Hommes et chiffres

Augustin Guillot a les bons codes du déblocage scolaire

Education. Avec l’ouverture à Besançon de son cabinet CAP’ELOdys, cet agrégé de lettres propose une prise en charge innovante des élèves en difficulté d’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

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Photo de Augustin Guillot
(Crédits : JDP)

Selon la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Éducation nationale, les tests 2024 d’entrée en sixième montrent que plus d’un élève sur quatre, à ce niveau de la scolarité, présente des difficultés avec la lecture, la compréhension de l’écrit et de l’oral. À Besançon, Augustin Guillot, agrégé de lettres, ancien inspecteur pédagogique de l’académie, propose une prise en charge pédagogique originale et innovante pour ces élèves. Il a ouvert un cabinet dans le quartier des Chaprais et a rejoint le réseau d’orthographothérapie CAP’ELOdys, qui développe sur tout le territoire national cette pratique née en Bourgogne Franche-Comté. « Cette approche, fondée sur des travaux de linguistes et de praticiens, combine la graphie (travail sur les réflexes archaïques, les postures du corps et la chasse aux gestes parasites), l’orthographe et l’écriture au service de la lecture. Elle a été mise en place par une enseignante dijonnaise, Celine Sauvageot, qui s’est basée sur les travaux d’un autre professeur des écoles aujourd’hui à la retraite : Jacques Delacour », explique Augustin Guillot qui a également passé 20 ans à enseigner au collège et au lycée. « L’idée défendue par Jacques Delacour dans sa méthode baptisée “écrilu” a la particularité d’inverser la façon de voir les choses en prenant comme entrée dans la lecture : l’écriture. On part ainsi de l’encodage du langage, avec cette intuition qu’il est plus facile d’apprendre à coder des sons en une ou plusieurs lettres que d’apprendre à décoder un texte : la lecture est un effet secondaire de l’écriture ».

De Rapides Progrès

Le français est une langue dite « opaque », car elle n’entretient pas de réelle correspondance entre la graphie et les sons. « Notre alphabet comprend 26 lettres pour 36 phonèmes. Notre méthode consiste à réunir dans un tableau de 36 cases (une par phonème) tous les différents types de codages existants pour un même phonème. L’élève est invité à composer des mots avec ces codes à l’aide d’une baguette : ces mouvements du corps viennent entrainer ainsi son cerveau », développe Augustin Guillot. Les progrès sont spectaculaires chez les enfants, les adolescents, voire les jeunes adultes, même lorsqu’ils sont diagnostiqués dyslexiques ou dysorthographiques. « De réels progrès sont constatés dès la troisième ou quatrième séance et en moyenne, de dix à quinze séances, espacées de 15 jours, suffisent pour régler les principales difficultés ». La prise en charge n’est pas médicale, elle est pédagogique. Mais elle accompagne efficacement, sur un autre champ, les suivis orthophoniques quand ils existent. Les séances durent une heure, en présence, pour les plus jeunes, d’un parent qui peut prolonger la pratique à la maison. Le coût de la séance est de 60 €, matériel compris. À 59 ans, Augustin Guillot a pour principale ambition d’être utile, d’aider à gérer des parcours individuels difficiles, ce qui s’avère être une quasi-impasse pour l’école. « Quand on est en difficulté, il ne s’agit pas d’augmenter la quantité de ce qu’on fait déjà, mais bien de faire quelque chose de différent », souligne-t-il.