Acteur de renommée désormais internationale, Alban Lenoir est probablement l’artiste dijonnais le plus célèbre de la planète, en témoignent ces récents succès tels que Balle perdue et surtout AKA, quatrième film « non-anglophone » le plus vu au monde sur Netflix avec plus de 60 millions de visionnages. Une success story à la française pour un Dijonnais qui a dû travailler dur pour trouver sa place, à ses débuts de son propre aveu, « pas un super comédien ».
Ses premiers pas dans le septième art, Alban les fait dans son adolescence, avec de modestes court-métrages « entre potes ». À 16 ans, il aiguise ses connaissances cinématographiques alors qu’il travaille dans un vidéoclub, aujourd’hui fermé, boulevard de la Trémouille à Dijon. L’année suivante, Alban prend le train direction le festival de Cannes.
Là-bas, personne ne l’attend, mais le jeune homme, « filou », parvient à se faufiler dans les soirées les plus huppées, aux côtés des plus grands noms de l’industrie. « Tu n’as rien à perdre du moment que tu restes respectueux. C’est 30 secondes de courage qui peuvent changer ta vie ». Mais dans l’immédiat, la vie du jeune Alban ne change pas. De retour à Dijon, il se fait la promesse d’un jour revenir à Cannes, et ce jour-là, on l’y attendra.
Un long chemin
Un peu fâché avec l’école, Alban fait des pieds et des mains pour partir à Paris poursuivre son rêve. À l’usure, sa mère qui l’élève seule, accepte de l’y envoyer ; à 17 ans, Alban Lenoir, son fils unique, découvre la capitale. Vingt-cinq ans plus tard, l’acteur ne regrette pas sa décision, « ce n’est pas à Dijon que j’aurais pu percer », sourit-il sans désamour aucun pour sa ville natale.
Mais à Paris, tout ne se passe pas comme prévu, il fait le Cours Florent mais ne s’y retrouve pas. Il entretient alors son rapport au cinéma de différente manière : « j’ai enchaîné beaucoup de petits rôles de figurant (environ 300 entre ses 18 et 25 ans ! ndlr), toujours en osant et avec quelques anecdotes marrantes. Mais j’ai galéré pendant cette période », se souvient le Dijonnais.
Sa volonté et sa persévérance finissent par payer quand Alexandre Astier lui donne un rôle dans Kaamelot. Alban Lenoir devient alors un personnage récurrent de la quatrième saison de cette série culte, qui marque certainement un premier virage dans sa carrière ; « c’était ma première occasion de passer de figurant à acteur ».
Quelques années plus tard, il se lance avec Simon Astier, le demi-frère d’Alexandre, dans la série Hero Corp : « Simon est un ami d’enfance. On était ensemble au collège à Dijon. On s’est recroisés par hasard à Paris et on a commencé à créer des petits trucs ensemble, puis Hero Corp ».
Alban joue le rôle de Klaus « Force Mustang », le héros voulant devenir l’homme le plus fort du monde – nouveau virage pour l’acteur. Mais le grand tournant, Alban Lenoir le connaît en 2015, à 35 ans. Il se révèle au monde du cinéma en jouant le premier rôle du film polémique Un Français, qui plonge le spectateur dans l’histoire de Marco, un skinhead en voie de rédemption. « J’avais déjà le rôle mais j’ai appris que Michaël Laguens, directeur de casting, faisait des auditions. »
« J’ai insisté pour remettre mon rôle en jeu, car je voulais prouver que je le méritais. Avec le recul, c’est lui qui a vraiment lancé ma carrière, alors que j’aurais pu l’arrêter avant même qu’elle ne commence ! »
C’est à partir de ce moment-là que l’acteur dijonnais connait une ascension fulgurante : il joue la même année dans Antigang avec Jean Reno, et l’année suivante dans Brice de Nice 3 avec Jean Dujardin. Mais son plus grand fait d’armes, Alban Lenoir le signe en 2018 aux côtés de Marion Cotillard dans le film Gueule d’ange, présenté au festival de Cannes. Cette fois-ci, le Dijonnais monte les marches et on l’y attendait, la boucle est bouclée.
L’expérience et la maturité
Aujourd’hui tête d’affiche d’Antigang, la relève, sorti en exclusivité sur la plateforme Disney+ le 25 août dernier, celui qui rêvait dans sa jeunesse de films hollywoodiens et de célébrité voit désormais les choses autrement : « j’ai décidé de faire ce qui me plaît, résume Alban Lenoir. Quand je sors d’un tournage, je m’en fiche de savoir si ça va fonctionner ou non, le principal c’est que j’en sois fier. Aujourd’hui, je refuse des scénarios à Hollywood ; je n’ai plus l’ambition d’arriver “là-bas”, mais simplement celle d’avancer ».
C’est dans cette logique que l’acteur souhaite se diversifier davantage : « Il n’y aucun genre qui m’arrête, c’est une question de temps, d’opportunité et d’envie. Je ne veux pas être catalogué comme “le mec qui fait des films d’actions“, insiste-t-il, bien qu’il soit un grand défenseur du genre. On voit de moins en moins de film d’action français, pas pour des questions de talent mais de budget. C’est pour cette raison qu’on passe par les plateformes : sans Disney+, Antigang, la relève n’aurait jamais vu le jour. »
Aujourd’hui, Alban Lenoir apparaît comme un acteur ambitieux, reconnaissant du chemin parcouru. S’il devait tout recommencer, il le ferait de la même manière ; « encore aujourd’hui je me force à être filou, oser et sortir de ma zone de confort. Tout n’a pas été simple, j’ai appris qu’il ne faut rien attendre de personne : il faut faire, créer, persévérer, et si t’as du talent, on le verra ».
Profondément Dijonnais
Malgré les sollicitations venues de partout en France et d’ailleurs, Alban Lenoir reste Dijonnais avant tout, et il l’assume. « C’est ici que j’ai mes amis d’enfance, mon cercle très proche. Et bien sûr, ma maman. Cette avant-première (qui a eu lieu le 22 août dernier à Dijon ndlr), c’est un super évènement pour rassembler tout le monde, s’émeut-il. Je connais plus de la moitié de la salle, parfois des gens que j’ai pas vu depuis des années, mais je sais qu’ils sont là. C’est cool de revenir aux sources ».
Les spectateurs d’Antigang, la relève ne manqueront pas le petit clin d’œil d’Alban à sa ville d’origine ; « J’essaye toujours de caler Dijon dans mes films, sourit-il, mais mon rêve c’est de tourner un film de A à Z ici », affaire à suivre…