Gaëlle Saunier
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Gaëlle Saunier

Elle garde les caps.

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Photo de Gaëlle Saunier
Gaëlle Saunier–Louyot continue à faire prospérer l’entreprise Saucaps fondée par son père en investissant dans de nouveaux équipements. (Crédit : Nadège Hubert)

Une bouteille de vin nécessite un bon cru élevé par un viticulteur, un contenant adapté, un bouchon de liège pour être fermé, une étiquette mais aussi une capsule de surbouchage pour finir élégamment l’ensemble. Saucaps intervient sur cette dernière étape. À la tête de l’entreprise, Gaëlle Saunier-Louyot, 48 ans. Née et installée à Beaune, elle a assisté à la création de l’entreprise par son père Michel Saunier en 1990.

« Pendant mes études, j’avais en tête l’idée de rejoindre un jour l’aventure familiale mais pas tout de suite. » Elle a donc débuté son parcours en école de commerce à Paris. « En terminale, quand il a fallu choisir une direction, je ne savais pas encore quel métier précis je voulais faire ; donc j’ai opté pour un enseignement de qualité mais plutôt généraliste. » Gaëlle Saunier-Louyot s’est spécialisée au fur et à mesure de son cursus et entre le marketing, le management, la communication, ce sont les finances et la comptabilité qui ont eu sa préférence. « J’ai aimé l’analyse et le côté cadré des chiffres. »

Faire ses armes

Dès son enfance, la dirigeante voit son père, assisté de sa mère, donner naissance à une première entreprise Saunier en 1987 autour de la vente et la maintenance de matériel pour embouteillage, conditionnement et réception de vendanges. Trois ans plus tard, il complète son offre avec Saucaps pour « Saunier » et « capsule ». En parallèle de son cursus, l’étudiante assiste ensuite à l’entrée de son frère Jean-Christophe dans l’entreprise familiale en 1995.

« Rejoindre l’entreprise n’était pas mon objectif à tout prix, je voulais faire mes armes ailleurs » souligne Gaëlle Saunier-Louyot qui s’épanouit alors dans la vie parisienne et préfère y débuter sa carrière. Elle passera quatre ans en cabinet d’audit, profitant de l’ouverture que le métier propose pour découvrir de nombreux secteurs d’activité. Elle poursuit son parcours à la direction financière de Hertz en région parisienne avant de prendre la route d’Angers pour devenir directrice de la trésorerie de l’usine Valéo sur place.

Le moment venu

En juin 2006, le départ d’une comptable dans l’entreprise familiale lui donne l’occasion de retrouver ses terres natales à Beaune. « J’étais heureuse de revenir, de m’inscrire à mon tour dans l’aventure d’autant que l’entente est très bonne avec mon père et mon frère. » Les choses s’organisent peu à peu, chacun prend sa place avec l’idée que les enfants reprendront un jour l’entreprise. Malheureusement, l’échéance arrive plus tôt que prévue et la reprise est brutale quand leur père décède en 2011.

« Mon frère, plus technique, reprend la tête de Saunier autour du matériel tandis que, plus impliquée dans la capsule, je reprends Saucaps à l’été 2011. La répartition s’est faite naturellement. » Gaëlle Saunier-Louyot assure toutefois la gestion financière et des ressources humaines de près de 30 salariés pour les deux entités.

Une offre qualitative

Aux commandes de Saucaps, elle travaille aux côtés des négociants, viticulteurs, syndicats, liquoristes et de façon plus marginale, d’artisans comme les producteurs d’huile d’olive. « La capsule de surbouchage fait partie intégrante de l’habillage d’une bouteille, de sa personnalisation, de l’image du producteur ou du vendeur. »

Rouge, noir, gris, argenté mais aussi violet ou orange, une palette de 65 couleurs attend les clients de Saucaps qui peuvent aussi intégrer deux couleurs sur la jupe de la capsule. En 2022, 76 millions de capsules sont sorties de l’usine beaunoise. « Nous restons un petit dans le secteur. Nous nous différencions par la petite série puisque nous pouvons fabriquer à partir de 5.000 capsules et jusqu’à 300.000 environ. »

« Je veux pouvoir regarder mes clients dans les yeux. »

Pour garantir la qualité de son produit, la dirigeante met un point d’honneur à se fournir en France ou dans un pays limitrophe pour sa matière première, un complexe-alu qui associe aluminium et polyéthylène. « Je me refuse à aller voir plus loin. Nous pouvons aussi fournir nos clients et personnaliser leurs capsules en étain, à vis ou pour leurs coiffes. »

Répondre au marché

Depuis la crise sanitaire, Saucaps a dû faire face à un pic de commandes mais aussi à des difficultés d’approvisionnement et de recrutement. Autant de facteurs qui ont allongé les délais de commandes obligeant la dirigeante à prendre plusieurs décisions. « Je ne prends pas de nouveaux clients pour l’instant afin d’honorer les commandes de mes clients habituels. Entre la qualité et les délais, je veux pouvoir les regarder dans les yeux. »

  • Gaëlle Saunier dans son l'entreprise Saucaps
    (Crédit : Nadège Hubert)
  • Photo de Gaëlle Saunier devant l'entreprise SAUCAPS
    (Crédit : Nadège Hubert)

Toutefois, pour ne pas freiner son développement et répondre au plus tôt aux demandes nouvelles, Gaëlle Saunier-Louyot a engagé près de 730.000 euros d’investissement pour acquérir une nouvelle machine de fabrication de capsule de surbouchage. Attendue pour le mois de décembre, elle permettra d’accroître les volumes.

« Nous avons besoin de recruter deux nouvelles personnes. Début 2020, quand la dernière machine est arrivée, nous n’avions pas de problème. Désormais, nous devons attirer et former en interne. Il faut redorer l’image de l’industrie » conclut la dirigeante.