Dans la famille Deballon, il se dit que l’entrepreneuriat ferait partie de l’ADN… Fils et petit-fils de chef d’entreprise, Arthur et son frère le sont devenus à leur tour. Pourtant, si le cadet de la fratrie admet avoir « baigné dedans depuis toujours », il ne s’y était pour autant pas prédestiné.
Après avoir fait son collège et son lycée à Carnot, le jeune Dijonnais s’est orienté vers un DUT dans la gestion. Son dada ? La communication… « En 2006, en guise de projet de fin d’étude, mon frère et plusieurs de ses camarades ont créé et organisé le tout premier Vélotour à Dijon, se souvient-il. À l’origine, c’était d’ailleurs une idée de mon père et c’est vite devenu un projet familial, on s’est tous pris au jeu et je me suis retrouvé à aider à la coordination de cet évènement dijonnais. On ne savait pas du tout où on allait ! En tout cas, ça a été pour moi un socle d’expérience qui très vite m’a poussé dans l’entrepreneuriat et la gestion de projets. »
Il organisera même la première édition orléanaise trois ans plus tard. Après un stage de six mois chez TBWA, une agence de communication parisienne, à travailler sur les noms de marques au contact de grands groupes depuis Boulogne-Billancourt, son DUT en poche, il décide de passer le concours d’entrée à l’Iscom : « Je n’y resterai qu’un an, mais j’y ai appris les bases de la communication, le design, concevoir, rédiger un communiqué de presse, faire des projets complets de communication, jusqu’à la fabrication. »
Après une première expérience en agence, il cherche à passer du côté annonceur et décroche un stage à la direction de la communication de KPMG, à la Défense.
« Je n’ai pas eu le truc de me dire : “tiens, je vais finir chez l’annonceur”. À vrai dire, entre les deux, je ne savais pas… J’ai donc passé le concours du Celsa en vain. J’avais envie de découvrir le journalisme. J’avais d’ailleurs candidaté pour un stage à France Inter. Les médias m’intéressent beaucoup. »
Investi et résilient
De retour à Dijon, il s’inscrit à une formation autour des médias à l’IUP et, pendant l’été, vient prêter main forte à son père, propriétaire d’AVS Réseaux et AVS Communication. « Notre père ne nous a, mon frère et moi, jamais imposé ni jamais demandé de reprendre l’entreprise », confie-t-il.
Si rien ne le prédestinait à reprendre AVS Communication, il l’intègre finalement en 2010 avec pour objectif de la développer. « L’entreprise était à l’époque en difficulté… Je lui ai proposé de venir lui filer un coup de main. J’ai d’abord refait le site internet et je me suis pris au jeu. »
Embauché l’année suivante, son père lui laisse rapidement les rênes : « La passation a été quasi-complète. Ce que je ne maîtrisais pas au départ, c’était la relation avec la banque et les salaires… les premières années, c’est mon père qui gérait les augmentations. »
« Fils de chef d’entreprise, petit-fils de chef d’entreprise et même frère de chef d’entreprise, j’ai vraiment baigné dedans depuis toujours. »
Impliqué dans son nouveau rôle de gérant, Arthur Deballon apporte sa touche et, avec ses collaborateurs, fait grandir AVS Communication en regardant le marché et en écoutant les fournisseurs et les clients.
« Quand j’ai repris l’entreprise, on faisait à peu près 800.000 euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, avec 25 collaborateurs, nous faisons un peu plus de trois millions d’euros, en croissance de 15% par an. »
Une des grandes étapes d’AVS Communication a été son déménagement pour intégrer ses nouveaux locaux trois fois plus grands, entièrement rénovés, pour accueillir de nouvelles machines.
« Mais les machines toutes seules ne tourneraient pas ! Si on a d’aussi belles, grandes et rares machines, c’est bien parce qu’on a les compétences des femmes et des hommes qui les pilotent », reconnaît-il.
S’il ne rachète officiellement AVS Communication à son père qu’en 2016, un an plus tard, il rachète un client, Axo Agencement, pour l’intégrer.
« La greffe a bien pris, jusqu’au Covid où on a été foudroyé, se souvient Arthur Deballon. L’année 2020 a été un tournant où il a fallu prendre des décisions difficiles, y compris chez AVS. Je n’ai jamais caché avoir dû licencier pour protéger l’emploi des autres… Et ma grande fierté a été, en 2022, de pouvoir reprendre certains collaborateurs licenciés. »
Après la crise sanitaire, la guerre en Ukraine et la crise inflationniste a de nouveau demandé à celui qui gère ses sociétés en bon père de famille de réagir pour soutenir ses salariés, notamment en mettant en place des augmentations de salaires généralises et de l’intéressement.
« Maintenant, 2023 sera une année importante en matière de développement, notamment pour Axo Agencement qui a doublé son chiffre d’affaires en 18 mois et qui a pris beaucoup d’importance. D’ici 2024, nous allons investir dans du foncier pour pouvoir séparer les deux entités qui sont actuellement dans les mêmes locaux et faire construire deux bâtiments propres à l’activité d’agencement de stands. »
Mille vies en une ?
Si le temps devrait, en apparences, lui manquer, Arthur Deballon arrive toujours à en trouver pour prêter main forte… « J’adorerais avoir milles vies ! J’aime faire des choses qui me bottent, sérieusement mais sans contrainte. »
Attiré par les médias, il a notamment commencé à faire de la vidéo pour Dijon-Santé, avant d’animer une émission économique sur RCF. Aujourd’hui encore, il lui arrive encore de faire de la photo pour certains titres.
Président du Cerclecom depuis 2016, il porte haut et fort les couleurs de la communication en région.
« On vient de dépasser les 200 adhérents et on commence à être un réseau professionnel sectoriel conséquent. Maintenant, l’association va s’ouvrir sur d’autres perspectives et nécessitera une nouvelle équipe », détaille-t-il, évoquant la fin de son mandat qu’il ne souhaite pas renouveler.
Le reste de son temps libre, ce père de deux jeunes filles aime le passer à conseiller des repreneurs d’entreprise et à parrainer des indépendants pour les aider dans leur comptabilité, ou encore la gestion de leurs conflits.
« J’ai moi-même été confronté aux prud’hommes et à des investissements loupés. C’est par l’erreur qu’on apprend et si l’erreur peut en plus bénéficier à quelqu’un… »
Aujourd’hui, celui qui a été juge au tribunal de commerce pendant 18 mois ne cache pas son envie de lever un peu le pied pour partager sa vie avec ses enfants, sans perdre de vue l’envie de se nourrir intellectuellement : « Peut-être que dans dix ans je referai plus de chose parce que mes filles seront ados et auront moins besoin de moi ! ».
Quant à imaginer la succession d’AVS Communication ? « Je ne veux pas l’imposer à mes filles ! Donc ça passera nécessairement par une vente et, je pense, avant qu’elles soient en âge de se poser la question… »