Quel est le coût réel du changement climatique ?
Environnement. Mardi 5 novembre, le NGFS (Network for greening the financial system ou Réseau pour le verdissement du système financier), a publié le cinquième millésime de ses scénarios climatiques à long terme. L’objectif ? Évaluer, de façon prospective et selon différentes hypothèses, les risques climatiques.
La Banque de France est un membre fondateur de ce réseau lancé lors du Paris One Planet Summit en décembre 2017. Il s’agit d’un groupe de banques centrales et de superviseurs désireux, sur une base volontaire, de partager les meilleures pratiques et de contribuer au développement de la gestion des risques liés à l’environnement et au climat dans le secteur financier, ainsi que de mobiliser des financements publics et privés pour soutenir la transition vers une économie durable.
Les pertes de PIB plus massives que prévu
Ce qu’il faut retenir de cette cinquième phase : les pertes de PIB dues au changement climatique devraient être plus importantes que les estimations précédentes.
Cette évolution tient au fait que les scénarios actualisés s’appuient sur une nouvelle fonction de dommage qui couvre un ensemble plus large d’événements climatiques et saisit les effets persistants des chocs climatiques, en incluant notamment la variabilité des températures, les précipitations annuelles, le nombre de jours humides et les précipitations journalières extrêmes.
Le prix du Carbone alourdi
Outre des prévisions plus alarmistes qu’initialement, c’est l’urgence de mettre en œuvre des mesures d’atténuation du changement climatique qui ressort de cette dernière publication. Ces mesures, qui auraient un coût mineur par rapport au coût du changement climatique, atténueraient considérablement l’impact des dommages physiques sur l’économie. Un prix du carbone d’environ 300 $ par tonne de CO₂ serait nécessaire d’ici 2035 pour inciter à une transition vers le zéro émission nette de carbone d’ici 2050, ce qui représente environ 50 $ par tonne supplémentaire par rapport aux précédentes prévisions.
Pour arriver à ces conclusions, le NGFS a comparé différents scénarios, dont deux extrêmes : « Zéro émission en 2050 », dans lequel le réchauffement de la planète serait limité à 1,5 °C grâce à des politiques climatiques strictes et à l’innovation, afin d’atteindre des émissions nettes de CO₂ nulles vers 2050 ; et « Politiques actuelles », où seules les politiques actuellement mises en œuvre sont conservées, ce qui entraînerait des risques physiques élevés.
Le NGFS a également pris en compte les données les plus récentes sur les trajectoires démographiques et les évolutions du PIB à l’échelle nationale. Le résultat est sans appel : dans le scénario « Zéro émission en 2050 », la perte du PIB mondial en 2050 due aux dommages physiques, selon les données les plus récentes de la recherche en science climatique, serait de 7,3 %, alors qu’elle serait de 14,8 % si aucune mesure d’atténuation supplémentaire n’était prise. Des conclusions qui incitent à l’action et à la coordination internationale afin de limiter les impacts du changement climatique sur l’économie mondiale.