Frédéric Lathuilière : « Les géomètres-experts ont toujours su faire preuve de résilience et de dynamisme pour s’adapter »
Droit. La semaine dernière se tenaient dans l’Yonne les rencontres interrégionales Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire de l’Union nationale des géomètres-experts (UNGE), le syndicat représentatif de la profession.
Le Journal du palais : Pourquoi avoir choisi l’Yonne, et plus particulièrement Chablis, pour organiser ces deux journées de formations et d’échanges ?
Frédéric Lathuilière : L’an dernier, nous avions déjà rassemblé lors de rencontres interrégionales les adhérents de Bourgogne-Franche-Comté et l’Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) de l’UNGE, ce qui avait donné lieu à des débats constructifs et passionnants. Cette année, nous avons renouvelé l’expérience avec nos homologues du Centre-Val de Loire et avons choisi Chablis, pour sa position de barycentre entre les deux régions. Ce choix coïncide aussi avec la reprise d’activités de la chambre départementale de l’Yonne et le retour des géomètres-experts icaunais dans l’engagement syndical. Cette initiative de réunir deux régions est fort appréciée par nos adhérents et nous avons d’ores et déjà prévu, l’an prochain, d’organiser des rencontres interrégionales avec le Grand Est à Beaune ou à Chalon-sur-Saône.
Jdp : Quel était l’objet de cette session de formation ?
FL : Elle avait pour but d’aborder le projet et la stratégie d’entreprise afin qu’ils correspondent aux souhaits des dirigeants en leur redéfinissant des bases et des objectifs. L’UNGE a aussi pour vocation d’accompagner les géomètres-experts dans leur dimension de chefs d’entreprise. C’est important, parfois, de revisiter les fondamentaux.
Jdp : L’un des sujets qui anime les discussions au sein de la profession est celui du Zéro artificialisation nette (Zan). Quel est votre sentiment après ces deux jours entre confrères ?
FL : Il est vrai qu’il s’agit d’un véritable enjeu pour notre profession puisque les géomètres-experts sont des acteurs essentiels dans l’aménagement du territoire. Cette évolution visant à limiter la consommation d’espaces révolutionne notre approche. Les géomètres-experts vont devoir anticiper ces nouveaux modes d’aménagement. Alors qu’auparavant nos clients nous demandaient d’intervenir dans la création de zones pavillonnaires, il nous faudra, par exemple, demain, œuvrer pour réaménager des friches industrielles, et nous participerons à notre échelle à la prise en compte des enjeux environnementaux en redensifiant les aires urbaines. Je n’ai pas d’inquiétudes particulières. La profession a toujours su faire preuve de dynamisme et de résilience pour s’adapter.
Jdp : L’autre facteur qui pourrait être une source d’inquiétude est celui de la crise immobilière. Qu’en est-il aujourd’hui ?
FL : Si on l’ajoute aux premiers effets de l’effort de non-consommation de l’espace que nous connaissons déjà pour les zones agricoles et forestières, l’augmentation des coûts de la construction conjuguée au durcissement de l’accès au crédit bancaire fait que nous connaissons, il est vrai, une nouvelle crise immobilière alors même, et c’est un véritable paradoxe, qu’il manque encore des logements en France. Certains confrères s’inquiètent mais il faut rappeler qu’avant la crise sanitaire, nous étions quelque peu en surchauffe. Même s’il y a un ralentissement de l’activité, il nous faut prévoir pour être en mesure de répondre aux enjeux de demain, notamment concernant la formation de nos collaborateurs. C’est le discours qu’a tenu Cécile Taffin, la présidente nationale de l’UNGE lors de son intervention à Chablis. Ne baissons pas la garde et restons au rendez-vous de la formation professionnelle.
Jdp : Avec toutes ces évolutions, conjoncturelles ou structurelles, comment imaginez-vous l’avenir votre profession ?
FL : Les géomètres-experts auront du travail dès lors qu’il existe un changement, que ce soit en termes de croissance ou de décroissance. Nous avons tendance à l’oublier parfois mais les géomètres-experts jouent un rôle essentiel celui de garant du droit de propriété et des limites foncières, une mission déléguée par l’État. Les enjeux de territoire sont toujours des enjeux de paix.