L’idée de conjuguer sa passion des vignobles à la pratique du vélo remonte à l’époque où, responsable de cave à Beaune, il manipulait précautionneusement les Pommards de chez Louis Latour. Il n’imaginait pas cependant que ce projet se concrétiserait quelques années plus tard dans l’Auxerrois. « Les vins de l’Yonne ne m’intéressaient pas vraiment et je les connaissais peu », confesse Grégory Millet. Aujourd’hui, il s’avère incollable sur les différents cépages du département et s’impose comme l’un de leurs plus séduisants ambassadeurs. Aussi loin que remonte le parcours professionnel du natif de Bourg-en-Bresse, le vin et le terroir ont toujours fait partie de son quotidien. Après un « stage-découverte » en troisième chez un petit vigneron du Beaujolais, il se passionne pour le travail de la vigne et de la cave, et s’oriente naturellement vers un BPA viticulture-œnologie au CFPPA de Mâcon-Davayé.
« J’avais envie de voir plus grand, de travailler sur le bois et le fût »
Le diplôme en poche, le jeune homme qui « voulait tout savoir et tout comprendre sur le processus d’élaboration du vin » multiplie alors les expériences professionnelles à une vitesse folle. À Charnay-lès-Mâcon, puis à Vaqueyras en Vallée du Rhône où il valide un certificat de spécialisation de technicien de cave et enfin à Arbois dans le domaine Jacques-Tissot où sont élaborés les célèbres « vins jaunes » et « vin de paille », il satisfait sa soif de connaissances. « Je suis tombé amoureux de cette région et de ses paysages, aussi bien ceux des coteaux du bas-Jura que ceux du haut-Jura et ses montagnes. » D’autant que le département offre un véritable terrain de jeu à ce passionné de vélo qui restera trois ans en Franche-Comté.
Mais Grégory Millet conserve intact son insatiable appétit pour la découverte de nouveaux horizons. « J’avais envie de voir plus grand, de travailler sur le bois et le fût. » Il débarque alors à Nuits-Saint-Georges, puis à Beaune, « grâce au petit bagage de formations et d’expériences » qu’il a acquis au cours de ces années. En 2015, après six années en Côte-d’Or, il revient à ses premières amours et intègre la coopérative des vignerons des Pierres dorées dans le Beaujolais, tout en conservant en tête ce vague projet de concilier tourisme, sport et œnologie. « Cela m’a fait beaucoup de bien de revenir à la source, avec des gens plus humbles, d’autant qu’il existe dans la région une nouvelle génération de professionnels qui élabore des vins exceptionnels. » C’est en suivant Manon, sa compagne rencontrée quelques années plus tôt, qu’il atterrit au nord de la Bourgogne, fin 2016.
Un parcours de créateur passionné
L’occasion tombe à pic pour Grégory Millet qui ressent un peu de la lassitude après toutes ces années à explorer avec frénésie l’univers viticole et qui réfléchit, à présent, à une reconversion professionnelle dans le tourisme. Celui qui « ne connaissait du département que le chablis, Guy Roux et l’AJ Auxerre » découvre, en posant ses valises à Vincelottes, un territoire au charme insoupçonné et aux vins injustement reconnus. Dès 2017, il réfléchit alors à proposer une offre touristique où le vignoble icaunais tiendra la vedette. Il reprend le chemin des études pour obtenir un diplôme universitaire (DU) « Terroir et dégustation » à l’Institut de la vigne et du vin (IUVV) Jules-Guyot. « J’avais besoin d’enrichir mes connaissances sur l’histoire de la création des vignobles bourguignons depuis le Moyen-Âge jusqu’à nos jours. »
C’est aussi à Dijon qu’il acquiert la conviction que le vélo doit faire partie prenante de son projet de création d’entreprise. Un élément central, certes, mais pour lequel il doit obtenir le Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BEJPS) de moniteur cycliste. Après 300 heures de formation à Voiron, près de Grenoble, et 350 heures de stages chez Active Tours à Beaune et au Vélo Club d’Auxerre, il valide cette ultime formalité en mai 2020 et s’apprête alors à lancer Cycle Divin. C’était sans compter sur la crise sanitaire qui bouleverse quelque peu ses plans…
Après 18 mois d’activités, Grégory Millet a pourtant le sourire : « C’est un projet abouti avec passion. J’ai pu mixer la balade à vélo et ma volonté de faire partager mon expérience. » Et surtout, le succès est au rendez-vous puisque les trois circuits qu’il propose - les vignobles de l’Auxerrois avec la découverte des six appellations (Irancy, Saint-Bris, Chitry, Coulanges-la-Vineuse, Côtes d’Auxerre et Crémant de Bourgogne), de Chablis et de Vézelay - séduisent un large public, constitué à 15 % d’étrangers. Ces adeptes d’un tourisme expérientiel qui enfourchent les vélos à assistance électrique - des bicyclettes Moustache haut de gamme de fabrication vosgienne - mis à disposition par Cycle Divin, sillonnent les vignes avec les précieux enseignements de ce moniteur-œnologue.
Le temps d’un périple de 2h30 où ils parcourent entre 15 et 20 kilomètres, les cyclotouristes d’un jour découvrent les secrets du vin mais aussi les richesses culinaires et patrimoniales de ce qui est désormais la terre d’adoption de Grégory Millet. « Selon leurs envies, ils peuvent bénéficier d’une visite guidée d’un domaine et y acheter des bouteilles ou visiter un musée. L’effet Covid a eu notamment pour conséquence de redonner cette envie d’évasion et le plaisir de se retrouver, en famille ou entre amis. »
L’an prochain, le chef d’entreprise entend ajouter un nouveau circuit à la carte en proposant une immersion dans le vignoble jovinien, avant d’investir peut-être de nouvelles régions viticoles françaises. Mais, aujourd’hui, la priorité de Grégory Millet est d’optimiser sa communication pour toucher une clientèle plus large encore, tout en transmettant sa passion pour le vin et le vélo. Dans quelques mois, Cycle Divin devrait inaugurer sa boutique à Vincelottes afin de proposer à la vente les crus de ses partenaires et d’organiser des dégustations de produits régionaux. « En m’installant dans l’Auxerrois, je me suis rendu compte du potentiel touristique énorme du département de l’Yonne. D’ailleurs, tous les touristes qui s’y arrêtent par hasard disent vouloir y revenir. » Cela tombe bien ! Le chef d’entreprise fourmille d’idées pour leur faire découvrir plus encore le territoire.