Hommes et chiffres

Maires et artisans boulangers en alerte

Artisanat. Ironie du sort, alors que la baguette française est désormais inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, les boulangeries françaises sont au bord du gouffre.

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Boulangerie
« Face à l’augmentation des tarifs de l’énergie, les maires et les artisans-boulangers lancent un grand cri d’alarme ». (Crédit : DR)

C’est une liste morbide à la Prévert à laquelle il semble que nous devions nous habituer, celle des fermetures d’entreprises liées à l’explosion des tarifs de l’énergie. Au seul premier jour de cette année 2023, alors que William Saurin a déjà annoncé la mise en chômage technique de 850 salariés, la boulangerie varennoise près de Mâcon s’est placée en liquidation judiciaire et l’Union des maires des communes rurales de Saône-et-Loire (UMCR 71) lance un cri d’alarme et appelle à « sauver les boulangeries des petits villages ». Pour Jean-François Farenc, son président, l’État doit prendre en charge en moyenne 50 % de la facture d’électricité de ces professionnels dont le montant a été multiplié par cinq, voire, dix.


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Malgré le dispositif d’amortisseur qui prend en charge 20% de la facture, et l’annonce d’une prise en charge pour les boulangers et les bouchers pouvant aller jusqu’à 35% pour les compteurs supérieurs à 36Kva, Jean-François Farenc juge l’aide insuffisante : « Le pain est un produit de base où il y a très peu de marge. Les petites boulangeries de villages ne proposent pas toujours une gamme de viennoiseries ou des services annexes pour faire un peu plus de chiffre. Beaucoup de boulangers me disent qu’ils ne survivront pas à cette hausse des coûts »

Les premiers licenciements à venir

Selon les professionnels, ce sont près de 23 000 boulangeries en France (sur 30 000) qui seraient aujourd’hui en danger. En Saône-et-Loire, ce sont 384 commerces qui, au-delà d’assurer la production d’un produit typiquement français, constituent aussi un lieu important pour les communes : « Dans les villes entre 500 et 1.000 habitants, la boulangerie est parfois le seul commerce restant. Il y a donc un risque de dévitalisation de notre ruralité ». De son côté, Mathieu Secula, président de l’Union départementale des artisans boulangers-pâtissiers de Saône-et-Loire met en garde dans les colonnes de nos confrères d’Info Châlon : « en fait nous sommes tous en vente. On a des repreneurs ici ou là qui étaient intéressés mais les banques n’ont pas suivi, compte tenu des risques qui pèsent sur la professsion. Les refus de prêts se sont multipliés. On fait quoi du coup nous ? On a la double peine ! Pas accès aux financements et des factures énergétiques qui s’envolent. » et annonce déjà une première vague de licenciements dès le début de cette année : « On nous demande de faire des économies, mais on a réduit tout ce qui pouvait l’être. On est à l’ os. A un moment, comment faites vous tourner vos fours ? ».