Du pain sur la planche pour Ylian Nuytten

Au départ, rien ne destinait Ylian Nuytten à manier la pelle et le laminoir plutôt que les manuels scolaires. Après son brevet, il s’oriente vers une filière générale, sans réelle idée de ce qu’il veut faire. À l’époque, il hésite entre la boucherie, la restauration et la boulangerie. Il enchaîne les expériences, mais c’est la farine qui finit par lui coller aux mains et au coeur. En avril 2023, il pousse la porte de la boulangerie Laurent Bisson, à Chevannes, pour un stage. L’expérience se transforme rapidement en opportunité. « Ils m’ont proposé un contrat, et j’ai tout de suite accepté ». Deux ans plus tard, le jeune boulanger a obtenu son CAP et entamé un brevet professionnel.

Le jeune homme travaille désormais à plein temps dans cette maison réputée, connue pour son exigence et la qualité de ses produits. Le goût du travail bien fait, Ylian Nuytten le cultive chaque jour. « Ce que je préfère, c’est la fabrication du pain. Il faut faire attention à tout : la fermentation, la texture de la pâte, la cuisson... ». La viennoiserie, aussi, le passionne, croissants, brioches, pâtes levées feuilletées… « C’est un vrai plaisir de les réussir à la perfection ».

S’il avance vite, c’est aussi grâce à son entourage professionnel. « J’ai eu de très bons formateurs et un maître d’apprentissage exceptionnel. » Laurent Bisson, artisan reconnu et président de la Fédération des boulangers de l’Yonne, veille attentivement sur la progression de son élève. Une transmission de savoir-faire qui dépasse la simple technique, il lui enseigne également la rigueur, la curiosité et le respect du produit.

Le goût de la compétition et de l’effort

Cet automne, l’apprenti boulanger a ajouté une nouvelle corde à son arc, la compétition. Sélectionné par son école, le CIFA de l’Yonne, il participe au concours du Meilleur jeune boulanger de France. Après avoir remporté les sélections départementales puis régionales, il s’apprête à disputer la finale qui se disputera du 18 au 20 novembre à Nancy. Depuis le mois d’août, il se prépare intensément. « Je me suis entraîné presque tous les jours. J’ai appris énormément de nouvelles techniques et rencontré plein de gens qui m’ont tiré vers le haut. » Pour lui, l’expérience dépasse le simple cadre du concours, elle symbolise l’apprentissage du travail acharné, de la précision et de la gestion du stress.

S’il avoue ressentir une certaine pression à l’approche de la finale, Ylian Nuytten garde la tête froide. « Si je gagne, ce sera formidable. Si je perds, ce sera une belle expérience. » Une maturité rare, nourrie par l’exigence du métier et l’envie constante de progresser.

L’avenir, lui, reste ouvert. Une fois son brevet professionnel en poche, le jeune homme envisage de voyager pour découvrir d’autres boulangeries et de nouvelles techniques. « Pourquoi pas ensuite tenter les Meilleurs Boulangers de France ? Mais le but reste avant tout d’ouvrir une boulangerie, en France ou à l’étranger » glisse-t-il, sourire discret mais ambition palpable. Quelle que soit l’issue de la finale, Ylian Nuytten a déjà trouvé sa voie. Celle de la farine et du feu, de la rigueur et du plaisir.