Éric Boudier
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Éric Boudier

Un retraité déjà très actif

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Photo de Éric Boudier
Éric Boudier, jeune retraité après avoir transmis son entreprise à trois salariés se sentait prêt et disponible pour prendre la présidence de la CPME. (Crédit : JDP)

C’était son rêve de gosse. Devenir chef d’entreprise était une évidence depuis l’enfance pour Éric Boudier. Dijonnais, il a d’abord grandi dans le quartier des Lochères aux Grésilles avant de passer son adolescence à Neuilly-les-Dijon. « Dès le collège, je répétais que je voulais créer mon entreprise dans le bâtiment », se souvient Eric Boudier qui a suivi la voie tracée par son père André, plombier chauffagiste. La filière qu’il visait en seconde affichant complet, il le rejoint pour deux ans d’apprentissage. « On s’entend bien mais c’était un homme courageux, un travailleur avec lequel je partais à six ou sept heures du matin et on rentrait vers vingt heures. Il m’a appris la valeur du travail mais son métier ne me plaisait pas. » Soutenu par le directeur du CFA des Marcs d’Or notamment, il réussi à intégrer une classe de seconde au lycée technique de Mâcon après l’obtention de son CAP plombier.

Atteindre Ses Objectifs

À Mâcon, il obtient son bac métallerie et poursuit avec un BTS construction métallique. À cette époque, il rencontre celle qui, plus que son épouse, deviendra son bras droit et son associé, Marie-Pierre Boudier. Après ses études, il répond à ses obligations militaires en rejoignant la marine. « Je suis tombé amoureux du milieu nautique. Depuis, j’ai développé une passion pour la voile même si Dijon est la ville française la plus éloignée des côtes », s’amuse-t-il derrière ses lunettes rouges. De retour, il enchaine quelques expériences significatives, de deux à neuf ans, en menuiserie aluminium et en métallerie.

En 1996, il réalise son rêve. « J’avais 33 ans, c’était mon objectif et je me suis dit qu’il était temps. » Il s’installe seul dans un local de la rue Auguste Comte en centre-ville de Dijon où il commence par des petits travaux de serrurerie et de ferronnerie pour une clientèle de quartier.

Un Développement Serein

En 2001, alors qu’il compte désormais cinq salariés, Éric Boudier fait l’acquisition de l’entreprise Delorme à Longvic et ses 11 collaborateurs. « Marie-Pierre nous a rejoint à ce moment-là pour gérer la partie administrative et sociale mais aussi financière. Je voulais quelqu’un de confiance pour me consacrer à l’organisation opérationnelle. C’est mon associée », insiste-t-il avec conviction, désireux de mettre en lumière cette femme trop souvent dans l’ombre. Ensemble, ils forment un tandem soudé par une confiance réciproque depuis 20 ans.

L’entreprise Boudier-Métallerie poursuit sa croissance d’année en année pour atteindre près de 10 M€ de chiffre d’affaires en 2024 et compter 49 salariés en 2025 auxquels s’ajoutent une dizaine d’intérimaires et sous-traitants.

Une Transmission Anticipée

À 62 ans, même s’il évoluait désormais loin des chantiers en se consacrant à la gestion des grands comptes, Éric Boudier se réjouit d’avoir réalisé son rêve. « Ça n’a pas toujours été facile, notamment parce que j’ai eu un cancer et une opération du coeur mais cela m’a donné l’envie de prouver que je n’étais pas foutu. » Pourtant, il est temps pour ce battant de passer la main.

« Je sais que la retraite, c’est plutôt à 64 ans mais un chef d’entreprise fatigue plus vite selon moi. Il travaille sept jours sur sept et doit donc fournir au moins 50 % de travail en plus »

« Je sais que la retraite, c’est plutôt à 64 ans mais un chef d’entreprise fatigue plus vite selon moi. Il travaille sept jours sur sept et doit donc fournir au moins 50 % de travail en plus », estime le sexagénaire. En recrutant son dernier directeur technique, il ne lui avait pas caché son souhait d’embaucher un repreneur potentiel. Il a trouvé la perle rare en la personne de Pascal Vaizant. « Il y a deux ans, il s’est montré intéressé par la reprise. Je l’ai encouragé à s’entourer pour ne pas être seul. » Avec Florian Liomin et Bertin Guillaume c’est un trio bien préparé qui a pris le relais d’Éric Boudier le 19 décembre dernier. « De mon côté, je les accompagne encore six mois mais ils pourront s’appuyer sur Marie-Pierre qui devrait rester encore deux ans. »

Une Retraite Active

Son emploi du temps allégé, le jeune retraité prévoit d’assouvir régulièrement sa passion de la voile en Bretagne mais aussi de finaliser l’atelier de peinture dans lequel il souhaite faire progresser sa technique. L’homme aux tempes blanchissantes, qui a « toujours été syndicaliste », porte d’autres ambitions. Élu à la présidence de la CPME le 18 février à la suite de Geoffroy Sécula qui a souhaité céder sa place après deux mandats, il n’en est pas à son coup d’essai en termes d’engagement. « J’ai toujours travaillé avec la FFB autour de la formation et depuis sept ans, je suis président du Service d’accompagnement socio-professionnel pour les travailleurs indépendants (Sasti) régional. »

Membre de la CPME depuis 15 ans, président de la branche industrie et désormais à la tête de l’organisation patronale, il prône une approche bienveillante des équipes et souhaite approfondir le Small Business Act qui doit encourager les collectivités à travailler avec des entreprises locales. « Il faut sensibiliser le monde politique au-delà des réponses toutes faites sur les marchés publics. C’est une question de volonté politique et certaines collectivités comme Besançon y arrivent mieux », n’hésite pas à clamer Éric Boudier. En tant que nouveau visage de la CPME et de ses 850 adhérents, il veut parler des problèmes des nouveaux entrepreneurs auxquels il manque des compétences de dirigeant mais aussi évoquer le vieillissement des managers et la nécessité de motiver la jeune génération d’entreprendre ou reprendre. « Et bien sûr, défendre au quotidien les intérêts des chefs d’entreprise face à de plus en plus de menaces, que ce soit l’instabilité politique, des marchés qui font le yoyo, des banques frileuses, une réglementation chronophage ou des charges et des taxes trop importantes. »