Olivia Burtheret : redonner de l’autonomie aux patients alités
Start-up. Créée en juillet, la start-up bisontine Aydonie vient d’intégrer le programme Start&Go Deeptech de l’incubateur DECA-BFC pour un projet d’innovation, 100 % made in France, au service de l’autonomie des patients et de la prévention des TMS.
À rebours des clichés qui font de la mécanique un métier d’homme, Olivia Burtheret, diplômée de l’Institut supérieur d’ingénieurs de Franche-Comté, affiche plus de 20 ans d’expérience dans le domaine médical en tant qu’ingénieure conceptrice R&D et chef de projet.
Son parcours couvre l’intégralité du cycle de vie des dispositifs médicaux, de l’idée initiale du praticien jusqu’à la mise sur le marché du produit. Et c’est bien parce qu’elle est sensibilisée aux contraintes du milieu médical qu’en 2023, va naître en elle l’idée de la start-up Aydonie. « J’ai constaté le lourd tribut payé par le personnel soignant, notamment en gérontologie, où les professionnels déplacent les malades de 10 à 15 fois par jour. Ces gestes répétés entraînent des troubles musculosquelettiques (TMS) fréquents, obligeant souvent les soignants à se faire opérer (épaules ou cou), ce qui peut avoir pour conséquence une reconversion obligatoire dès 40-45 ans. De même, j’ai été frappée par l’exemple d’un ami opéré de la hanche, qui, malgré sa convalescence à domicile, est obligé de demander l’aide de sa femme, tous les matins, pour se lever ».
Pour répondre à ce double défi, Olivia Burtheret et son associé, ancien professeur des universités en mécanique, ont développé un produit jugé « inexistant » sur le marché. Ce dispositif, récemment nominé aux trophées de la Silver économie dans la catégorie produit innovant, est conçu pour s’adapter à tous les lits, qu’ils soient en milieu hospitalier ou au domicile du patient. « C’est une technologie de terrain coconstruite avec les professionnels et qui apporte une réponse concrète aux contraintes quotidiennes. Elle permet au patient d’effectuer les mouvements nécessaires au levé sans intervention d’une aide extérieure, assurant ainsi une totale autonomie. Classé dispositif médical de classe 1, cette solution est adaptée pour accompagner de multiples pathologies », précise Olivia Burtheret, qui n’en dira guère plus, secret industriel oblige.
Commercialisation fin 2027
Incubée en juillet 2024 par Deca-BFC, la société Aydonie a été créée en juillet de cette année. La start-up a bénéficié d’une aide de Grand Besançon Métropole et a récemment reçu une subvention innovation de Bpifrance. Deca-BFC a notamment aidé l’équipe, qui compte déjà cinq associés, à bien structurer la start-up : « nous avons eu énormément de formations, ce qui nous a permis de bien identifier les Work package que nous avions à réaliser pour mener à bien notre projet ». Actuellement, une première preuve de concept a vu le jour et le modèle économique semble solide, avec un retour sur investissement prévu en moins de trois ans pour la première gamme de produits.
Le projet se revendique également du made in France. « C’est un engagement fort qui guide l’entreprise : développer le produit et le fabriquer uniquement en France et, pour être plus précis, en Bourgogne Franche-Comté. L’objectif est de s’appuyer sur le réseau local et de limiter la chaîne d’approvisionnement à un maximum de 100 km autour de nos locaux, affirme Olivia Burtheret, ajoutant que c’est aussi un gage d’efficacité et de réactivité ». Le lancement commercial est prévu pour la fin 2027.
Avant cela, un site de production verra le jour entre fin 2026 et début 2027, ainsi qu’une première embauche. Aydonie prévoit un démarrage sur 3.000 unités : « nous avons déjà des clients en attente », pour atteindre très vite la dizaine de milliers de produits.