Emilie Tomasso, fondatrice et dirigeante de 3COM-Medias à Dijon
Dossier spécial égalité.
Parisienne, « pas née dans les beaux quartiers, à Aubervilliers exactement. Ça forge le caractère car mes parents me mettaient des jupes plissées et des mocassins, j’étais à contresens de ce qui était autour de moi ! », Émilie Tomasso, créatrice et dirigeante de l’agence de communication 3COM-Medias illustre à merveille le concept de résilience. Très tôt, elle s’implique « dans le social, le sociétal et l’inclusion », faisant fi des différences pour « créer du lien malgré les incompréhensions des uns et des autres ». Bac ES, BTS et très vite un choix : poursuivre ses études ou prendre un poste d’encadrement dans la société où elle travaille comme hôtesse pour payer son studio ? Émilie prend le job et… poursuit sa licence à distance. « Je me suis éclatée et j’ai eu ma licence, tout s’est bien passé ! ».
Passage chez Havas et quand sa mère, qui accompagne des élus nationaux sur leur communication arrête son activité, elle lui propose de reprendre le flambeau. C’est non : Émilie part à Londres, revient en 2008 en France… « et la crise était passée par là. Dans la communication, il n’y avait plus de budget alors j’ai cherché un job alimentaire ». Elle intègre une boîte de gestion de data, constate des améliorations possibles dont elle fait part à sa directrice générale qui lui donne six mois pour présenter un audit avec, à la clé, une potentielle promotion. Six mois plus tard, Émilie est directrice-adjointe ! Les commerciaux de 40 ans voient « d’un très mauvais oeil une femme de 28 ans directrice-générale adjointe ! Cela a été très formateur. Je suis plutôt pour le dialogue, mais quand on a affaire à des egos, cela devient plus difficile d’être dans le compromis ! Cela m’a beaucoup appris sur la posture à avoir ».
Sa boîte rachetée par des Américains, Émilie se voit proposer un job à Londres… mais elle se découvre enceinte de son deuxième enfant, alors que son conjoint est muté à Dijon. « J’ai tout quitté : mon travail, ma vie parisienne, je n’avais même pas le permis ! ». Fin 2012, la voilà à Dijon, à cogiter entre pédiatre et nounou, sur la meilleure façon de faire fructifier son expérience : comme bénévole, elle s’implique auprès de la jeune chambre économique française, écrit sur les réseaux sociaux et se donne le temps d’avoir une vraie vie de maman.
« Élever les consciences ! Parfois la communication nivèle trop les choses vers le bas or je suis très à cheval sur la pédagogie de ce qu’on fait et de ceux qu’on accompagne. »
« Après je me suis dit : tu as un réseau presse de dingue, tu sais monter des projets évènementiels, tu sais manager du monde, qu’est-ce que tu fais de ça ? ». Le 9 janvier 2014, elle rouvre 3COM-Medias, la société de communication de sa mère dont Émilie a racheté nom et capital. Premier client : la jeune chambre économique française « formidable expérience sur la dimension sociale, sociétale et économique ». D’une rencontre à l’autre, le Syndicat du Mont d’Or est signé, un client demeuré fidèle. 3COM-Medias vogue ainsi de 2014 à 2019, avec un gros client : les banques alimentaires. La vie privée d’Émilie, elle, connaît de très rudes remous, ce qui décuple sa volonté de faire fructifier sa société, avec une parenthèse parisienne entre 2016 et 2018 avant un retour sur Dijon.
« J’ai été une acharnée. J’ai l’esprit de compétition, on ne baisse pas les bras. Tout le monde m’a dit : “seule, avec deux enfants, mais comment tu as fait” mais je ne le vois pas comment un frein. Moi ça m’a stimulée. Entre 2018 et 2019, je fais 179.000 de chiffre d’affaires toute seule ». La banque l’engage à recruter, « à partir de 2020 j’ai recruté mais qui dit recrutement dit bureaux. Et là-dessus arrive le covid ! ». Les Banques alimentaires l’appellent au secours : « Je suis partie avec mon téléphone, j’ai passé tous les barrages pour accompagner des reportages BFM, CNews, TF1, France 2… Ça a été un travail de Titan ! » Du sur-mesure que 3COM-Medias peaufine pour chacun de ses clients : « C’est un des moteurs de la confiance. Notre slogan c’est “Communiquer moins pour communiquer mieux”. Je suis contre la communication de masse. Porter attention à une histoire, un producteur, un savoir-faire, cela fait toute la différence ».
Le petit local de la rue Jean Bertin de 2020 se transforme en espace rue de la Liberté puis en 2022 en de superbes locaux au sein de la Cité de la gastronomie. Aujourd’hui 3COM-Medias ce sont six personnes et un chiffre d’affaires de 450.000 euros. « J’ai prévenu tout le monde : je ne veux pas faire du volume, je veux que l’on garde notre exigence. C’est passionnant de permettre à des structures d’avoir accès à ce niveau de visibilité sans qu’ils aient à solliciter des acteurs parisiens avec un tout autre budget. »