Julia Muller, de la « pause clope » au Festival de Cannes !
Culture. La jeune Icaunaise a joué dans le dernier film d’Hafsia Herzi, « La petite dernière », retenu en sélection officielle du Festival de Cannes qui débute le 13 mai.

Un jour d’automne 2022, Julia Muller descend fumer une cigarette devant la fac. Originaire de l’Yonne, étudiante en deuxième année de licence de cinéma à la Sorbonne, elle est seule ce jour-là. Quinze secondes à peine après l’avoir allumée, une femme s’approche. « Est-ce que tu as déjà fait du cinéma ? » Le ton est direct. Il s’agit d’un casting sauvage pour le prochain film d’Hafsia Herzi, une adaptation du roman La petite dernière de Fatima Daas. Surprise, l’étudiante répond que non, mais que ça l’intéresse. Un deuxième membre de l’équipe arrive, l’écoute, puis lui demande si elle est disponible l’été suivant. On lui donne une petite ardoise, on y inscrit son nom, son âge, sa taille. Une photo est prise, « en mode mugshot », plaisante-t-elle. Quelques semaines plus tard, on la recontacte pour un essai filmé dans un bureau parisien. Aucun dialogue à jouer, seulement une caméra braquée sur elle pendant 25 minutes. « On me posait des questions, et je devais répondre vite, sans réfléchir », se souvient l’étudiante. La jeune actrice ne le sait pas encore, mais cette rencontre marquera le début d’un processus long, flou, parfois décourageant.
Le tournage, enfin
Le projet semble s’éloigner, l’été arrive à grand pas mais pas de nouvelles. Puis, au début de l’été, tout s’accélère. Une comédienne ne convient pas, la réalisatrice pense alors à Julia. Elle est appelée un dimanche soir pour tourner dès le lendemain : elle sera Aurélia. Pas de scénario, pas de texte. Elle envoie des photos de ses tenues, c’est la chef costumière qui choisit. Elle tourne de nuit, dans le bar « La Mutinerie », sous les regards de trois caméras et d’une cinquantaine de membres de l’équipe technique. « C’était une scène de date. J’étais déjà au bar, l’actrice principale arrive. On s’était donné rendez-vous via une appli. Et on improvise. » Puis une scène à la boulangerie, au petit matin. Et un kebab, le lendemain. Elle repart ensuite à Nancy pour de nouvelles scènes.
Depuis, plus de nouvelles. Elle n’a pas encore vu le film, qui a été retenu parmi la sélection officielle du Festival de Cannes, et Julia attend la projection. Mais l’expérience, elle, reste gravée. « J’ai adoré. Le fait d’avoir tous les ascenseurs émotionnels, de ne pas savoir si j’étais prise. Et puis sur le tournage, c’était super sympa », raconte Julia Muller. Elle n’a pas de plan précis, mais sait ce qu’elle veut. « Ce que j’aimerais vraiment, ce serait travailler dans la déco ou l’accessoire. » Elle a gardé les contacts de l’équipe déco et espère que ça lui servira un jour.