Il y a fort à parier qu’il trouvera ce titre un brin présomptueux, comme l’idée même de consacrer quelques lignes à son parcours, lui qui se plaît mieux en coulisses que sur le devant de la scène. Aux commandes de la Maison de l’entreprise depuis 10 ans, Claude Vaucouloux n’est pas homme à s’épancher dans les gazettes.
« Ce n’est pas de la modestie. Mon seul mérite est d’être un gestionnaire, un besogneux, un serviteur des entrepreneurs », souffle-t-il.
Directeur général de la Maison de l’entreprise, délégué général de l’UIMM de l’Yonne et de la Nièvre, délégué général du Medef de l’Yonne, délégué général du Pôle formation 58-89, directeur de l’Assic, il suffit pourtant de décliner ses différents titres pour comprendre qu’il occupe une place de premier plan dans le sérail socio-économique du département.
Des fonctions qu’il incarne, aujourd’hui encore, avec un enthousiasme inchangé et que cet amoureux des mots, voire de bons mots, résume par une référence littéraire des plus inspirantes. « Dans Lettre à un otage de Saint-Exupéry, la chaisière de la cathédrale oublie peu à peu le sens de ce qu’elle fait, perd l’essentiel pour l’accessoire. Je ne veux pas m’éloigner de ce qu’est ma mission. Nous avons été créés par les entreprises pour les entreprises. »
« Je trouve cette mission passionnante, pourvue de beaucoup de noblesse et d’exigence. »
À 62 ans, Claude Vaucouloux jette, néanmoins, un regard amusé sur son parcours professionnel, lui qui a embrassé la cause entrepreneuriale comme on entre en religion. « Cela fait 39 ans que je suis au service des organisations patronales. Cela fait un bon bout de chemin. J’ai connu tous les présidents du Medef depuis Yvon Gattaz. Cela fait de moi un véritable apparatchik du système ! », sourit-il.
C’est, en effet, en 1984, après avoir validé un « bac +5 » en sciences de gestion à l’université de Paris-Nanterre, qu’il est recruté par le CNPF - le tout-puissant Conseil national du patronat français qui renaîtra de ses cendres en 1998 pour devenir le Medef.
Il a alors en charge le délicat dossier de la formation professionnelle au sein de l’AssFo, créée à la fois par le syndicat et l’organisation représentative de la métallurgie. En cette époque de marasme pour l’emploi des jeunes, elle jettera les bases de ce qui deviendra plus tard l’alternance.
« Cela m’a mis le pied à l’étrier de la formation et de la pédagogie. Des sujets qui me passionnent toujours autant, même si je ne m’y consacre plus autant qu’auparavant. » Les qualités de gestionnaire du jeune homme « qui ne s’imaginait pas faire carrière dans cette sphère » sont vite remarquées et il gravit un à un les échelons de l’institution.
« Dans le même temps, en association avec des structures comme l’AssFo, j’ai créé à Troyes une entreprise de services spécialisée, notamment, dans l’accompagnement des psychologues du travail sous la forme d’une SARL, dont j’ai été le gérant jusqu’en 1997. »
Cette année-là, il intègre à temps plein l’UIMM de Seine-et-Marne pour diriger le centre de formation et la structure de services. Là encore, il poursuit son inexorable ascension dans la hiérarchie de la chambre syndicale et quitte le département limitrophe après douze ans à la tête de la délégation générale.
Prendre de la hauteur
En 2012, il pense alors avoir fait le tour de la question et réfléchit à relever un nouveau challenge. Quand l’opportunité de prendre les rênes de la Maison de l’entreprise se présente début 2013, il fait acte de candidature, lassé quelque peu de la vie parisienne. Dans la tourmente, le « vaisseau amiral » nécessite restructuration et réorganisation, une mission qui semble taillée sur mesure pour ce bourreau de travail méticuleux.
« Je n’avais pas d’idées préconçues sur la structure et sur le département. Je me suis mis à la tâche avec conviction et j’ai consacré toute mon énergie à mettre en œuvre une nouvelle organisation, un peu novatrice à l’époque, de Business Unit qui est toujours en place aujourd’hui. Nous avons pu assez rapidement retrouver des fondamentaux de gestion sains et satisfaisants qui nous ont permis de nous développer, d’investir et d’offrir à nos entreprises des services qui répondent à leurs attentes. »
Avec un budget consolidé de l’ordre de 14 millions d’euros cette année et près d’une centaine de collaborateurs répartis dans l’Yonne et dans la Nièvre, Claude Vaucouloux pourrait s’enorgueillir de commander à la destinée d’un pôle reconnu aussi bien pour ses compétences que pour ses ressources, une structure dont sa capacité à se réinventer est souvent citée en exemple, mais il préfère mettre en avant le travail accompli par ses équipes.
« Je suis très attaché à l’écoute et à la confiance que m’accordent mes collaborateurs. Cela demande de la rigueur, le sens de l’équité et le souci de toujours respecter ses engagements. Cela se mérite au quotidien. Cela n’est pas toujours facile mais c’est extrêmement confortable lorsque vous y parvenez. »
Au-delà de la vocation sacerdotale qu’il porte aux acteurs économiques, Claude Vaucouloux trouve parfois le temps de s’évader. Et c’est dans les airs que ce passionné d’aviation trouve refuge.
« J’ai la chance et le privilège d’être pilote privé depuis bientôt 25 ans. »
« L’extraordinaire sensation de l’envol est un moment indescriptible qui ne s’est jamais émoussé. Être aux commandes de la machine quand tous les paramètres sont au vert me fait entrer dans une nouvelle dimension. »
Un loisir « chronophage » auquel il se consacrera avec assiduité le moment venu, promet-il. Avant cela, il entend poursuivre la mission qui lui a été confiée en supervisant, par exemple, les nouveaux travaux d’extension du campus de la Maison de l’entreprise qui doivent débuter prochainement.
Il va accompagner avec la même ferveur les entreprises face aux défis conjoncturels, comme l’enchérissement des matières premières et de l’énergie, l’inadéquation du marché de l’emploi avec les besoins des recruteurs ou encore encourager les industriels à s’emparer de la transition technologique à travers « l’industrie 4.0 ».
Ce mélomane averti, admirateur des compositeurs français du XIXe et du XXe siècle, du jazz des formations emblématiques des années 1950, des opéras de Puccini, maîtrise l’orchestration, et s’évertue à tout mettre en musique avec une précision de métronome.
« Le pire de tout doit être l’ennui. Ce n’est pas tant la quantité de choses que nous faisons qui permet de lutter contre l’ennui, mais la qualité et la passion que nous mettons à les faire. Il faut arriver à mettre sa vie en harmonie avec cela. » Et toujours garder le cap.