Hommes et chiffres

Susanne Svensdotter met le turbo sur l’hydrogène

Énergie. TurboH2 est un concept de turbogénérateur capable d’utiliser plusieurs types de carburant avec un minimum de changement physique dans le moteur, afin de faciliter la transition énergétique.

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Photo de Susanne Svensdotter
(Crédit : Sonia Blanc)

Susanne Svensdotter est née en Suède, où elle a obtenu un doctorat en turbo machine. Elle s’est ensuite illustrée en Angleterre en travaillant sur des moteurs d’avions pour la firme Rolls Royce pendant sept ans. Mariée à un Français, elle a rejoint Le Creusot en Saône-et-Loire et occupe pendant 14 ans différentes fonctions de R&D au sein d’une filiale française de Baker Hughes (anciennement General Electric).

En 2022, Susanne Svensdotter profite d’une rupture conventionnelle pour reprendre des études en business et entrepreneuriat : « je voulais sortir de la pure R&D, avec l’envie de créer ma propre entreprise. C’est à ce moment que j’ai rencontré Yves Charles, un ingénieur en robotique qui travaillait à Montceau-les-Mines sur un projet, baptisé Avionéo, de taxi volant comme solution de mobilité efficiente, capable de limiter son impact environnemental. Il avait besoin de quelqu’un pour travailler sur la motorisation. J’ai trouvé l’aventure intéressante et je l’ai rejoint ».

De longues années de développement

C’est ainsi qu’est né le projet TurboH2. « L’objectif est de réaliser un turbogénérateur capable d’utiliser plusieurs types de carburants (bio/H2/fossiles) sans pour cela avoir besoin de changer toute l’infrastructure de la chambre de combustion du moteur. Le dispositif devra être très optimisé à moins de 50kW. Son haut rendement et ses très faibles émissions permettront de limiter les impacts négatifs et de lutter contre les gaspillages. Particulièrement sobre, il répondra ainsi aux défis climatiques et aux pénuries énergétiques émergeantes », précise l’entrepreneuse qui espère proposer un produit final d’ici une dizaine d’année.

« Destiné d’abord à des applications aéronautiques légères particulièrement strictes. Nous devons répondre à beaucoup d’aspects législatifs et à bon nombre de tests de sécurité, ce qui allonge d’autant la durée de développement. Nous devrions pouvoir développer un prototype d’échangeur de chaleur dans trois ou quatre ans. Nous avons déjà réalisé des premiers tests encourageants sur une chambre de combustion multicarburant avec l’École d’ingénieurs automobile, aéronautique et transports (ISAT) de Nevers », explique Susanne Svensdotter qui est entrée en incubation chez Deca BFC, organisme dont elle loue notamment le réseau : « par leur apport de conseils, de contacts et de formations, ils guident notre parcours. C’est quelque chose de fondamental, sans cela on se sent perdu ». Environ 400.000 euros ont déjà été investis dans ce projet qui devrait obtenir prochainement une bourse French Tech.