Christian Allex
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Christian Allex

Tout pour la musique.

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« L’ambition d’aller plus loin, je l’ai acquise quand j’ai commencé à découvrir la liberté que procure la musique ». Enfant des années 80, Christian Allex explore son adolescence et prend rapidement conscience de la richesse musicale. « À l’époque, les sons circulent plus difficilement, c’est un peu la quête du chercheur de Graal, se souvient-il. J’ai ce parcours de quelqu’un de curieux, qui se cherche, avec moins d’accès au monde qu’aujourd’hui. J’avais besoin de me démarquer, que ce soit par le vêtement, sexuellement, dans le vocabulaire, mais aussi par la musique ». Comme de nombreux jeunes de son âge, Christian Allex est marqué par l’émission H.I.P. H.O.P. - diffusée en 1984 sur TF1 - qui ouvre la France à la culture hip-hop américaine : « J’étais influencé par ce qui venait de loin. À la maison, mes parents écoutent Léo Ferré, Brel… Moi le seul que j’aimais c’était Gainsbourg parce qu’il provoquait des débats aux repas de famille. J’avais envie de vivre autre chose. » Le Dijonnais se met à la batterie, monte un groupe de rock et forge sa personnalité à Quetigny, où il grandit. « C’était soit tu fais des conneries, soit t’es bien accompagné et tu pars pas de travers. Moi, j’ai choisi de faire ce que je voulais : j’aimais mixer en soirée, jouer de la musique et faire du BMX avec Prince ou AC/DC dans les oreilles ».

Partir de rien

Jeune adulte, Christian Allex rallie Lyon pour étudier le journalisme : « Ça m’a ouvert le cerveau et appris l’esprit d’analyse, concède-t-il, mais je faisais toujours de la politique et ça me faisait chier. Je voulais faire de la culture, de la musique ; et la nuit lyonnaise m’intéressait beaucoup ». En parallèle de ses études, le mélomane mixe dans des clubs et manage deux groupes – « il s’agissait de les aider à trouver des dates et des concerts ». Il revient à Dijon pour son service militaire et organise son premier festival de rock français alternatif à Quetigny. Pour la première fois, il entre en contact avec des agents professionnels. « Tout ce bazar m’intéressait : voir des mecs qui montent sur scène avec des lumières et du son, la ferveur du public… c’est extraordinaire. »

« Un festival 100% hip-hop, c’est une première en France. C’est bien sûr un projet qui nous tient à coeur »

Son parcours se poursuit dans la capitale des ducs, au club l’An-fer (fermé en 2002), haut lieu de la musique électronique, de 1992 à 1998. Là-bas, Christian Allex fait du booking et de la programmation de groupes – « un métier qui, à l’époque, n’existait pas ». Durant cette période, l’autodidacte se fait un nom : il accompagne l’ouverture de La Vapeur en 1995, travaille en Suisse à Couleur3, à Nancy sur le festival Jazz Pulsation ou encore à Paris sur la première édition du projet Global Tekno. « Je fais la connaissance de plein de monde et d’artistes aujourd’hui mondialement connus comme David Guetta ou les Daft Punk. »

Dans la cour des grands

En mai 2000, Christian Allex a tout juste 30 ans mais une expérience hors du commun. Il se voit alors confier la programmation et la direction artistique des Eurockéennes de Belfort. « Là je passe un step, je me tourne vraiment sur l’international, explique-t-il. Il faut une connaissance de plus en plus précise du métier ». Sa première édition sera celle de 2001, il y restera 18 ans : « Environ neuf ou dix ans en CDI, le reste en indépendant ». Car dans le même temps, Christian Allex fonde Timon Samplar, sa propre agence artistique.

« Je n’ai jamais eu l’éducation d’un entrepreneur, mais je pense en être devenu un ». Il travaille alors sur d’autres projets à côté des Eurockéennes, développe notamment la scène de musiques actuelles (SMAC) Paloma à Nîmes et participe à la mise en place du festival Cabaret Vert à Charleville-Mézières. En 2017, Christian Allex prend également la programmation du festival Mawazine à Rabat au Maroc. « C’est super stressant, confie-t-il. C’est une programmation à haut niveau avec un très gros budget qui dépasse les 10 à 20 M€ ; un vrai outil de soft power pour le Maroc ». Pour sa première édition en 2018, Christian Allex attire quelques-uns des plus grands artistes mondiaux : The Weeknd, Bruno Mars, Jamiroquai… et plus de 2,5 millions de festivaliers sur neuf jours.

Mais alors que la machine semble lancée, 2020 sonne comme un dur retour à la réalité. « En janvier 2020, je m’associe avec Vivien Becle et Hamid Asseila pour créer Please Please – une société de production, d’organisation et de promotion pour les concerts et spectacles locaux. Ça commençait à se mettre en place, puis on s’est fait stopper d’un coup. »

Coup d’arrêt...et nouveau départ

Cette année 2020, Christian Allex la passe à caler, décaler et annuler ses concerts et festivals – s’adaptant aux diverses restrictions sanitaires. « On a pu reprendre normalement à partir de mai 2022, sans limitation ». Mais pendant ce temps mort, Christian Allex et ses associés ne chôment pas : « Comme on s’embêtait un peu, on a commencé à créer un festival de hip-hop ». Le Golden Coast Festival était né, ou tout du moins son idée. « Il fallait ensuite écrire le script, montrer l’intention de l’univers, présenter le projet aux collectivités, aux entreprises, aux managers d’artiste… tout en cherchant des partenaires privés, raconte-t-il. Très vite, tout le monde a été emballé ».

Le projet voit le jour en mai 2023 et sa réalisation est décidée le 10 novembre 2023. « À partir de ce moment, on a 15 jours pour monter la programmation. On avait déjà anticipé beaucoup de choses et puis on avait les contacts donc les négociations ont été rapides ». Plus de 50.000 personnes sont attendues les 13 et 14 septembre au parc de la Combe à la Serpent pour cette première édition durant laquelle une quarantaine d’artistes montera sur scène – dont certaines têtes d’affiche du rap français telles que Booba, Ninho ou SCH. « Un festival 100% hip-hop, c’est une première en France. C’est bien sûr un projet qui nous tient à coeur. »