Céline Cazé, de la phobie de la conduite à l’entrepreneuriat du jeu
Loisirs. Son jeu « Conduire sa Vie » s’est imposé comme un outil ludique et pédagogique dont la deuxième édition prouve que l’entrepreneure affirme sa place dans un marché du jeu de société concurrentiel.

Au départ, rien ne prédestinait Céline Cazé à se lancer dans la création de jeux de société. Pédagogue passionnée par les outils de connaissance de soi, elle s’est d’abord confrontée à une peur tenace : sa phobie de la conduite. C’est en la dépassant qu’elle découvre la puissance symbolique des panneaux routiers. « L’idée est venue comme une évidence, raconte-telle. On tient une idée, puis on se lance, et après… Il faut y croire. » De cette expérience intime naît Conduire sa Vie, présenté comme le « Mille Bornes du développement personnel ». Un jeu pensé pour trois publics : les enfants qui découvrent la signalisation, les adolescents qui aiment inventer des histoires, et les adultes qui y trouvent matière à réflexion et à cohésion.
Mais au-delà de la création, Céline Cazé s’est confrontée à une réalité bien plus pragmatique : celle des modèles économiques. La première édition du jeu a bénéficié d’une aide publique de 10.000 €, couvrant les frais de fabrication. Pour la deuxième, elle a fait le choix plus risqué de produire elle-même 2.000 exemplaires. « Si j’arrive à écouler mon stock, j’ai des prix négociés d’achat et je garde un euro sur la vente, plus un euro de droits d’auteur », explique-t-elle. Un pari qui engage ses fonds propres, mais qui ouvre aussi la perspective d’un meilleur retour sur investissement.
Une créatrice face aux défis d’un marché disputé
L’aventure de Céline Cazé ne se résume pas à un produit : c’est aussi une trajectoire d’autrice-entrepreneuse. Après neuf mois de travail à temps plein sur son projet, elle a intégré le catalogue de l’éditeur Le Souffle d’Or, un gage de crédibilité et de diffusion nationale. Reste que la concurrence est rude. En France, le marché du jeu de société, estimé à 1,5 Md €, est dominé par des éditeurs capables de proposer des titres à 13 €. Avec un prix public fixé à 24 €, Conduire sa Vie doit se distinguer par sa valeur ajoutée pédagogique et symbolique.
Cette singularité, Céline Cazé la revendique. Son jeu est pensé comme un outil hybride : moyen ludique pour apprendre le Code de la route, support de travail pour les enseignants, brise-glace pour les formateurs ou encore ressource pour les thérapeutes. Une polyvalence qui lui permet d’atteindre des communautés variées et de fidéliser ses joueurs. Pour l’autrice, c’est aussi une manière d’assumer sa double casquette : créatrice passionnée et entrepreneuse attentive aux réalités économiques. « Mon envie, confie-t-elle, c’est que le jeu aille au-delà des initiés et trouve sa place dans le grand public, dans les magasins spécialisés. »
Avec cette deuxième édition enrichie, Céline Cazé espère franchir un nouveau cap. Plus qu’un simple succès commercial, Conduire sa Vie illustre le cheminement d’une créatrice bourguignonne qui, en transformant une peur personnelle en moteur créatif, a trouvé une place singulière dans un marché ultra concurrentiel.