Pour la Banque de France, « la conjoncture de rentrée se tient »
Economie. Une photographie de l’économie en BFC moins terne qu’on ne pouvait le craindre : tel est l’enseignement principal de la prise de parole de Laurent Fraisse, directeur régional de la Banque de France venu présenter à de nombreux chefs d’entreprise les résultats de l’étude annuelle de conjoncture dans notre région.

Une photographie de l’économie en BFC moins terne qu’on ne pouvait le craindre : tel est l’enseignement principal de la prise de parole de Laurent Fraisse, directeur régional de la Banque de France venu présenter à de nombreux chefs d’entreprise les résultats de l’étude annuelle de conjoncture dans notre région.
Basée sur les résultats de 7.887 entreprises dont le siège social est en BFC, l’étude révèle certes un ralentissement généralisé de la croissance des CA (-0,2%, voir ci-contre), avec un repli du secteur industriel (-2,1%) mais aussi une bonne surprise dans celui de la construction (+0,6%) qui se distingue aussi parmi les indicateurs de taux de marge d’exploitation (+ 5,5% pour la construction), deuxième meilleur chiffre après celui du secteur des services aux particuliers (+7%). Néanmoins, remarque la Banque de France, « les marges brutes sont défavorablement impactées malgré l’amélioration de la richesse créée ».
À regarder de près l’évolution de la capacité bénéficiaire par secteurs entre 2023 et 2024, les indicateurs tous secteurs confondus sont négatifs (- 0,3 point de taux de marge brute, - 0,4 point de taux de marge d’exploitation). Là encore, le secteur de la construction tire son épingle du jeu, puisqu’il est le seul à afficher des taux positifs, tant en taux de la valeur ajoutée (+1,2 points) qu’en taux de marge brute (+0,6 point) et surtout de marge d’exploitation (+0,5 point). « Ce secteur assez inerte est tiré par le second oeuvre, analyse Laurent Fraisse, le parc locatif de BFC étant parmi les plus dégradés du territoire national ».
Au global, 51 % des entreprises ont une baisse de leur marge brute, les entreprises de la construction affichant l’indicateur le moins négatif (46 % des entreprises déclarant une baisse de leur marge brute) en comparaison des secteurs du commerce et de l’industrie, 53 % des entreprises de ces deux secteurs déclarant une marge brute dégradée en 2024. À noter que les entreprises de taille intermédiaire (ETI, entre 250 et 4.999 salariés) de BFC s’en sortent mieux, puisqu’elles affichent une baisse de marge brute globale de -2,4 %, bien moins que les PME (-4,8 %) et les grandes entreprises d’au moins 5.000 salariés ou ETI hors BFC (-5,6%).
Moins de salariés... mais plus chers
Du côté des salariés précisément : si la pression des effectifs est au global relativement faible (+0,5 % de variation entre 2023 et 2024), avec un indicateur dégradé dans le secteur des services aux entreprises (-1,5 %) et positif dans celui du commerce (+2 %), les variations de charges de personnel sont à la hausse, suite aux revalorisations salariales de 2024. Les chiffres de la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail) révèlent en effet qu’au niveau national, le salaire mensuel de base dans le secteur privé a augmenté de 2,8 % en 2024, alors que, dans le même temps, les prix à la consommation ont chuté à 1,2 % l’an dernier, ce qui indique une hausse réelle des salaires de 1,6 % en euros constants.
Ainsi en BFC, la pression salariale a crû de + 1,6 K€ par salarié tous secteurs confondus, avec des hausses significatives dans l’industrie (+ 1,9 K€), les services aux entreprises (+ 2 K€) et les services aux particuliers (+ 2,3 K€), entre 2023 et 2024. Pour autant, les structures financières se maintiennent et les défaillances d’entreprises sont stables dans notre région (voir ci-dessous).
Au niveau macro, l’activité économique reste positive et le chômage mesuré, « malgré les aléas liés au contexte national : il est urgent d’avoir une loi de finances pour avoir une trajectoire plus claire pour les chefs d’entreprises », conclut Laurent Fraisse. Interrogé sur les perspectives de voir peser davantage de pression sur les chefs d’entreprises, le directeur régional de la Banque de France s’aligne sur les positions du gouverneur qui estime qu’un dispositif comme celui proposé par l’économiste Gabriel Zucman (impôt plancher de 2 % sur les patrimoines, financier et immobilier supérieurs à 100 M€) n’est « pas le bon outil ». En revanche, il a rappelé que la poursuite de l’objectif d’une dette publique à 3 % du PIB en 2029, pierre angulaire des projections de l’institution, était « indispensable », avec un palier à 5,4 % en 2025.