Le parcours de Clémentine Noirard, depuis avril à la tête d’Engie en BFC, débute dans la Loire où elle est née puis à Paris. Une première vie très teintée de communication : un BTS action commerciale en poche, elle intègre pendant trois ans Datapresse (une affaire familiale), société de vente de solutions aux communicants intégrant une base de données des journalistes régulièrement mise à jour. « À force de voir le travail de mes clients, j’ai repris mes études pour faire le Celsa, l’équipe de communication de la Sorbonne ». Quelques années et une maîtrise plus tard, la Parisienne devient bourguignonne en rejoignant la Banque populaire.
« Trois ans passionnantes sur les routes de la Bourgogne. Cela m’a permis de bien découvrir la région, de Nevers à Auxerre en passant par le sud ». En 2002, elle rejoint Suez (ex-Lyonnaise des Eaux), pour suivre le projet de restructuration de la station d’épuration de Dijon-Longvic. « À l’époque, le plus gros investissement de la métropole. Cela m’a permis de découvrir une nouvelle facette de mon métier de communicante institutionnelle. On ne se rend pas compte quand on ouvre son robinet de tout ce qu’il y a derrière ! » Ce qu’il y a aussi, c’est un compagnonnage de 22 ans entre Clémentine Noirard et le groupe Suez, « en Bourgogne Franche-Comté à 100%, avec un pied dans la région Auvergne-Rhône Alpes pendant sept ans comme directrice de la communication, sur les activités eau et aussi déchets ».
Elle sera de plusieurs grands projets, comme la fameuse carafe La Dijonnaise (encore visible sur les tables de restaurants) avec Dijon Métropole, verra la naissance des premières Semop (société d’économie mixte à opération unique) à Dole, une première française dont la propriété de partage alors entre la ville et Suez – ainsi que son pendant à Dijon (Odivea). Avec quelques pics d’adrénaline. « J’ai touché du doigt la gestion de crise : quand on vous appelle pour vous dire qu’au rond-point de la Nation, une canalisation a cassé, que le boulevard est une rivière et que France 3 qui sont littéralement riverains, sont déjà sur place ! »
Deux métiers, un socle commun
Alors que ses fonctions vont désormais bien au-delà de la communication, Clémentine Noirard pose un regard d’expérience sur ce qu’est devenu ce métier de communicante institutionnelle – sur le papier, une mission d’équilibriste entre information des médias et porte-parolat de son employeur, mais bien plus complexe en réalité. « Le métier a énormément évolué. Chargés de communication, notre outil c’était le fax, la disquette, les coursiers, les ektas… et puis la révolution digitale a fait que tout s’est compressé. Lorsque je recevais encore il y a peu des jeunes filles en entretien, elles me disaient : “J’aime la comm’, j’adore être sur Instagram…” Voilà. Il y a une autre vision du métier. C’est aussi un métier qui s’est beaucoup professionnalisé. Chez Suez, la communication était un élément important de la stratégie ».
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie d’être ainsi chargée de la communication d’un géant comme Suez ? « Il y avait plusieurs enjeux. D’abord, de communication interne, pour que l’ensemble des collaborateurs aient une vision du projet d’entreprise et comment ils y contribuent. Ensuite de communication externe auprès des clients, principalement des collectivités locales, donc toute la communication autour des projets. Par exemple, quand vous construisez un nouvel ouvrage, il peut y avoir un impact sur le prix de l’eau donc il y a un enjeu de pédagogie : comment accompagne-t-on cette hausse pour que les gens comprennent à quoi elle est due. J’ai en mémoire un dossier dans le nord de la Côte-d’Or, une nouvelle usine de production d’eau potable : vous expliquez, vous faites des portes ouvertes, vous faites venir la presse, vous pouvez mettre en place des goûteurs d’eau qui peuvent en temps réel vous alertez sur la qualité de l’eau… Il y a plein de choses à imaginer ! »
« Ce qui est différent, c’est l’exposition. Avant j’étais plutôt à côté de l’interviewé, pas l’interviewée ! »
De ce parcours, Clémentine Noirard a gardé quelques convictions, qu’elle a visiblement emmenées avec elle dans son nouveau poste : « Être capable de se transposer, sans cesse en questionnements, capable d’écoute, d’une vision à 360°, de beaucoup de curiosité… » Il n’empêche qu’elle a dû, aussi, accepter de passer de l’ombre à la lumière et devenir décideur. « D’abord, je n’ai pas hésité. C’est vraiment un très beau poste, mais qui se base, d’ailleurs, sur beaucoup de compétences de communication ! Mes missions sont d’incarner Engie sur le territoire, d’être en lien avec les parlementaires et les exécutifs de la région… c’est très connexe avec mon poste précédent. Tout comme la gestion de crise ! Nous avons un portefeuille de clients entreprises industrielles que je connaissais notamment chez Suez sur la partie valorisation des déchets. Le travail avec les collectivités est très similaire… Ce qui est différent, c’est l’exposition. Avant j’étais plutôt à côté de l’interviewé, pas l’interviewée ! »
« Une nouvelle BFC… »
Nul doute que cette exposition sera maximale puisque les énergéticiens sont parmi les métiers les plus sollicités alors que les signaux d’alerte du changement climatique sont au rouge. « L’accélération d’une économie décarbonée, positive Clémentine Noirard, pas experte en communication pour rien. Avec des solutions économes en carbone, c’est la raison d’être d’Engie qui a publié l’année dernière un scénario pour arriver au net 0 carbone en 2050 – préfacée par Catherine Mac Gregor, la directrice générale d’Engie, et mené avec l’expertise de la Fondation Jean-Jaurès, ndlr – alors que notre rapport à l’énergie après la crise que nous venons de vivre, n’est plus du tout le même. Chez Engie, la transition énergétique, c’est le développement des énergies renouvelables, l’alliance de la molécule (le gaz) et de l’électron. Il faudra un mix énergétique qui doit en plus répondre à des problématiques de coûts, avec des filières souveraines en France et en Europe et abordables socialement. Certains usages ne seront jamais électrifiés, de même que 50% d’habitations ! Le gaz, on ne peut pas s’en passer… mais on peut passer à du gaz vert, du biogaz à travers le développement des méthaniseurs par exemple ».
Bourguignonne depuis deux décennies, Clémentine Noirard avoue avoir découvert, par le prisme des installations du groupe qu’elle dirige en BFC, « une nouvelle Bourgogne Franche-Comté, pionnière en matière d’hydrogène, qui a sur son territoire toute la chaîne de valeur », et en rejoignant le groupe, a intégré le conseil d’administration du pôle de compétitivité Véhicule du futur, le club hydrogène, Smart EnergHy sur la métropole dijonnaise… Un avenir en vert qui enthousiasme Clémentine Noirard : « l’étude que nous avons menée avec la Fondation Jean-Jaurès auprès de 10.000 citoyens en amont des élections européennes montre que 89% des Européens pensent qu’il faut accélérer la transition énergétique, 69% disent qu’ils agissent déjà et 75% de ceux-ci sont des Français. Rejoindre Engie est pour moi une autre approche de la préservation de la planète, car sans énergie on ne fait rien. C’est ma façon d’apporter ma contribution à cette période incroyable de transition ».