Du haut de son double mètre et fort de son quasi-quintal, Alan Dokossi s’affirme peu à peu comme un élément incontournable de l’effectif de la JDA Basket. Régulièrement challengé, l’ailier de 24 ans spécialiste des dunks époustouflants est habitué à se battre pour sa place, lui qui n’a pas eu un début de carrière comme les autres. Son aventure de basketteur, il la commence sur le tard, à 15 ans. « À cet âge, on est généralement déjà au pôle Espoirs, avec quelques années d’expérience dans le basket, explique Allan Dokossi. Moi, j’accompagnais juste un pote, je n’y connaissais pas grand-chose. À l’époque je faisais surtout de l’athlétisme et un peu de foot ». Mais la greffe est immédiate : « J’ai tout de suite kiffé mais je n’étais pas spécialement bon et je n’étais pas très grand. Au début c’était vraiment “freestyle” : j’essayais surtout de reproduire ce que je voyais à la télé », rit-il. Un an plus tard, le Francilien remporte la « Coupe 93 » avec le club de Tremblay-en-France qu’il venait d’intégrer. « Après, j’étais supposé continuer mon cursus au Canada ou aux États-Unis mais ça ne s’est pas fait du coup j’ai fait une saison blanche ».
Allan a alors 17 ans et passe son baccalauréat. Dans le même temps, son profil intéresse Le Mans et Châlon-sur-Saône, où il part faire des détections. « Les deux se sont très bien passées et j’ai décidé de signer une convention avec Le Mans. » Le jeune homme de 18 ans intègre le centre de formation et s’inscrit en fac de langue, sans réelle conviction. « Je voulais tout miser sur le basket mais je gardais un petit bagage au cas où ça se passait mal ».
La réalité du haut-niveau
Mais au Mans, tout ne se passe pas comme prévu : « Je suis quelqu’un de très jovial qui aime bien déconner de temps en temps. Le problème c’est qu’avec cet état d’esprit, j’oublie qu’il y a de la concurrence et que tu dois gagner ta place au mérite. » Son manque de sérieux ne plaît pas à l’équipe dirigeante et une grave blessure l’éloigne des parquets pendant six mois. « Je n’ai pas vraiment eu le temps de montrer ce que je savais faire alors ils ont décidé de se séparer de moi par manque de résultat, se souvient Allan Dokossi. Avec du recul, ça m’a fait prendre conscience de certaines choses : tu peux rigoler en dehors des terrains mais si tu veux être pro, à l’entrainement et en match il faut être sérieux et rigoureux ».
À 19 ans, Allan tente de se relever non sans difficulté après son premier échec. Il intègre le club de Fos-sur-Mer, promu en Pro A (première division, aujourd’hui Betclic Élite), et joue dans le championnat espoir. Petit à petit, le Parisien connaît ses premières entrées avec le groupe professionnel, mais le club est relégué en Pro B à la fin de la saison. « Je perds du temps de jeu au profit des cadres de l’équipe donc je joue surtout avec l’équipe réserve. Je l’ai un peu mal vécu, c’est frustrant de savoir que tu peux performer mais qu’on ne te donne pas forcément ta chance. » La covid met un terme à sa saison mais son club lui propose de signer un contrat professionnel via une licence AS lui permettant de jouer en alternance avec Fos-sur-Mer en Pro B, et avec Avignon en NM1 (troisième division).
« Quand Dijon t’appelle, c’est difficile de refuser ! »
« Paradoxalement, je performais en Pro B mais pas tant que ça avec Avignon. Au bout de deux matchs les dirigeants ont décidé de ne me faire jouer qu’à Fos-sur-Mer et c’est vraiment là que j’explose : je fais une bonne saison mais je ne la finis pas à cause d’une blessure. On finit quand même premier du championnat ce qui nous permet d’accéder à la première division : naturellement, je décide de rester. » Suite une première partie de saison « mitigée » dû une période d’adaptation à l’élite, Allan s’impose et aide son équipe à se maintenir. « Après cette saison, il me restait un an de contrat mais j’étais censé signé à Pau », avoue-t-il. Finalement, le transfert est avorté et le basketteur poursuit sa progression à Fos-sur-Mer. Allan y confirme son potentiel et après une excellente saison, il s’engage à Dijon en juin 2023. « Mon choix était motivé par plusieurs facteurs : celui de pouvoir jouer une coupe d’Europe – pour situer mon niveau et voir de quoi je suis capable -, et celui de pouvoir intégrer une grande équipe avec d’excellents joueurs, témoigne-t-il. Quand Dijon t’appelle, c’est difficile de refuser ! »
Ambition débordante
Malgré une saison régulière 2023-2024 en dents de scie, à l’issue de laquelle la JDA ne termine qu’à une place des playoffs (neuvième du classement de Betclic Élite), Allan Dokossi et ses coéquipiers remportent la Coupe de France pour la deuxième fois de l’histoire du club. Élément de rotation, l’ailier aspire à une place plus importante au sein de l’effectif dijonnais. « Nous avons une très bonne équipe et le niveau augmente d’année en année, constate-t-il. Dijon, c’est parfait pour progresser. Je fais mes armes ici mais je sais bien que je n’y finirai pas ma carrière. J’espère aller un jour à l’étage du dessus, pourquoi pas à l’étranger mais il faut que je sois prêt. Pour l’instant je suis très bien ici et ça me rapproche aussi un peu de ma famille qui vit toujours à Paris ».
Allan Dokossi nourrit aussi des ambitions internationales, lui qui a choisi de représenter la Centrafrique, pays d’origine de ses parents. « Étant donné que j’ai commencé tard, je suis un peu passé sous les radars de l’Équipe de France. Ils m’ont convoqué quand j’étais au Mans mais je n’étais pas forcément prêt : c’était une période où je ne me sentais pas très bien. Quand j’ai commencé à exploser, je me dis que je pouvais me faire une place dans le groupe des moins de 20 ans, mais malheureusement ils ne m’ont plus rappelé. C’est là que la Centrafrique m’a appelé et j’ai directement accepté. C’est une vraie fierté, et pour mes parents aussi. »
Pour le moment en phase de reconstruction, la sélection centrafricaine est en difficulté sportive mais Allan Dokossi reste confiant : « C’est une période de transition où les anciens passent le flambeau aux plus jeunes. Les résultats ne sont pas forcément là mais on sait que plus tard on aura une bonne ossature et on pourra commencer à vraiment performer. »