C’est l’histoire de deux passionnés de sport et d’images, de celles qui créent l’émotion. Leur rencontre, en 2010, se fait sur les bancs de l’IUT Information Communication de Besançon. Et si l’un est bisontin et l’autre dijonnais, tous deux se prénomment Alexandre et sont nés en janvier 1992.
Diplômes en poche, ces frères jumeaux nés sous le signe du capricorne voient leurs chemins se séparer. Alexandre Lamboley quitte Besançon pour s’installer à Paris. « J’ai réalisé un stage de fin d’étude en 2012 comme documentaliste pour la chaîne L’Équipe. J’ai découvert l’envers du décor (Compilation, recherche et indexation d’images vidéo...), ça m’a donné l’envie d’en faire mon métier, d’aller vers la production de documentaires ».
Il restera dans la “maison l’Équipe” jusqu’en 2016. « J’ai été à L’Équipe Enquête, L’Équipe du soir, au live multisport, aux news, aux documentaires... J’ai participé aux questionnements sur la politique documentaire. J’ai géré les droits de diffusion d’événements sportifs, participé à la numération des archives cassettes, collaboré avec les journalistes et monteurs dans la conception de reportages : une riche expérience que j’ensuite étoffée chez RMC Sport, Canal+ et Eurosport. J’ai ainsi passé dix ans à Paris à m’éclater, puis j’ai eu envie de produire pour mon propre compte ».
La Covid sera le déclencheur. En 2020, alors qu’il travaille encore chez Eurosport, il contact Alexandre Bouhand avec qui il avait gardé attaches. Ce dernier, après avoir passé sept ans dans la communication à organiser des projets seul ou en équipe - des Pays-Bas en passant par la France, jusqu’au Canada - est en poste chez Sonofep à Saulon-la-Rue comme responsable marketing et communication.
« Quand Alexandre, m’a parlé de son projet de monter une boîte de production dédiée à la réalisation de documentaires sur le sport, la culture et la société, le tout sous un prisme social, j’ai de suite adhéré. Avec mon père, j’ai été bercé par les documentaires d’Arte et enfant, je m’amusais déjà à faire des petits films via mon smartphone ». En mai 2020, l’association KAA7 voit le jour, synthèse de leur gémellité de prénoms et leur appétence pour la vidéo.
« Notre idée, c’était de mettre en avant des profils atypiques, de confronter les points de vue... On avait envie de faire des documentaires comme on en voit à la télé, de manière indépendante et autodidacte (tournage, montage, post prod, promo et diffusion) sans pour autant avoir en tête l’objectif de gagner de l’argent, d’être une association conteuse d’histoire créatrice de lien social », défend Alexandre Lamboley. Le duo se retrouve alors sur les routes à capturer les images de maitres canins comme de sportifs de haut niveau en qui ils croient et qu’ils mettent en lumière via leur chaîne youtube ou leur compte Instagram (@kaa7_production).
Quartier prioritaire et handisports
Ces passionnés de la bobine se font vite remarquer, le journal de 13 heures de TF1 aura même recours à leurs images tandis que Grand Besançon Métropole et la préfecture du Doubs les soutiennent financièrement sur un projet de documentaire sur le quartier de Planoise. « Le projet Ma cité va briller c’est d’abord une rencontre : celle de Fodé Ndao. Ce champion de Karaté a créé à Planoise un club au service de la jeunesse dans son quartier, un lieu de partage des valeurs du sport avec les générations futures, afin d’accompagner la jeunesse dans la réalisation de ses rêves. On s’est croisé lors de la première édition de La Caravane des pieds d’immeubles en août 2020. Cette porte d’entrée sur Planoise a fait mûrir en nous une volonté de mettre en lumière des structures de soutien à la population installées dans le quartier », se souvient le binôme qui met alors en scène des structures phares impliquées dans le soutien à la population de ce quartier prioritaire de la ville.
« On souhaite mettre l’humain au cœur de nos projet, faire œuvre de lien social. »
« Miroirs du Monde, le théâtre de l’Espace et le Club Sauvegarde de Fodé Ndao sont des entités incontournables. Entre projets éducatifs et de citoyenneté, accompagnement des femmes et de la jeunesse du quartier, soutien aux plus défavorisés ou plus simplement accès au sport à la culture, nous avons faire un focus sur ces acteurs majeurs du dynamisme de Planoise et de l’épanouissement de ses habitants. »
Les deux vidéastes se lancent ensuite dans une série de documentaires autour des thèmes du sport et du handicap à un an des Jeux de Paris. Baptisé Une revanche sur la vie, ce long-métrage de trois fois 28 minutes suit le destin croisé de trois athlètes réunis par un rêve commun, celui d’une médaille d’Or paralympique.
« Maladie de Stargardt, tétraplégie, paralysie du bras, chacun d’entre eux a vu dans le sport une façon de se battre et de relever ce défi. Pour y parvenir, Gwendoline Matos, Corentin Le Guen et Charles Rozoy s’astreignent au rythme du quotidien des athlètes de haut niveau qu’ils sont. Un quotidien que KAA7 Production a pu suivre pendant près d’un an et demi, avec en fil rouge la quête d’une qualification pour les Jeux paralympiques Paris 2024. Ils ont accepté de partager les bons moments comme les plus difficiles, les défaites et les victoires sur et en dehors des terrains et bassins. Une immersion dans des vies faites de discipline, de sacrifices, mais aussi de plaisir, de dépassement, de partage et de beaucoup d’humanité, nous avons croisé les regards de leurs familles, des membres de l’équipe de France, du staff, sillonné la Bourgogne Franche-Comté, posé nos valises à Vichy, Paris... ».
L’ensemble de ce travail a été présenté à Besançon, le vendredi 10 novembre au cinéma du Théâtre L’Espace de Planoise, lors d’une journée évènement liant projection des projets Ma cité va briller et Une revanche sur la vie, à des échanges-débats avec les spectateurs.
« Cette journée est pour nous un moment charnière de notre évolution. C’est l’aboutissement des trois années de vie de l’association KAA7, une vitrine de notre savoir-faire et un point de basculement pour nous projeter vers l’avenir. L’enthousiasme de la salle, la richesse des débats post séance, nous ont conforté dans la vision que nous voulions donner à KAA7, celle de la confrontation des points de vue », confie Alexandre Lamboley qui vient de quitter son emploi à Paris pour pouvoir se consacrer pleinement à son projet de vie cinématographique. « Je vais créer une autoentreprise et professionnaliser petit à petit le concept... ». Gageons que la caméra ne sera jamais bien loin de ses deux amateurs du doc social.