Nul doute qu’il deviendrait un jour lui-même artisan. Originaire de Côte-d’Or, Emmanuel Poyen a grandi dans le salon de coiffure nivernais de ses parents. « Quand mes parents travaillaient du matin au soir, de huit heures à 20 heures, j’étais dans la réserve en train de faire mes devoirs… Enfin, j’étais plus en train de faire l’idiot avec les collaboratrices de mes parents qu’en train de travailler », se souvient-il, l’œil rieur. Titulaire d’un CAP dans la coiffure, il a rapidement passé son brevet professionnel pour ouvrir son premier salon à Decize au tout début des années 1990.
Un salon qu’il revendra par la suite à une de ses collaboratrices pour ouvrir une seconde affaire à Imphy, toujours dans la Nièvre, dix ans plus tard. Marié et père de trois enfants, Emmanuel Poyen nous confiera être bricoleur à ses heures perdues et passionné de sport automobile : « J’ai beaucoup couru. Principalement sur circuit avec Peugeot Sport, à Prenois bien sûr et plus généralement sur tous les circuits de France, et même à Spa-Francorchamps (en Belgique, Ndlr). J’ai aussi fait de la course de côtes, la côte d’Urcy entre autres. J’ai souvent fini dans le mur. » Mais de sa vie, nous n’en saurons guère plus, puisqu’il préfèrera la consacrer à ses engagements.
« J’ai très tôt été bercé dans le monde des organisations professionnelles, par l’intermédiaire des concours et des shows de coiffure », confie-t-il. Rapidement élu à l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec), d’abord président des coiffeurs de la Nièvre, puis de Bourgogne, il a naturellement intégré le réseau des chambres de métiers.
« L’origine de mon engagement était de pouvoir aider mes collègues qui n’avaient peut-être pas les informations que nous avions en tant que représentants d’organisations professionnelles. Lorsque j’ai été élu à la Chambre de métiers de la Nièvre, je me suis rendu compte que certaines problématiques ne touchaient pas que la coiffure mais plus généralement l’ensemble des métiers de l’artisanat. »
Engagé en faveur de la formation
Et si trouver des solutions pour débloquer des problématiques de ses collègues artisans ou simplement les aider dans leur vie de tous les jours dans leur entreprise est le maître-mot de son engagement, la formation et la transmission du savoir a aussi toute sa place dans l’histoire d’Emmanuel Poyen. Comme ses parents qui ont eu jusqu’à huit collaboratrices dans leur salon, l’artisan coiffeur en emploie aujourd’hui trois et accueille en formation des apprentis de brevets professionnels.
« L’artisanat, en Bourgogne Franche-Comté, c’est 66.500 entreprises, soit 40% des entreprises de la région et 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires, sachant qu’une entreprise sur trois qui se crée est une entreprise artisanale et que 45% des porteurs de projets sont dans une démarche de reconversion professionnelle. Tout cela représente 171.600 actifs, soit 13% de la population active, rappelle-t-il. Il est donc plus que primordial de valoriser le secteur de l’artisanat et ses métiers par la formation et l’apprentissage ».
« J’ai toujours été bercé dans l’artisanat. J’ai simplement voulu continuer dans les pas de mes parents. »
Sur ce sujet, celui qui a été président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Nièvre avant de prendre la présidence de la chambre régionale de Bourgogne rappelle, non sans une certaine fierté, que la Chambre régionale de métiers et de l’artisanat de Bourgogne Franche-Comté, qu’il préside depuis la fusion des chambres consulaires des deux anciennes régions, détient aujourd’hui trois CFA - Gevingey dans le Jura, Vesoul en Haute-Saône et plus récemment Mercurey en Saône-et-Loire -, situant l’organisme consulaire comme le premier formateur d’apprentis de la région avec plus de 2.600 jeunes.
Être au plus proche des artisans
« Nous nous devons aujourd’hui d’être au plus proche de nos artisans. C’est pour cela que nous avons signé dernièrement un contrat d’objectifs avec l’État articulé autour de cinq grands axes que sont : favoriser l’entrepreneuriat et le développement des entreprises artisanales, accompagner les transitions numériques et écologiques des entreprises artisanales, assurer la promotion et la valorisation du secteur de l’artisanat, de ses métiers, des territoires et du système de formation ou de l’apprentissage, contribuer au développement et à l’aménagement du territoire, et enfin optimiser l’efficience du fonctionnement du réseau », développe Emmanuel Poyen, confiant que la fusion des deux chambres régionales Bourgogne et Franche-Comté demande une certaine structuration : « Même si on a l’obligation de travailler identiquement partout sur la région, on a quand même des spécificités locales avec des partenariats sur certaines départements et avec certaines EPCI. Nous avons ainsi créé 19 commissions territoriales, parfois interdépartementales, pour être au plus proche de nos artisans ».
Un travail qui ne peut être fait sans le soutien de l’État - dont les Chambres de métiers sont sous tutelle - et de la région - partenaire de la chambre régionale sur les thèmes de la formation ou encore du développement économique -, mais aussi plus largement de l’ensemble des élus du territoire. « Tout le monde aime l’artisanat, surtout les politiques, ils ont tous eu un ancêtre artisan ! Mais à un moment ou à un autre, on aimerait bien aussi voir des preuves d’amour », conclut Emmanuel Poyen, sans détour.