Europe

Sortir de la dépendance aux énergies russes

Énergie. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la Commission européenne a annoncé le paquet de textes visant à garantir l’indépendance énergétique de l’Union européenne alors que la Russie fournissait environ 45 % des importations de gaz et 25 % des importations de pétrole de l’Union européenne.

Lecture 4 min
Crédit : Photoangel

Baptisé “REPowerEU”, ce nouvel ensemble de textes inclut des actes législatifs, des recommandations, des directives et des stratégies qui forment un plan à 300 milliards d’euros pour que l’Union européenne puisse se passer des énergies fossiles russes. Par ce plan de bataille l’Union européenne franchit une nouvelle étape. Ce plan de bataille, étape supplémentaire vers l’indépendance énergétique doit être financé par des fonds existants et notamment par les 225 milliards d’euros de prêts inutilisés issus du programme de relance européen, qui avait été mis en place pour faire face à la pandémie liée à la Covid-19. Une somme supplémentaire de 20 milliards d’euros proviendrait du système d’échange de quotas d’émission tandis que les pays auront droit de transférer jusqu’à 12,5 % de leurs fonds de la politique de cohésion et 7,5 % de leurs fonds agricoles vers des projets “REPowerEU”.

Le plan dévoilé par la Commission s’appuie sur quatre piliers : économiser de l’énergie, remplacer le gaz russe par d’autres combustibles fossiles, promouvoir l’énergie verte et financer de nouvelles infrastructures comme des pipelines et des terminaux de gaz naturel liquéfié. La priorité est donc de diversifier les sources d’approvisionnement et d’investir dans des nouvelles infrastructures gazières afin de se libérer au plus vite des énergies fossiles russes dans l’optique d’une menace de coupure généralisée à brève échéance. L’objectif est désormais de se passer des énergies fossiles russes à plus de 70 % d’ici à la fin 2022 et intégralement d’ici à 2027. Les États-Unis pour l’essentiel, mais aussi la Norvège, le Qatar ou encore l’Algérie sont en mesure de fournir plus de gaz à l’Europe, et pour faciliter cette diversification la Commission propose aux États membres de négocier en leur nom, et sur la base du volontariat, des achats de gaz.

Une entorse au Green Deal

À la clé, des prix plus bas et surtout la possibilité de ne pas tomber dans une nouvelle dépendance au gaz naturel liquéfie (GNL) en signant des contrats qui courraient sur un grand nombre d’années. Cette réorganisation de l’approvisionnement nécessite des investissements en infrastructures, notamment en Allemagne et en Europe centrale et orientale, pour distribuer le GNL et le dégazéifier. Le pétrole doit également dans une moindre mesure bénéficier de financements européens. Environ deux milliards d’euros des 300 milliards d’euros du fonds “REPowerEU” seraient consacrés aux infrastructures pétrolières afin d’aider les pays enclavés de l’Est à se détourner du brut russe.

Pour certains, ces investissements dans les énergies fossiles constituent une entorse au Green Deal et à son objectif de neutralité carbone en 2030. Afin de tenir ses engagements, la Commission a également proposé de faire passer l’objectif climatique pour les énergies renouvelables de 40 à 45 % d’ici à 2030 et celui pour l’efficacité énergétique de 9 à 13 %. Les propositions de la Commission doivent désormais être discutées et adoptées par le Parlement et le Conseil de l’Union européenne.