Hommes et chiffres

Cluny : les Arts et métiers luttent contre le gaspillage alimentaire

Innovation. Dans le Doubs, l’usine Poulaillon, qui produit du pain industriel, expérimente la FlourBox pour transformer les invendus de production.

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(Crédits : LE BLÉ DU COEUR / POULAILLON)

Quatre étudiants des Arts et Métiers de Cluny ont souhaité revaloriser les invendus de pain pour en faire une farine écoresponsable et solidaire à travers l’association le blé du coeur. « On est parti du constat que 13 % du gaspillage alimentaire en France provient du pain tandis que 16 % des Français, ne mangent pas à leur faim », explique Jonas Caillet, étudiant en dernière année.

Ils ont imaginé FlourBox, une micro-usine conteneurisée, connectée et autonome, capable de transformer les produits affichant un défaut de poids ou de forme. Chaque jour ces invendus représentent environ 3 % de la production industrielle. « Pour une boulangerie semi-industrielle, ça représente 400 kilos par jour mais ça monte à 2 tonnes quotidiennes pour un industriel. Notre solution revalorise jusqu’à 300 kilos par heure. » Dans le conteneur, le pain est tranché, séché, broyé, ensaché puis contrôlé. L’équipement assure un relevé en temps réel de la température et de l’humidité pour s’adapter. En sortie, les étudiants obtiennent une solution avec une granulométrie entre la farine et la chapelure qui convient à la préparation de pâtisserie ou à la chapelure. « L’objectif est de donner 50 % de cette farine à la banque alimentaire et de vendre le reste pour financer le projet et sa maintenance. »

Une expérimentation in situ

Pour faire la preuve de leur concept en milieu industriel, Jonas Caillet et ses camarades se sont tournés vers l’industrie Poulaillon. L’entreprise compte quatre sites dont une usine à Saint-Vit dans le Doubs qui produit dix tonnes de pain industriel chaque jour. « Ils cherchaient une entreprise pour tester la FlourBox tandis que chaque jour nous avons 350 kilos de production non conformes », précise Magali Poulaillon, directrice générale déléguée du groupe Poulaillon.

Pour traiter ces invendus d’usine, la responsable avait majoritairement recours à la méthanisation ce qui lui coûtait 18 € par bac de 660 litres. « La FlourBox nous demande un peu de temps mais répond au casse-tête du traitement des déchets. Cela porte aussi une dimension sociale et c’est motivant pour les équipes que les produits non conformes soient transformés. »

Convaincue des débouchés potentiels de la FlourBox, Magali Poulaillon envisage d’installer la version finale de la solution dans son usine de Wittelsheim en Alsace qui produit quotidiennement 30 tonnes de pain industriel. De leurs côtés, les étudiants ambitionnent de créer l’agence française de revalorisation des invendus de pain afin de piloter une filière nationale autofinancée. En attendant, la FlourBox pourrait être déployée dès 2026.