« Je n’ai pas de consigne à donner aux parlementaires »
Côte-d’Or. Laurent Saint-Martin, ministre chargé du Budget et des Comptes publics était à Dijon vendredi 22 novembre où il s’est rendu à l’Urssaf et à la direction des douanes.
En marge de sa visite à l’Urssaf de Dijon, où les services lui ont présenté l’accompagnement et le service aux usagers ainsi que les dispositifs de contrôle pour sécuriser le financement de la sécurité sociale et la juste concurrence entre les entreprises, le ministre chargé du Budget et des Comptes publics s’est exprimé, dans un contexte national particulièrement tendu…
Qu’avez-vous retiré de vos échanges avec les différents services de l’Urssaf Bourgogne ?
J’ai eu la confirmation que c’était une très belle administration à la fois force de conseil mais aussi force de contrôle. Je crois énormément et depuis de très nombreuses années dans la capacité des services publics à la fois à être transparents, dans un dialogue de confiance avec les usagers que ce soit dans des problématiques sociales ou fiscales ou d’autres problématiques administratives. On est dans un pays où on a besoin de mieux faire connaître à l’ensemble des usagers que les services publics sont là pour eux. On gagne le consentement à l’impôt, à la cotisation, à tous les types de prélèvements quand on se sent en confiance et accompagnés.
Le corollaire, c’est qu’on ne peut être dans une société de confiance s’il n’y a pas du contrôle et une lutte contre la fraude absolument intraitables. Nos concitoyens ne peuvent pas accepter que la fraude puisse prospérer dans notre pays quand eux sont dans les règles. Je crois que c’est ce que nous faisons au niveau du gouvernement en continuant à investir dans des services publics de proximité, dans la capacité d’être toujours force de conseils - les maisons France Services en sont un exemple le plus parlant – et en même temps en investissant contre les fraudes pour qu’aucun de nos concitoyens ne puissent se dire que dans ce pays, le crime puisse payer.
Comment dans le contexte national (un projet de loi de finances toujours en discussion et la menace d’une motion de censure, Ndlr), le ministre du Budget et des Comptes publics peut-il travailler ?
En allant au contact de ceux qui travaillent tous les jours au service des Français. On est en ce moment dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale au Sénat et pendant que le gouvernement et le Sénat continuent à travailler sur le texte, il est important aussi d’aller voir le terrain. C’est probablement l’illustration la plus concrète qui permette de mieux proposer quand on est un gouvernement et de mieux légiférer quand on est parlementaire. Parfois être « trop en chambre », au sens propre du terme, ça vous empêche de voir comment ça se passe sur le terrain. Même quand on est en pleine période budgétaire, quand on est ministre des comptes publics c’est important d’être sur le terrain… quand on peut ! Je n’ai pas beaucoup de sorties je vous l’accorde, mais quand j’ai une autorisation je la prends.
Il y a des divergences entre le ministre de l’Économie et le Premier ministre, notamment sur les exonérations aux entreprises… Comment vous positionnez vous, sachant qu’il y a cette perspective d’une motion de censure ?
Le Premier ministre l’a dit dès le premier jour : ce texte est perfectible. Rendre perfectible un texte, c’est simplement respecter la base des institutions ! Le gouvernement propose, il y a du débat, même au sein du gouvernement, ce n’est pas un gros mot qu’il puisse y avoir des sensibilités différentes quand on créé un gouvernement de coalition. Je trouve ça sain. Après il y a un débat avec le Parlement qui lui-même amende et modifie. Je lis beaucoup d’articles évoquant l’évolution du texte comme si c’était un problème… mais si on ne veut pas d’évolution du texte, il faut changer de régime ! Concernant les propos du ministre de l’Économie, et ça vaut aussi certain nombre de membres du gouvernement, on a toujours dit qu’on était vigilant sur la notion du coût du travail. Je l’ai dit moi-même depuis plusieurs semaines. La question est de savoir quel équilibre on peut trouver, entre la protection du travail et de l’emploi dans notre pays, de la politique de l’offre qui a fait ses preuves ces dernières années et le redressement des comptes qui est un impératif.
C’est ce compromis là qu’il nous faut trouver et ce dans les prochains jours, parce qu’il y a une commission mixte paritaire mercredi prochain (le 27 novembre, cette CMP examine le projet de loi de financement de la sécurité sociale, Ndlr) qui démontrera, je l’espère, la volonté des députés et des sénateurs de trouver ce compromis. Sur le fond, que ce budget soit un budget de redressement des comptes publics mais qui protège l’activité, l’offre, la croissance et l’emploi, je crois qu’on est tous d’accord là-dessus.
Êtes-vous confiant quant à l’issue de cette CMP ?
Je n’ai pas de consigne à donner aux parlementaires ! Quand je l’étais, je détestais que le pouvoir exécutif me dise ce qu’il fallait faire, donc je ne le ferai certainement pas. Par contre, j’ai confiance en eux pour aboutir à un texte de compromis : je crois que ce serait un signal fort adressé au pays dans un moment où les Français ont besoin d’être rassurés sur l’avenir de ce budget, où on a besoin aussi de montrer que le parlement dans son ensemble travaille à leur service et pour leur avenir, en responsabilité, avec le redressement des comptes publics comme priorité. Je pense qu’il y a une possibilité que cela advienne dès cette CMP. Si ça n’était pas le cas, il y aura une nouvelle lecture !