Europe

La surpêche continue en Europe

Alimentation. Bilan 2022 de l’état des stocks halieutiques européens.

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La surpêche provoque la surexploitation des stocks de poissons
En Europe, la surpêche a toujours un fort impact sur les stocks halieutiques.

Le CSTEP a établi que la surpêche continuait en Europe. Comme chaque année au mois d’avril, à la demande de la Commission européenne, le Conseil scientifique, technique et économique des pêches de l’Union européenne (CSTEP) établit un bilan de l’état des stocks halieutiques européens. Ce bilan fait la synthèse des évaluations réalisées pour la zone Atlantique et pour la Méditerranée. Le bilan 2022 est plus positif que celui établi en 2021. Sur le long terme, depuis une vingtaine d’années, la pression de pêche baisse dans les eaux de l’Atlantique Nord-Est et l’abondance des populations exploitées est en augmentation. Plusieurs éléments tempèrent cependant ce diagnostic optimiste.

Pour 2020, la dernière année connue, 28 % des 75 stocks évalués dans l’Atlantique Nord-Est sont encore surexploités et parmi ceux qui ne sont pas ou plus surexploités, cinq restent à des niveaux de biomasse trop faibles, inférieurs aux limites de sécurité biologique. En résumé, dans l’Atlantique Nord-Est, seuls 31% des stocks étudiés sont considérés en bon état (non exploités et non dégradés), tandis que 40 % présentent un diagnostic incomplet, faute d’estimation des limites de sécurité biologique. Des contrastes sont par ailleurs mis en évidence, avec une proportion de stocks surexploités faible dans la zone Golfe de Gascogne (8 %) et plus élevée que la moyenne en Mer du Nord (41%).

La régulation de la surpêche n’a pas été atteinte

Côté Méditerranée, l’abondance des stocks remonte également et c’est la première fois que le CSTEP observe cette évolution positive. Au cours des cinq dernières années, la hausse atteint +25%. Contrairement à ce qui était observé pour la pression de pêche, l’amélioration concerne cette fois-ci les différentes zones de Méditerranée, que ce soit dans le bassin central comme dans le bassin occidental. Le bilan rappelle cependant que cette évolution intervient dans un contexte de très forte surexploitation et d’abondance faible.

En Méditerranée, 85% des stocks évalués sont surexploités (29 sur 34), ce qui traduit une situation qui reste très dégradée dans cet écosystème. Globalement, l’objectif que s’était donné l’Union européenne de mettre fin à la surpêche en 2020 n’a donc pas été atteint, ni en Atlantique et encore moins en Méditerranée. Toutefois, la synthèse annuelle est nettement plus positive cette année que l’année dernière. L’amélioration dans l’Atlantique Nord-Est est confirmée et les premiers signes encourageants sont observés en Méditerranée.

Les scientifiques craignent néanmoins que les tendances observées soient le résultat d’un effet Covid-19, avec un ralentissement ponctuel de l’activité halieutique et non d’une évolution durable. La mise en place d’une nouvelle réglementation européenne est plus que nécessaire. Il faut désormais repenser la politique des quotas non pas espèces par espèces mais en intégrant une approche écosystémique. En effet, une comptabilité par stock ne dit rien de l’état de la biodiversité marine, il faut également prendre en compte l’état de santé des écosystèmes, touchés de plein fouet par la surpêche et le réchauffement climatique. Une gestion optimale, basée sur la recherche d’une taille de capture optimale et donc globalement sur une augmentation massive des maillages des filets de pêche, permettrait de pécher tout autant avec des impacts beaucoup plus faibles.