de 1.000 euros par rapport au remboursement de l’assurance-maladie, il est désormais entièrement pris en charge ! »

Dijon pour l’Europe

Installer à Dijon cette entreprise internationale, créant au passage une dizaine d’emplois, n’est pas seulement une lubie du dirigeant, Dijonnais d’origine. Si le prix du foncier a joué, ce n’est pas tout. Dijon étant idéalement placé sur un nœud routier, « en termes de logistique, être en centre Europe est pratique pour pas mal de choses, reconnaît Guillaume Legendre. Nous faisons le SAV régulièrement pour d’autres pays : le transport depuis Amsterdam est très simple. On gère le Bénélux, la Suisse… tout est accessible, tout comme Paris. Et le transporteur est à Beaune. »

L’objectif pour 2024 est passer le cap des 100 unités vendues par mois et pour cela Guillaume Legendre voit loin : selon un modèle déjà expérimenté notamment au Japon, les fauteuils Whill peuvent intéresser bien au-delà du handicap.

« En France, avec le système de remboursement, Whill était essentiellement prescrit à des personnes atteintes de handicap ce qui paradoxalement le confinait à un marché de niche », explique-t-il.

« Notre idée en s’installant en nom de marque est de changer d’expérience client et de le proposer dans d’autres points de vente que les magasins de matériel médical. Nous sommes en discussion avec Darty, Décathlon, Toyota. Potentiellement, tout le monde pourrait avoir besoin à un moment d’un fauteuil Whill : temporairement en rééducation, pour les seniors, en location. Au Japon, il y a même un modèle autonome avec une carte 3D dans les aéroports ou les hôpitaux. Les gens montent, indiquent où ils veulent aller et le fauteuil rentre tout seul à sa base ! »

Un film en salles

Whill France a été partenaire de l’avant-première du documentaire « Invincible Été » qui s’est déroulée le 26 mai dernier au cinéma l’Olympia. Le film signé Stéphanie Pillonca, disponible depuis le 31 mai dans les salles de cinéma, retrace le parcours de résilience de l’entrepreneur Olivier Goy, atteint de la maladie de Charcot et ambassadeur de la marque.