Jean-Pierre Richard : « Nous misons sur l’hyper-proximité ».
Artisanat. Redéploiement des services, conjoncture économique, formation professionnelle… Le président de l’antenne de l’Yonne de la chambre de métiers et de l’artisanat de Bourgogne-Franche-Comté se montre confiant, mais vigilant, en ce début d’année.
Le Journal du palais : Quels sont les changements qui animent la chambre consulaire ?
Jean-Pierre Richard : La chambre de métiers et de l’artisanat est actuellement en pleine transition. Avec l’adoption de nouvelles orientations comme la suppression des CFE (Centres de formalités des entreprises) au profit de l’INPI (Institut national pour la protection intellectuelle) et la réforme de l’apprentissage, le gouvernement est en train de nous décapiter. La nouvelle loi de finances nous a, par ailleurs, écrêté la taxe pour frais de chambre. Cela représente une perte de 13,5 millions d’euros au niveau national. Nous devons donc aller chercher 80 % de notre budget, notamment dans la formation professionnelle.
Nous allons, par exemple, créer dès septembre un BTS de gestion de la PME à Sens ainsi qu’un Bachelor de responsable de développement commercial. Il existe déjà une formation d’assistant en ressources humaines. En outre, nous allons intensifier notre activité de conseil aux entreprises comme nous l’avons déjà fait avec succès dans le domaine de l’énergie. En parallèle, nous allons mettre en vente notre antenne de Sens.
Jdp : Quelles vont être les nouveautés pour vos ressortissants cette année ?
JPR : Le mouvement de régionalisation nous oblige, à l’inverse, à nous redéployer dans les territoires pour assurer une hyper-proximité. Nous allons développer des permanences dans les EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale) afin de nous rapprocher au plus près des attentes des artisans. Il est à noter que nous sommes des précurseurs dans ce domaine.
Jdp : Quels sont les chiffres de l’artisanat dans l’Yonne ?
JPR : En Bourgogne-Franche-Comté, nous comptions plus de 73.000 entreprises artisanales dont 8.600 dans le département - 38 % dans le secteur du bâtiment, 33 % affiliées aux services, 18 % dans la production et 11 % dans le domaine de l’alimentation. Cela représente plus de 20.000 salariés et 1.200 apprentis. Le nombre d’inscrits augmente, notamment en raison de la constitution grandissante de microentreprises.
Jdp : Quelle est la situation des artisans dans ce contexte économique délicat ?
JPR : La hausse de la facture de l’énergie, du coût des matières premières et l’inflation en général ont impacté tous les corps de métiers. À la chambre de métiers et de l’artisanat, nous avons été en capacité d’apporter des conseils aux TPE et aux PME, notamment en matière de sobriété énergétique et dans l’analyse des clauses de revoyure des conditions de contrat.
Avec Yonne Développement, nous sommes en train de nouer un partenariat pour mettre en place un stage de gestion à la chambre de métiers et de l’artisanat. Nous constatons de plus en plus ce que j’appelle le « phénomène de non-gestionnaire ». L’artisan doit créer un environnement propice à la gestion de l’entreprise familiale et doit mettre fin à l’impréparation constatée lors de la création.