Henri Pierre : le « Moderna 2.0 » contre la maladie de Crohn
Innovation. Oragen Therapeutics développe une technologie pionnière visant à administrer des acides nucléiques par voie orale pour traiter les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique.
Henri Pierre, cofondateur de l’entreprise Oragen Therapeutics domiciliée à Besançon, décrit son projet comme « un peu fou, ambitieux, mais tellement porteur de sens ». L’entreprise se positionne ainsi comme le « Moderna 2.0 », mais pour les Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Leur technologie utilise une microparticule unique qui enrobe l’acide nucléique (le principe actif). Cette microparticule conjugue deux propriétés cruciales : la gastrorésistance (protection contre l’acidité gastrique et les enzymes) et le ciblage des zones inflammées de l’intestin, ce qui assure une action locale du médicament et limite l’exposition systémique au reste de l’organisme. « À l’heure actuelle, aucune biotech en Europe, en Asie ou aux États-Unis n’arrive à combiner ces deux atouts. C’est là que se trouve notre innovation », affirme Henri Pierre. Autres avantages clés par rapport aux traitements actuels : la simplicité de l’administration orale et un profil de tolérance amélioré en limitant les effets secondaires systémiques. « De nombreux traitements actuels des MICI, bien qu’efficaces au départ, peuvent entraîner des effets indésirables très rares mais graves et mortels comme des AVC, des cancers ou des infections respiratoires majeures. Pour les patients, ces risques représentent une épée de Damoclès. Avec notre solution, on tend à les libérer de ce poids ».
30 M€ nécessaire avant les premiers tests humains
Créée officiellement cet été, l’entreprise cofondée par les chercheurs bisontins Arnaud Beduneau (professeur de technologie pharmaceutique et Thomas Stalder (pharmacien hospitalier) est actuellement en phase initiale de développement. Notamment soutenue par la Satt Sayens et l’incubateur Deca-BFC, Oragen Therapeutics est en cours de réalisation d’une première levée de fonds d’1M€, afin de financer la sélection du candidat médicament et les études précliniques de toxicité. La société estime ses besoins totaux de financements publics-privés à 30 M€ à 4 ans, pour espérer débuter les premiers tests cliniques sur des humains d’ici 2028. « L’appui de Deca-BFC nous permet d’avancer plus rapidement à la fois sur la partie structuration de l’entreprise et sur la mise en relation avec des investisseurs. C’est un vrai plus ! ».
Bien que profondément ancré localement, l’ambition d’Oragen Therapeutics dépasse la région : « Nous avons une volonté de mettre en avant la recherche locale et d’avoir une société à rayonnement mondial », avance Henri Pierre. La société étudie également des partenariats industriels pour appliquer sa microparticule à d’autres cibles, comme le cancer colorectal et les maladies rares de l’intestin.