Gil Avérous loue la démarche « avant-gardiste » de l’Auxerrois
Aménagement du territoire. Quelques jours avant de réunir ses adhérents en congrès, le président de l’association des Villes de France faisait étape dans la préfecture de l’Yonne, sur le thème de la revitalisation des cœurs de ville, de la réindustrialisation et de la transition énergétique.
Tandis que les coureurs s’élanceront de Tarbes pour l’ultime étape pyrénéenne, le président de l’association représentative des villes de 10.000 à 100.000 habitants achèvera, lui, le 6 juillet, son Tour de France en inaugurant, au Creusot, le congrès national.
En présence, entre autres, de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Gil Avérous présentera les propositions formulées, après plusieurs semaines de consultation, pour que les villes moyennes puissent participer pleinement au mouvement de réindustrialisation des territoires.
« Ce que nous allons présenter au gouvernement est achevé à 95 % et sans vouloir trahir de secret, nous souhaitons plus de visibilité fiscale en élaborant, par exemple, un pacte de fiscalité local entre l’État, les collectivités territoriales et les entreprises », glisse néanmoins le président de l’association des Villes de France.
Avant cela, le maire Les Républicains (LR) de Châteauroux, et président de Châteauroux Métropole, était en visite à Auxerre, mardi dernier, accueilli par son homologue, Crescent Marault. Incarnant à eux deux cette « nouvelle génération d’élus », ils n’ont pas manqué de trouver des similitudes entre les deux territoires et ont affiché une volonté partagée de « recréer du lien et une proximité » avec les instances décisionnaires.
« L’association représente près de 32 millions d’habitants », a souligné l’élu bourguignon. « Les villes moyennes ont un rôle important à jouer dans ce mouvement de démétropolisation et de réindustrialisation que nous connaissons, à travers la mobilité, le logement ou encore la transition énergétique. Nous devons démontrer la capacité de ces villes, mises en réseau, et la valoriser pour qu’elles soient mieux prises en compte au plus haut sommet de l’État dans les politiques publiques. »
Fisac, Zan et H2
En cheminant le centre-ville d’Auxerre, Gil Avérous s’est montré agréablement surpris par « le patrimoine historique exceptionnel et le souci esthétique apporté aux bâtiments » de la cité de Paul Bert, ainsi que par le « nombre important de commerces, malgré une vacance habituelle ».
Ce dernier a, par ailleurs, indiqué qu’il plaiderait auprès d’Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, pour qu’un dispositif similaire au Fisac (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce) soit remis au goût du jour. « Le commerce connaît une évolution et certains secteurs, comme l’habillement, sont en grande difficulté. À l’aune de la transition énergétique, il faut verdir le Fisac d’aujourd’hui. »
Point de crispation chez certains élus, notamment des territoires à caractère rural, le « Zéro artificialisation nette » (Zan) ne semble pas inquiéter outre mesure le président de l’association des Villes de France.
« Nous y sommes globalement favorables afin de limiter l’étalement urbain, tant que cela ne pénalise pas l’industrie. Nos populations sont en capacité d’accueillir de nouveaux projets industriels ce qui n’est pas le cas dans les grandes agglomérations. »
Au programme de la déambulation, la visite de la station d’avitaillement hydrogène a suscité l’intérêt de l’hôte du jour. « Sur ce volet, Châteauroux copie Auxerre, qui est pionnière en la matière. Ce qui se passe dans ce territoire peut servir d’exemple au plan national. »
Dans la préfecture de l’Indre, un projet mixant mobilité et industrie est actuellement sur les rails, mettant en scène les mêmes acteurs que dans le dossier auxerrois.
« C’est une bonne action mais pas toujours une bonne affaire… », tempère Gil Avérous, précisant néanmoins, malicieusement, que les bus à hydrogène étaient fabriqués par l’entreprise Safra, implantée à Albi (Tarn), « une ville moyenne qui appartient à notre réseau ».
De l’audace
Symbole du projet de territoire décennal mis en œuvre par la nouvelle équipe municipale et communautaire, la stratégie technopolitaine AuxR_Green Lab n’a pas manqué d’interpeller le chef de file des villes moyennes, la qualifiant au passage « d’audacieuse » et « d’avant-gardiste ».
« Crescent Marault fait partie de ces élus qui font beaucoup de veilles sur ce qui marche et sur ce qui ne marche pas dans les autres territoires et qui n’hésite pas à adopter une politique multi-interventionniste. »
Quitte parfois à franchir les lignes de partage et à dérouter observateurs et opposition, en adoptant une posture volontariste d’acquisition immobilière, via l’Établissement public foncier (EPF) de Bourgogne-Franche-Comté.
« Maîtriser le foncier n’est pas dans les habitudes des élus mais cela va devenir une ressource essentielle pour accueillir de nouveaux projets. »