Europe

Le rapport Draghi prône un investissement massif

Compétitivité. Le rapport Draghi, commandé par Ursula Von Der Leyen à l’ancien président de la BCE de 2011 à 2019, propose les bases d’une future Europe économique.

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Photo d'Ursula Von Der Leyen et l'ancien président de la BCE
(Crédit : DR)

Le 9 septembre, Mario Draghi, économiste et ancien président de la Banque centrale européenne a remis à la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen son rapport sur le futur de la compétitivité de l’Europe. Celui-ci avait été commandé à l’automne 2023. Le rapport propose plusieurs pistes pour bâtir les bases d’une compétitivité durable ; la sécurité économique ; une autonomie stratégique ouverte ; la concurrence loyale. « Tous ces éléments constituent les piliers de la prospérité », assure la Commission européenne sur son site.

800 Mds € d’investissement par an

« Tout au long de cette année, nous avons partagé nos analyses de la situation économique et commencé à élaborer des solutions. Cela a été facilité par notre accord sur deux principes fondamentaux, a souligné Ursula Von der Leyen lors de la remise du rapport. Premièrement, le seul moyen d’assurer notre compétitivité à long terme est de s’éloigner des combustibles fossiles et de s’orienter vers une économie propre, compétitive et circulaire. Deuxièmement, nos efforts en matière de compétitivité doivent aller de pair avec une prospérité accrue pour tous les Européens. Toutes les transformations que nous allons mettre en oeuvre doivent être équitables. Nous pouvons nous appuyer sur notre modèle social très réussi - l’économie sociale de marché. »

Le « rapport-Draghi », c’est d’abord un chiffre choc : 800 milliards d’investissement par an à réaliser afin que l’Europe comble son retard sur l’innovation vis-à-vis des États-Unis et de la Chine, en particulier dans le domaine des technologies avancées. « En d’autres termes, l’Union européenne doit faire de son mieux pour accélérer le rythme de l’innovation afin de conserver sa position de leader au niveau de la production et dans le développement de nouvelles technologies », précise la Commission européenne sur son site officiel.

Décarbonation et souveraineté

Le deuxième domaine d’action concerne la nécessité d’un plan commun pour la décarbonation et la compétitivité. Plus précisément, le rapport affirme que l’UE devrait réduire les prix élevés de l’énergie et veiller à ce que l’économie devienne à la fois neutre en carbone et circulaire. Le troisième et dernier domaine concerne la nécessité de renforcer l’industrie de la défense et de réduire la dépendance de l’Union dans ce domaine.

« Plus généralement, insiste la Commission, le rapport souligne l’importance de la coopération et de l’union des forces au sein de l’Union. Certes, les États membres prennent déjà de nombreuses mesures en matière de politique industrielle, mais il est clair que l’Union ne sera en mesure d’appliquer les recommandations du rapport que si elle agit collectivement. Dans ce sens, le rapport identifie également certains obstacles à lever en termes de coordination dans la mise en oeuvre d’objectifs communs ».

Les conclusions du rapport contribueront aux travaux de la Commission sur un nouveau plan pour une prospérité et une compétitivité durable en Europe. Et en particulier, à l’élaboration du nouveau Pacte pour une industrie propre (Clean Industrial Deal) pour des industries compétitives et des emplois de qualité, qui sera présenté dans les 100 premiers jours du nouveau mandat de la présidence d’Ursula Von der Leyen.

« Nous devons aider notre industrie à passer le cap de la décarbonisation par l’innovation et à en faire un avantage concurrentiel. C’est pourquoi nous devons agir sur tous les principaux leviers à notre disposition : faire baisser les prix de l’énergie, mobiliser les investissements publics et privés, améliorer l’environnement des entreprises et réduire les formalités administratives inutiles. Nous avons besoin de plus de compétences, car les technologies ne valent que ce que valent les personnes qui les conçoivent, les produisent et, bien sûr, les exploitent. Nous devons intensifier l’investissement dans les compétences et amener davantage de personnes sur le marché du travail, dotées des compétences nécessaires à la transition propre et numérique. Enfin, n’oublions pas que pour être compétitifs, nous devons être résilients. Nous avons subi de nombreux chocs ces dernières années et nous avons travaillé à la construction de chaînes de valeur industrielles plus robustes, en particulier en ce qui concerne la sécurité de l’approvisionnement. Les concepts clés ici sont l’accès aux matières premières critiques et aux composants essentiels, des réseaux énergétiques et numériques solides, pour n’en citer que quelques-uns », a également déclaré la présidente de la Commission européenne.

Source : Commission européenne