Ghislaine Moreau, présidente du conseil des Prud’hommes d’Auxerre
Dossier spécial égalité.
Apprendre, comprendre et faire bouger les lignes. Depuis un an, l’agent et experte en immobilier préside le conseil des prud’hommes d’Auxerre. Une première à ce poste dans le département pour une femme issue du collège employeurs. À 57 ans, la gérante de Saint-Georges Immobilier et d’Auxerre Centre immobilier en mesure la portée symbolique, elle, qui, par ailleurs tient la présidence de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) de l’Yonne depuis juillet dernier.
« Au début des années 1990, j’étais déjà la seule femme à Auxerre à travailler dans le secteur de l’immobilier en dehors des épouses d’agents », se souvient celle qui assure n’avoir « jamais ressenti d’hostilité » à son égard. En acceptant de s’engager plus intensément dans la juridiction prud’homale - elle y consacre près de 120 heures par an -, Ghislaine Moreau entend donner un nouvel élan à l’institution, en renforçant notamment les liens quelque peu distendus avec la cour d’appel de Paris, plutôt que d’y voir une forme de « consécration ». « J’aime comprendre et analyser les mécanismes de l’appareil judiciaire. J’aime me plonger dans les textes de loi et les dossiers afin de me rendre utile. »
« Aide-toi, le Ciel t’aidera. Comme dans la fable de Jean de la Fontaine, il ne faut pas hésiter à redoubler d’efforts, à s’engager et à s’investir sans rechercher des bénéfices immédiats car une carrière professionnelle se construit, pas à pas, durant de nombreuses années. »
Après 34 ans de carrière professionnelle, l’Icaunaise reconnaît néanmoins des différences de sensibilité avec ses homologues masculins dans la gestion d’une entreprise, par exemple. Tant dans la conduite managériale. « Nous avons certainement une approche plus souple et moins hiérarchique dans les rapports avec nos collaborateurs. Nous mettons volontiers l’accent sur le bien-être en entreprise. »
Que dans la relation commerciale. « Nous allons plutôt rechercher les moyens d’arriver à un résultat voulu que le résultat lui-même. » Quant à la question de la parité femmes-hommes dans certains postes à responsabilité, Ghislaine Moreau semble néanmoins relativiser la situation. « Il ne faut pas se leurrer, dans certaines fonctions comme dans certaines professions les hommes seront toujours surreprésentés mais je suis contre une certaine forme de discrimination positive qui, à mon sens, serait contre-productive. » Démontrer, plutôt que prétendre en quelque sorte.