Christophe Gay repêche la littérature oubliée
Littérature. Dans la Nièvre, la maison d’édition « Poisson d’Or » s’est donnée pour mission de rééditer les textes oubliés sur la Bourgogne.
Si Raoul Toscan ou Robert Bucheton ne sont pas restés dans la mémoire populaire, ils sont pourtant des noms qui ont marqué le patrimoine littéraire et le récit régional dont les bibliophiles raffolent. C’est ce patrimoine écrit que la maison d’édition Poisson d’or, créée en octobre dernier à Breugnon, près de Clamecy, (Nièvre) veut remettre au goût du jour. Six associés (dont le réalisateur Jacques Tréfouël) sous la houlette de Christophe Gay – ancien libraire à Vézelay - entreprennent donc un travail d’archéologie culturelle : « Parmi nous, il y a Pierre Collantier, bouquiniste à Clamecy et c’est en voyant des livres oubliés mais importants pour l’histoire de la Bourgogne ou recherchés par les bibliophiles, que nous avons eu l’idée de les rééditer », explique Christophe Gay. Une aventure certes risquée dans le contexte actuel de l’édition régionale qui voit davantage de fermetures que de créations, mais une aventure payante.
Une édition biosourcée
Le premier livre – Voyage en Bourgogne de Robert Desnos, un road-trip entre Chablis et Nuits-Saint-Georges extrait d’un recueil publié en 1947 – sorti en octobre dernier est déjà en réimpression : « Nous en avons vendu la moitié à Paris et la moitié dans la région ». Le prochain ouvrage à paraître (À l’hôtel du Lion d’or Vézelay – 1900) est une oeuvre de Raoul Toscan, un poète et journaliste originaire de Buenos Aires ayant vécu à Nevers. Enfin, les mémoires de Robert Bucheton, intitulées Un maquis dans la ville et publiées initialement à une vingtaine d’exemplaires en 1974, feront l’objet de la troisième publication. Bucheton, secrétaire de mairie à Clamecy puis à Nevers, était également un grand résistant, et cette réédition coïncidera avec les commémorations des 80 ans du débarquement.
Au-delà d’extraire la littérature sur la Bourgogne de l’oubli, la jeunemaison d’édition s’attache autant à montrer que la filière - certes confidentielle – est aussi une dynamique économique locale : « La mise en page est réalisée par le graphiste Renaud Scapin à La Charité-sur-Loire et l’impression par Laballery à Clamecy ». Une économie locale qui rappelle le temps béni des « Libraires éditeurs » de la première moitié du vingtième siècle. Un secteur qui, après avoir connu un demi-siècle d’industrialisation, renoue avec la proximité.
Une activité économique qui frôle presque avec la philanthropie : « Avec la guerre en Ukraine, le prix du papiera explosé (+30%, NDLR) et nous ne gagnons pas d’argent ». Pas d’argent, mais une fortune tout aussi estimable et importante à notre époque : la mémoire et les témoignages de la Bourgogne d’hier…