Lunettes sur le nez, cheveux légèrement ébouriffés, loin du style costard-cravate, lui préférant un pull et une chemise, Aurélien Piffaut donne l’image d’un dirigeant bien dans son époque. À presque 40 ans, président du directoire du groupe Famille Piffaut Vins et Domaines, il a pris le relais de son père Éric en 2021, devenant la quatrième génération à prendre la direction de l’entreprise. Pourtant, il ne se destinait pas particulièrement à rejoindre cette histoire même s’il est né en Saône-et-Loire, à quelques kilomètres du bureau et du site de production historique de la Veuve Ambal.
Après son bac obtenu à Chalon-sur-Saône, il rejoint une prépa. « Je voulais rejoindre une école de commerce pour avoir une formation pluridisciplinaire et multiplier les opportunités professionnelles. J’étais attiré par le marketing, la finance… La question de reprendre l’entreprise familiale ne s’est pas posée, ce n’était pas un objectif. » Il suit son envie et part à Nancy pour suivre les cours de l’ICN pendant trois ans mais s’octroie une année de césure au Canada, passant un semestre en Nouvelle-Ecosse et réalisant un stage de plusieurs mois à Montréal. « J’ai fait du contrôle de gestion chez le leader mondial des levures. »
Première expérience
Son master de l’Ecole de commerce en poche et imprégné de la culture nord-américaine, il cherche son premier emploi. Il le trouvera à Paris dans une entreprise de conseils. Aurélien Piffaut y restera six mois. « J’ai voulu rester à Paris pour avoir plus d’opportunités dans la finance, l’audit ou le contrôle de gestion. » Finalement, il enchaîne six mois dans une filiale de Saint-Gobain spécialisée dans la distribution de matériel de construction avant de saisir l’opportunité de partir en Afrique du Sud où il trouve une mission d’un an chez Bouygues TP en tant que contrôleur de gestion.
En 2010, l’idée de changer de secteur d’activité pour rejoindre la branche commerciale dans l’univers des vins et spiritueux émerge, que ce soit en France ou ailleurs. « À ce moment-là, mon père me dit que je peux aussi bien rejoindre la branche export du groupe familial qui ne représentait que 20% du chiffre d’affaires. »
Évolution progressive
En août 2010, Aurélien Piffaut suit les conseils de son père Éric et fait ses premiers pas dans le groupe pour mieux le comprendre avant de partir à New-York afin de développer l’activité sur le marché américain. En juillet 2012, il fait son retour en France avec la responsabilité de ce marché qu’il continue à développer. Jusqu’en 2021, ce père de deux enfants évolue, d’abord en tant que responsable export puis devient responsable de l’ensemble de l’équipe commerciale et du service marketing. Son travail amène la part d’export à grimper à 60% mais Aurélien Piffaut ne s’en vante pas, donnant l’image d’un homme réservé. « En 2021, quand mon père a pris un certain recul opérationnel, j’ai pris la direction à sa place. »
« La question de reprendre l’entreprise familiale ne s’est pas posée, ce n’était pas un objectif. »
Désormais président du directoire, il intègre de nouveaux métiers avec les spiritueux et la bière. « Notre métier historique reste le vin effervescent. En 2010, nous nous sommes diversifiés avec les vins de Bourgogne et la Maison Prosper Maufoux. Nous avons fait de la croissance externe avec l’envie de nous concentrer sur la Bourgogne, son savoir-faire et sa renommée. » Famille Piffaut Vins et Domaines s’attache la Maison Boudier en 2022 avec ses 60 salariés ainsi que la brasserie Belenium et son équipe de quatre personnes. « Il y avait une cohérence géographique et d’identité. » En parallèle, l’entreprise s’implique sur son territoire, en tant que sponsor sportif auprès de l’équipe de la JDA, en tant que mécène des Climats, de la Cité des climats et vins de Beaune ou encore du musée de la photographie Nicéphore Niepce.
Construire l’avenir
En 2023, le groupe compte 300 salariés répartis dans six entités et sur six domaines. Il affiche un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros. « Je ne regrette pas d’avoir rejoint l’entreprise familiale. Nous avons des envies pour l’avenir, des projets et des opportunités. Nous évoluons dans une conjoncture compliquée mais aussi dans un secteur dynamique avec un produit qui profite d’un excellent rapport qualité – prix. Nous sommes aussi dans une région qui bénéficie d’une notoriété internationale. »
Famille Piffaut Vins et Domaines c’est aussi 280 hectares de vigne en Bourgogne, du Châtillonnais au Mâconnais en passant par le Chablisien, le Couchois et les Hautes Côtes de Nuits. Aujourd’hui, le dirigeant souhaite renforcer l’existant, consolider le sourcing et l’approvisionnement pour les crémants et vins de Bourgogne. « Nous voulons aussi créer de nouveaux spiritueux avec la Maison Boudier tandis qu’il y a un renouveau des liqueurs avec le spritz notamment. De son côté la bière dispose d’un potentiel de développement. » Et quand il ne se projette pas sur l’avenir du groupe, Aurélien Piffaut avoue être un amateur de foot et un fervent supporter de l’OM. « Mon premier souvenir mémorable date de 1993 quand Marseille a gagné la Ligue des champions. »