La BCE veut créer une monnaie numérique européenne
Finance. En matière de création de monnaies numériques de banques centrales (MNBC), les États-Unis et l’Europe avancent dans leurs projets respectifs.
La monnaie numérique, ou monnaie électronique, est, légalement, une monnaie stockée sur des mémoires électroniques de façon indépendante d’un compte bancaire. Dans les catégories de la masse monétaire, elle s’oppose à la monnaie fiduciaire ou à la monnaie scripturale. Aux États-Unis Joe Biden avait réclamé, en mars dernier au Trésor, au département du Commerce et à plusieurs agences fédérales, de lui remettre dans les six mois un rapport sur le “futur de la monnaie”. Il ressort de ces investigations qu’un développement responsable des actifs numériques est vital pour les intérêts américains. De nouvelles études sont désormais attendues sous l’égide du Trésor et de la puissante Réserve fédérale américaine (Fed), la banque centrale qui émettrait ce “e-dollar”. Il convient toutefois d’être prudent car les implications de cette évolution seraient profondes pour un pays qui émet la première monnaie de réserve mondiale.
En Europe, les freins au développement d’une monnaie commune numérique restent nombreux car demeurent des problèmes de conception et de distribution afin de protéger le secret des transactions. C’est dans cette optique que la Banque centrale européenne (BCE) s’est rapprochée de cinq entreprises afin d’effectuer des simulations de transaction. Ces cinq partenaires ont été sélectionnés parmi 54 candidats à un appel à manifestation d’intérêt lancé en avril 2022. Les cinq entreprises sélectionnées pour développer les interfaces utilisateur potentielles pour l’euro numérique ont des missions sectorisées. La banque CaixaBank fera office de prototype pour les paiements en ligne peer-to-peer, la multinationale française Worldline servira sur les peer-to-peer hors ligne, l’entreprise italienne Nexi spécialisée dans les paiements électroniques mettra ses services à disposition pour les paiements au point de vente initiés par le bénéficiaire tandis que le consortium European Payment Initiative servira de base pour les paiements au point de vente initiés par le payeur.
Plus surprenant, le géant américain Amazon a été choisi pour incarner le modèle des paiements de commerce électronique. On peut constater que la contre-attaque des banques centrales s’accentue face à l’ascension des cryptomonnaies (Bitcoin, Ethereum…) qui s’est amplifiée avec la pandémie de Covid-19. Une dizaine de pays, à l’image du Nigéria et de la Jamaïque ont lancé leurs propres actifs, et une dizaine d’autres dont la Chine, la Suède et la Corée du Sud demeurent en phase avancée de tests. L’objectif de cet exercice de prototypage est de tester si la technologie derrière une monnaie numérique européenne s’intégrera bien dans les prototypes développés par les entreprises. La phase de prototypage devrait durer environ six mois et les conclusions seront rendues au premier trimestre 2023.